Nora Berra
Nora Berra © Tim Douet

Qui est vraiment Nora Berra ?

Lyon Capitale vous propose de mieux découvrir les cinq candidats engagés dans la primaire UMP qui se tiendra le 2 juin pour le premier tour et le 9 juin pour le second. Retrouvez tous les éléments pour vous permettre de juger Nora Berra, l'ancienne ministre et outsider de cette primaire. Son parcours, son programme et surtout comment ses concurrents la perçoivent.

Mandat(s) actuel(s) : députée européenne, conseillère municipale à Lyon.

Anciens mandats : secrétaire d'État à la Santé et aux Aînés, conseillère régionale.

Son parcours

Nora Berra a connu une ascension fulgurante. Et autant de hauts à Paris que de bas à Lyon. Lancée par Dominique Perben lors des municipales de 2008, elle est ensuite élue députée européenne en 2009 à la surprise générale. Trois semaines plus tard, elle est nommée secrétaire d'État en charge des aînés du gouvernement Fillon. L'ascension est aussi rapide qu'inattendue, et Nora Berra saura faire fructifier ce cadeau politique. À Lyon, elle tient tête à Gérard Collomb lors de passes d'armes aussi épisodiques que musclées. De la soirée de rupture du jeûne – où le maire de Lyon avait voulu supprimer la coutume républicaine qui prévoit qu'un ministre prenne la parole en dernier – à l'opposition sémantique "du bon coup" lors de l'inauguration de l'Odéon, Nora Berra a souvent montré qu'elle ne craignait pas Gérard Collomb. En cette fin de campagne, elle met d'ailleurs sa combativité en avant. "Les Lyonnais me reconnaissent comme la première opposante au maire de Lyon", s'autocongratule-t-elle. Une manière pour elle de présenter ses camarades comme trop modérés.

De ses années parisiennes, l'ancienne Lyonnaise du Gouvernement a aussi su se garder des amitiés, des soutiens et des réseaux qui donnent de l'assise à son engagement politique. Ce jeudi soir, elle accueille Brice Hortefeux lors de son dernier meeting de campagne. Mardi, elle a rencontré Nicolas Sarkozy et arraché une photo avec lui qu'elle veut plus révélatrice que de longs discours de l'ancien président de la République, toujours populaire chez les militants. Sa carrière parisienne lui a valu, à Lyon, les épisodes les plus douloureux de sa vie politique. Jalousée pour une ascension trop fulgurante, elle s'est mis à dos la quasi-totalité des élus UMP du département. En vue des élections législatives de 2012, elle s'implante d'abord sur la 3e circonscription (composée des 3e, 7e et 8e arrondissements de Lyon). Quand Dominique Perben annonce qu'il ne se représentera pas dans la 4e circonscription (6e et 3e arrondissements de Lyon), Nora Berra tente de préempter ce bastion de droite. L'ensemble des parlementaires UMP va faire front pour lui barrer la route. Elle présente aujourd'hui ce front commun des députés et sénateurs UMP contre elle comme le point de départ de sa candidature à la primaire. Elle qui, jusqu'alors, avait toujours annoncé soutenir Michel Havard et ne nourrir aucune ambition pour le fauteuil de Gérard Collomb en 2014 s'est sentie libérée de sa loyauté envers Michel Havard.

