Accord Collomb/LR : “On n'est plus dans la tragédie, mais dans le pathétique”

Gérard Claisse vient de démissionner ce vendredi de sa fonction d'adjoint à la ville de Lyon après l'accord entre Gérard Collomb et la droite locale. Élu dans la majorité du maire depuis 2001, il dresse un bilan positif de ces années, mais juge durement le choix de l'ancien ministre de s'allier aux Républicains.

Lyon Capitale : Vous êtes un proche de Gérard Collomb, élu dans sa majorité depuis 2001, c’est vous qui avez été envoyé en première ligne lors de l’affaire Nouri par le maire de Lyon (lire ici), comment jugez-vous l'accord entre ce dernier et la droite Les Républicains ?

Gérard Claisse : L'orientation prise par le maire ne correspond absolument pas à l'engagement qui a été le nôtre en 2001. On est parti sur une union de la gauche plurielle expérimentée à Lyon dès 1995. Cette union a subit quelques évolutions depuis avec l'entrée d’un certain nombre de personnes d'opinion politique différentes, mais de façon marginale. Aujourd’hui, on en tire les conséquences à 4 semaines de la fin du mandat. C'est surtout symbolique.

Cette annonce vous a étonnée ?

Ça faisait partie des hypothèses possibles. Mais on espérait que ça n'aille pas jusque là. Aujourd’hui, le maire se met hors-jeu à titre personnel et donne les clés de la métropole aux Républicains. Ce n’était pas du tout une option que l’on envisageait.

Gérard Collomb a-t-il changé depuis trois mandats ou cet accord est finalement un aboutissement logique pour lui ?

Ses responsabilités au sein d'En Marche l'ont fait en partie changer personnellement. Mais c'est un élu qui porte une vision, et cette vision n'a pas beaucoup bougé en trois mandats. C’est justement son problème. Cette incapacité à se réactualiser sur les questions d’inégalités territoriales, de transition écologique, ou de démocratie participative par exemple. Bien sûr, nous avons fait des choses durant ces trois mandats (Berges du Rhône, Velo’v, chauffage urbain, agenda 21, etc..). Mais Gérard Collomb n'a pas été capable d’intégrer dans son projet politique de nouvelles réponses aux questions de notre époque. Il ne parle toujours que d’innovation technologique pour contrer le changement climatique et de création de richesse pour parler de social. Aujourd’hui, on ne peut plus répondre au défi climatique en disant simplement : “Berges du Rhône”. Les enjeux sont tels que l'on doit changer de braquet. Et ça, il ne le partage pas.

Vous avez travaillé avec Gérard Collomb et David Kimelfeld lors de ce mandat. Comment votre majorité de 2014 a-t-elle pu exploser à ce point ?

Ça a été un plaisir de travailler avec Gérard Collomb et je ne renierai jamais ce que l'on a fait ensemble. Maintenant, il prend un chemin qui est autre que celui-là. Quand Gérard Collomb est rentré de Paris, je lui ai signifié que ce retour ne se faisait pas dans le bon tempo. La division de notre majorité s'est enclenchée à ce moment-là. Tout de suite, on s’est dit que la machine à perdre était en route. Certains, dont moi, ont essayé de faire de la médiation, de retisser les fils.

Mais cette histoire est de l’ordre de la tragédie, au sens grec. On est loin de comprendre si l'on dit que c'est simplement une guerre d’ego. C'est une tragédie entre un grand maire, son ami de longue date et son fils spirituel. Tout ça a été accentué par des cercles proches, avec beaucoup de personnages plus ou moins toxiques, qui ont alimenté la guerre entre ces trois êtres. Ce n'est pas de la trahison politique, mais de la trahison de l'intime. Ça fait souffrir, ça met en tension, jusqu'au point de non-retour

Cet accord entre Collomb et LR c’est la scène finale de cette pièce ?

Là on n'est plus dans la tragédie, mais dans le pathétique. Qu'est-ce que cette alliance si ce n'est un dernier coup de poker pour sauver un “modèle lyonnais” contre de soi-disant “Khmers verts” ?

Aujourd’hui, vous quittez cette majorité et la vie politique, qui soutenez-vous pour ce 2e tour ?

J’aspire à un rassemblement du type EELV/Gauche unie adossé au projet présenté par David Kimelfeld. Tout ce camp-là a des valeurs un peu similaires. Ce serait en quelque sorte le retour du modèle de 2001 et de la gauche plurielle. C'est un peu cette histoire-là qui pourrait se remettre en marche.

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