Gérard Collomb
© Tim Douet

Emploi de l'ex-compagne de Collomb : un trou noir administratif à Lyon

Depuis 2010, l’ex-compagne de Gérard Collomb n’apparaît visiblement dans aucun document pouvant prouver l’effectivité de son travail selon le rapport de la chambre régionale des comptes sur la gestion de la ville de Lyon. De son côté, la municipalité concède seulement “des dysfonctionnements dont la source n’a pu être trouvée”, mais assure que le travail était réalisé.

Comme nous l'écrivions ce mercredi matin, le rapport de la chambre régionale des comptes (CRC) sur l’emploi de l’ex-compagne de Gérard Collomb comme agent municipal accable la gestion de la collectivité sur ce dossier (lire ici). Selon les magistrats, il serait impossible de prouver l'effectivité du travail de cette employée municipale. “Aucun élément matériel n’atteste du service fait par cet agent sur la période courant de l’année 2010 au mois d’avril 2018”, écrit la CRC.

Dans son rapport que nous nous sommes procuré, cette dernière n'a pas trouvé de trace “hiérarchique”, aucune “affectation”, “évaluation” ou “présence sur les organigrammes”, ainsi qu'une “absence d'identification du supérieur hiérarchique direct et d'actes relatifs à la gestion du temps de travail de l'agent (octroi des congés, ARTT, état d'heures supplémentaires)” entre 2010 et 2015. Puis de juillet 2015 à avril 2018, “l'agent n'a été affecté sur aucun emploi de la ville correspondant”, note le rapport. 

Un dysfonctionnement administratif”, selon Collomb

Un véritable trou noir administratif unique en son genre à la ville de Lyon dont personne n'arrive à trouver la cause. Les magistrats ont notamment noté que dans le logiciel des ressources humaines de la collectivité, l’ex-compagne de Gérard Collomb était la seule “à bénéficier d’un forfait mensuel de 25 heures supplémentaires”. Une somme attribuée, a priori, et ce jusqu’au 31 décembre… 2999, écrit la CRC. En 2018, cette attribution d’heures supplémentaires est modifiée, “avec un terme fixé cette fois au 31 décembre 2099”. 

Questionné sur le sujet, Gérard Collomb a confirmé “qu'il y a eu un dysfonctionnement administratif”, mais “que la source n'a pas été trouvée”. “Je ne suis pas au courant des détails de l’enquête administrative”, a-t-il précisé. Puis de conclure : “Ça fait 20 ans que nous sommes séparés. Mon ex-compagne a vécu sa vie et moi la mienne. Et nos rapports n'étaient pas des plus cordiaux”.

De son côté, Gérard Claisse, adjoint du maire de Lyon, a confirmé “qu'aucun élément matériel” n'a pu être fourni, mais que des témoignages attestant “du travail effectif” de l'ancienne compagne de Gérard Collomb ont été exprimés lors de l’enquête administrative ouverte en début d'année.

“Pas de volonté du maire de Lyon de protéger voire de favoriser cet agent”

Cette enquête menée par Daniel Chabanol, conseiller d'État honoraire, a pointé du doigt “une inertie administrative regrettable sur la période 2015-2017 qui a laissé libre cours à l'intéressée pour mener elle-même des missions d'intérêt général”. Ce document note, selon Gérard Claisse, que les investigations “ne permettent pas pour autant d'estimer que la situation ainsi provoquée présente des caractéristiques d'un emploi fictif”. “En tout état de cause, une telle situation ne saurait être imputée à la volonté du maire de Lyon de protéger voire de favoriser cet agent”, conclurait l’enquête interne qui devrait être rendue publique à l'issue du conseil municipal, le 18 novembre prochain.

De son côté, la CRC précise qu’“afin de caractériser l'existence d'une activité de cet agent sur la période 2010-2015 cette enquête administrative fait état de quatre personnes attestant de la présence de l'intéressé au siège de la mission Serin”, à laquelle elle était affectée. Si les noms ne sont pas dévoilés, il s'agit selon les magistrats de la responsable grands projets à la Métropole de Lyon, d'une présidente d'association, d'un adjoint au maire et un d'un agent de surveillance de la voie publique. On ne sait cependant pas dans quelle mesure ils peuvent attester de l'effectivité et de la régularité du travail effectué ainsi que de l'effectivité des 25 heures supplémentaires mensuelles réalisées par l'ex-compagne du maire de façon forfaitaire. Sur ce point des heures sup, ni le maire ni son adjoint n’ont été en mesure de répondre. “Daniel Chabanol ne s'est pas posé la question de la réalité des heures supplémentaires”, a simplement déclaré Gérard Claisse.

Les explications de l’enquête administrative n'ont visiblement pas modifié le constat fait par les magistrats. En mai dernier, au titre de l’article 40 du Code de procédure pénale, qui impose à tout officier public de signaler au procureur de la République la connaissance d’un crime ou d’un délit, ils avaient avisé le Parquet national financier qui s’était saisi du dossier et avait ouvert une enquête préliminaire sur un possible “détournement de fonds publics” au profit de l'ex-compagne du maire de Lyon.

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