Laurent Wauquiez en marche vers la présidence des Républicains

Ce dimanche, Laurent Wauquiez a fait une rentrée politique en forme de démonstration de force. Il a réuni 1 500 personnes et des personnalités politiques issues de toutes les tendances de la droite. Plus que vers la présidence du parti, qui lui semble assurée, c’est à l’unité d’une famille divisée et partagée sur sa personnalité qu’il travaille.

Le nombre de journalistes qui couvrent la traditionnelle ascension de rentrée du mont Mézenc par Laurent Wauquiez est le baromètre de ses ambitions pour l'année à venir. En 2015, à quelques semaines des régionales, ils étaient une vingtaine. Cette année, Laurent Wauquiez a déambulé au pied du sommet ardéchois entouré de 75 reporters. La fête de rentrée de la fédération Les Républicains de Haute-Loire a basculé, pour cette 6e édition, dans la dimension des événements nationaux. C'est au pied de cette montagne que Laurent Wauquiez a voulu donner le coup d'envoi de la campagne qui doit le mener le 17 décembre à la présidence du parti Les Républicains, une fonction qu'il a occupée pendant six mois en 2016 comme intérimaire de Nicolas Sarkozy. Mais, dans quelques mois, il veut être le patron incontesté de la droite. Une mission qui s'annonce assez aisée. Le président sera choisi par les militants, lesquels l'adorent. Pour preuve, ils étaient 1 500 à s'être déplacés au pied du Mézenc, aux confins de l'Ardèche et de la Haute-Loire.

Une caution juppéiste

Sur sa route vers la présidence du parti Les Républicains, Laurent Wauquiez ne croisera que des lieutenants : Daniel Fasquelle, Valérie Sportelli, Maël de Calan ou Julien Aubert. La campagne se focalise plutôt autour des cadres qui n'ont pas voulu défier Laurent Wauquiez. De l'extérieur, Valérie Pécresse et Xavier Bertrand décochent des flèches avec une cible : le positionnement très droitier de Laurent Wauquiez. “L'objectif, ce n'est pas vraiment de prendre la présidence du parti, mais de ne pas se retrouver président de rien. Laurent Wauquiez doit donc impérativement rassembler”, avance un parlementaire du Rhône. Rassemblement, c'était le maître mot au mont Mézenc. Et le président du conseil régional aurhalpin l'avait savamment organisé. Il a gravi le sommet flanqué de Virginie Calmels et Éric Ciotti. L'une est première adjointe d'Alain Juppé à Bordeaux et constitue une prise de guerre conséquente. L'autre est le Monsieur sécurité du parti Les Républicains et un ancien soutien de François Fillon. Pour compléter cette synthèse, Laurent Wauquiez n'a pas non plus manqué de souligner la présence du sarkozyste historique Brice Hortefeux, de Bernard Accoyer, qui préside actuellement le parti, ou du plus centriste Damien Abad.

Droite sociale

C'est vers Virginie Calmels que tous les regards se portaient. Son soutien apporte au président du conseil régional une caution juppéiste, le courant présenté comme le plus éloigné de la droite de Laurent Wauquiez. Lequel a présenté leur alliance comme un ticket pour la présidence du parti. À la tribune, Virginie Calmels a martelé leurs différences, mais surtout leurs positions communes : "Il veut rassembler notre famille et j'en ai marre des divisions. Nous voulons une droite forte sur le régalien et ce n'est pas tutoyer le FN. Laurent Wauquiez ne fera jamais d'alliance avec eux, mais il ne s'interdit pas de parler de sujets comme l'immigration ou le terrorisme. C'est du pragmatisme." La première adjointe d'Alain Juppé à Bordeaux a aussi rappelé leurs sensibilités respectives. Elle est plus libérale que lui. Ce qui permet à Laurent Wauquiez de se présenter comme plus social : "La droite de retour doit être populaire. Nous avons abandonné le social à la gauche." Il se pose ainsi en défenseur des classes moyennes en voie de déclassement, en s'indignant que "celui qui travaille gagne moins que celui qui cumule les prestations sociales". Il en a profité pour rappeler sa mesure phare : demander des heures de travail d'intérêt général aux allocataires du RSA. Rompant avec les débats des primaires de la droite, le favori pour la présidence du parti Les Républicains a abandonné le terrain de l'économie au profit de celui des valeurs. Il n'est plus question ici du nombre d'heures de travail ou de l'âge du départ à la retraite.

Pas d’“en même temps”

Pour définir sa droite, Laurent Wauquiez regarde toutefois plus dans le rétroviseur : "Certains pensent que la droite doit jeter un voile pudique sur ses valeurs. Je crois l'inverse. Notre problème n'est pas d'en dire trop, mais de ne pas en faire assez." Avant d'en rajouter quelques instants plus tard : "Trop longtemps la droite s'est tue. Plaire à tout le monde est la maladie de la politique moderne. Vous pouvez être d'accord ou non avec moi, je ne changerai pas d'avis." Une manière pour lui de tordre le cou à la mode du “en même temps”.

2022 au cœur des querelles internes

Sa droite à lui se construira sur les valeurs, sur l'identité française qu'il juge menacée : "Nous ne devons plus céder un seul pouce face à l’islam radical." Il dépeint aussi l'immigration qui a marché quand les arrivants voulaient "être plus français que les Français". L'assistance l'encourage alors vivement. "Pour moi, la droite, ça ne se juge pas sur le libéralisme, mais sur les valeurs", souligne une militante venue du Beaujolais. Elle enrage contre Valérie Pécresse et Xavier Bertrand qui lui font des procès en droitisation par presse interposée : "Ils n'ont pas son talent. Ils n'ont que ça à lui opposer." Laurent Wauquiez a d'ailleurs tenu à adresser un message à ses collègues présidents de conseils régionaux. Pour lui, personne n'aura de destin présidentiel en 2022 si les LR les plus centristes font scission. Il l'a rappelé aux militants : "Nous avons une forte responsabilité. Je ne me résigne pas à ce que la seule opposition en France soit Mélenchon. Je vois bien le projet de Macron d’anéantir tout ce qu’il y a entre lui et les extrêmes." L'effet est assuré sous le grand chapiteau d'une droite qui se veut rassemblée, mais reste toujours sous la menace d'une implosion. Laurent Wauquiez a trois mois de campagne pour s'éviter d'être président d'une coquille vide au nom démonétisé : Les Républicains.

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