Ce qu'elle propose

Nora Berra s'est lancée timidement dans la campagne des primaires. "Elle ne devrait pas y aller. Elle n'a pas engagé le travail nécessaire pour construire un programme", estimait, fin mars, l'entourage de l'un de ses rivaux. Jusqu'à ces derniers jours, les propositions de Nora Berra dégageaient une impression de flou. En l'espace de deux débats télévisés, elle s'est montrée plus précise, allant même jusqu'à accompagner ses propositions de chiffres détaillés. Aujourd'hui que son projet pour Lyon s'affine, ses rivaux l'accusent de copier-coller celui de ses adversaires. Sur les questions de sécurité, elle a notamment présenté une vision assez similaire à celle de Georges Fenech : armement de la police municipale et mise en place de loges de gardien d'immeuble dans tous les nouveaux programmes d'immobilier social pour établir "un bon équilibre entre sécurité et services". Elle partage avec Michel Havard l'envie de faire de Gerland "un grand campus du sport" et de renforcer la dimension universitaire d'un quartier bientôt déserté par l'OL. Sur les thématiques de transports en commun, Nora Berra s'est, en revanche, différenciée de ses concurrents en prônant une responsabilité budgétaire qu'oublient souvent les candidats à une élection. Pour elle, le métro à la Confluence ou entre Saint-Paul et Montchat est impossible à financer. Elle promet éventuellement de remplacer la ligne C3 par un tramway. Interventionniste sur le logement, elle veut procéder à plus de préemptions et d'acquisitions à l'amiable de foncier pour proposer des terrains via des baux emphytéotiques.

Sa campagne

Comme pour son programme, Nora Berra a démarré l'aventure primaire timidement. Ses deux premières réunions publiques n'ont pas rencontré leur public – une trentaine de personnes à chaque fois. Depuis, elle évite soigneusement d'organiser de grands meetings, sauf ce jeudi soir où elle compte sur la présence de Brice Hortefeux pour gonfler l'affluence. Elle a donc fait une campagne de terrain et surtout de médias. Dès le départ, elle a pu compter sur les réseaux de Michel Noir, parrainée notamment par Jean-Michel Dubernard.

Ce que les autres pensent de son programme

Griffonné à la va-vite, disent-ils. "Elle l'a improvisé l'avant-veille du premier débat télévisé", croit savoir un militant. Mais, lorsque l'on rentre dans le fond des propositions, les critiques sont mesurées. "Prolonger le métro jusqu'aux hôpitaux sud et à la Doua, ce n'est pas idiot", reconnaît un proche de Michel Havard. Quant à l'idée de passer la ligne C3 en tramway, elle est jugée "compliquée" compte tenu de l'étroitesse du cours Lafayette en certains endroits, ce qui supposerait des démolitions. "On peut faire cohabiter voitures et tram sur certaines portions, comme dans d'autres villes européennes", répond un conseiller de Nora Berra.

Ce que les autres pensent d'elle

Plusieurs affirment avoir failli composer un ticket avec elle, aucun ne l'attaque méchamment. Elle pourrait être celle qui fait basculer le second tour, si elle ne se qualifie pas dimanche soir. "Elle n'est pas crédible à cette élection : elle a toujours dit qu'elle n'était pas motivée par les municipales", objecte tout de même un concurrent. "Elle s'est prise au jeu", avance un autre. Son entrée en campagne est jugée culottée. "C'est la première fois qu'elle se confronte au suffrage nominal", réalise un militant UMP. "On lui a tout apporté sur un plateau d'argent", grince un autre. Un collaborateur de Michel Havard comprend son envie de se lancer : "Si demain elle n'est plus députée européenne, elle n'est plus rien." Le sondage interne à l'UMP montrerait un effet Berra dans le 3e arrondissement lyonnais. "Elle peut être tentée de se constituer un fief. Dans cette perspective, ce n'est pas tant son résultat global que celui dans le 3e qui sera regardé", décrypte-t-il. La venue de Brice Hortefeux fait jaser, un joli coup d'éclat à moins de 72 heures du scrutin. Mais c'est un faux pas pour les autres équipes, peut-être jalouses. "C'est la pire des conneries, ça va la couper de son électorat centriste", analyse-t-on chez Hamelin et Fenech.

Sa chance

Le sondage commandé par l'UMP pour éviter d'organiser une primaire a mis en évidence le fait que Nora Berra jouissait d'une solide notoriété, glanée pendant ses années au Gouvernement. Dans les dernières heures de la campagne, elle tente de s'approprier l'héritage de Nicolas Sarkozy. Une manière aussi de montrer qu'elle dispose d'une expérience, notamment ministérielle, qui la place au-dessus de ses rivaux. C'est sur une image de femme pugnace, responsable, expérimentée que Nora Berra compte pour être investie par les électeurs de la primaire UMP.

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