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Kimelfeld à la tête du PS : peut-il s'émanciper de Collomb ?

David Kimelfeld, secrétaire de la fédération PS du Rhône © Tim Douet

© Tim Douet

Le maire du 4e sera le nouveau patron de la fédération socialiste du Rhône ce jeudi soir. Il a été propulsé par Gérard Collomb qui entend contrôler plus que jamais le PS départemental. L'impétrant a toujours suivi la roue du maire de Lyon, souvent récompensé pour sa fidélité. Certains socialistes attendent de lui plus d'autonomie.

Après le retrait de Jacques Gruat La Forme, David Kimelfeld sera le candidat unique au premier secrétariat fédéral lors de l'élection de ce jeudi soir. Ce sera donc le successeur de Jacky Darne à la tête du PS du Rhône. Arrive un homme plus jeune (52 ans), affable, qualifié de bosseur. Le nouveau premier socialiste du Rhône n'est pas seulement du sérail politique : il est chef d'entreprise - Il a co-fondé une société de transport maritime il y a 22 ans. "C'est un bon manageur, solide, doté de qualités humaines", décrit Cécile Michaux, aubryiste.

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"Il a de l'humour", raconte Romain Blachier, adjoint au maire du 7e arrondissement (photo ci-contre). A l'heure du café, David Kimelfeld se plait à imiter Gérard Collomb, singeant sa gestuelle. Et d'humour, il en aura peut-être besoin : il sait sa nouvelle tâche difficile, en soutien du gouvernement alors qu'il voit poindre chez les militants "des inquiétudes". Le maire du 4e arrondissement définit ses priorités : préparer les municipales et "chercher de nouveaux talents". Parmi ses terres de mission, l'Ouest lyonnais et la Mulatière. Mais Lyon ne figure pas parmi ses cibles : "c'est l'affaire des maires sortants".

Membre de l'exécutif de Collomb

On pointe là les limites de la fédération, sous la tutelle de l'Hôtel de Ville de Lyon depuis plusieurs années. Sylvie Guillaume et Christiane Demontes, frondeuses, avaient parfois su résister aux manœuvres du cabinet du maire. "Jacky Darne avait une assise politique dont il a rarement fait preuve. Excepté quelques occasions comme lors des dernières régionales où il appuyait Yann Crombecque dont ni Collomb ni Queyranne ne voulaient", souffle Jules Joassard, venu de l'aile gauche.

David Kimelfeld lui, devrait marcher dans les pas de Darne. L'heure est à la toute puissance du maire de Lyon. Facteur aggravant : il est membre de son exécutif et lui doit son ascension politique. Vice-président au Grand Lyon en charge du développement économique, il a été propulsé à la tête de la mairie du 4e arrondissement en juillet 2011. Le maire de Lyon, qui ne veut surtout pas perdre la Croix-Rousse en 2014, avait tiré les leçons de la défaite de l'édile de l'époque, Dominique Bolliet, aux cantonales face à l'écologiste Raymonde Poncet.

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"La grande puissance de feu" de Collomb

Les détracteurs du nouvel impétrant soulignent que ses changements d'écuries épousent parfaitement le cap fixé par Gérard Collomb. Passée sa phase "gauchiste" - il avait suivi le Nouveau Parti Socialiste fondé par Vincent Peillon et Arnaud Montebourg -, il a successivement suivi Dominique Strauss-Kahn, Ségolène Royal puis François Hollande. Les conditions de son accession à la tête du PS du Rhône ne rassurent pas les partisans d'une ligne autonome.

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D'autres candidats prétendaient en effet au poste de premier secrétaire fédéral. "Je me sentais largement favori il y a quelques semaines", confie Jules Joassard (photo ci-contre) qui avait défié Jacky Darne lors de la précédente élection de 2008. Mais, dit-il, sa candidature a été barrée par le cabinet du maire de Lyon. "Il a l'intention de prendre encore plus étroitement la main sur la fédération. Il a un savoir faire et une grande puissance de feu", observe-t-il. Ce militant, membre depuis 15 ans du bureau fédéral, n'a pas l'heur de plaire à Gérard Collomb car il est issu de la gauche du parti.

"Refaire de la fédération le lieu de la décision"

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"Cette élection sera pour Kimelfeld un bon test", juge Jules Joassard. "S'il veut réussir son mandat, il sait qu'il ne doit pas donner trop d'espace à l'équipe de Gérard Collomb, mais respecter l'ensemble de la fédération", abonde Cécile Michaux "Je vais envoyer des signes d'autonomie", promet l'intéressé qui assure ainsi qu'aucun membre du cabinet ne figurera dans son armée de secrétaires fédéraux. Mais ne serait-ce pas sous les lambris de l'Hôtel de Ville que l'état major de la fédération socialiste sera constitué ? "D'autres composantes auront leur mot à dire, parie Cécile Michaux (photo ci-contre), à commencer par les anciennes motions aujourd'hui regroupées sous la motion 1, c'est-à-dire ceux qui soutenaient Aubry, Delanoë ou Hamon". Elle-même, dotée d'un certain franc-parler à l'égard de Gérard Collomb, en fera partie.

La gauche du PS espère de ce changement de chef une approche plus ouverte. En froid avec Darne et Collomb, Lotfi Ben Khelifa attend de David Kimelfeld qu'il opère "un rassemblement général, sans laisser personne sur le quai". Le Vénissian est optimiste : "c'est une autre génération, il aura à cœur de travailler avec les militants et de s'ouvrir aux extérieurs de Lyon". "Il faut refaire de la fédération le lieu de la décision", résume Jules Joassard.

Le futur maire de Lyon ?

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    Gérard Collomb a ses chouchous, qu'il présente mi-sérieux mi-plaisantin comme ses dauphins. Hubert Julien-Laferrière et Nathalie Perrin-Gilbert en ont été, avant la tombée en disgrâce. Il lui arrive de tester des noms. Son préféré actuel est David Kimelfield, même s'il lui reproche de manquer d'envergure. "C'est un gars très sympathique, mais il n'a pas l'épaisseur pour succéder à Gérard Collomb", tranche un socialiste. "Quand je me regarde, je m'inquiète, quand je me compare, je me rassure" : le maire du 4e pourrait méditer cet adage et ne percevoir pour l'heure aucun rival. En tous cas, il s'y prépare secrètement. Il se cherche un réseau. "Il fait des diners", nous glisse un socialiste. Il a le temps : Collomb candidat en 2014, le fauteuil ne sera vacant qu'en 2020. Au mieux…

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