Dans le cadre de Piano à Lyon, l’Opéra invite le pianiste français David Fray.
Compliquée que l’histoire du piano moderne avec J.-S. Bach (et la musique baroque en général)… Boudé – autrefois surtout – par les pianistes lui préférant le romantisme, le répertoire baroque pour clavier, composé initialement pour le clavecin ou le clavicorde, fut longtemps jugé “mineur” pianistiquement parlant. À l’opposé, chez les spécialistes de la musique ancienne, interpréter la musique baroque au piano constitua longtemps (et toujours pour certains) une hérésie du fait de l’aspect anachronique de l’exercice.
Il y eut bien sûr l’épisode Glenn Gould qui – à défaut de mettre tout le monde d’accord, tant s’en faut ! – s’érigea comme un événement sans précédent dans l’histoire des controverses sur ce thème. Avec un tel génie et une telle radicalité, le Canadien s’imposait par ce style unique et iconoclaste, prouvant au monde entier qu’un autre Bach était possible…
Possible également d’éclairer Rameau, Scarlatti ou Couperin à la lueur de cultures et de pratiques postérieures.
À l’instar d’un Alexandre Tharaud, le pianiste français David Fray s’inscrit dans cette dynamique en n’hésitant pas à aborder ce répertoire – et bien au-delà de Bach puisque ce récital à l’opéra proposé en collaboration avec Piano à Lyon inclut jusqu’à des pièces du compositeur savoisien méconnu du XVIIIe siècle Pancrace Royer, le tout aux côtés de Rameau, Scarlatti, Couperin ou Haendel.
Si les interprétations élégantes et sans pareil de Fray se distinguent aisément des lectures fiévreuses et sur-inspirées de Gould, on dénote tout de même une filiation entre les deux pianistes dans le choix des répertoires.
On peut voir ainsi que Fray, en guise d’ouverture vers d’autres sphères, a choisi d’associer à ce programme majoritairement baroque des pièces et transcriptions d’œuvres de Richard Wagner, compositeur qui eut en son temps les faveurs de Gould, lequel réalisa lui-même plusieurs transcriptions d’extraits d’opéras, dirigeant même (dans de rares apparitions en tant que chef d’orchestre) le Siegfried-Idyll de l’Allemand.
David Fray – Jeudi 16 octobre à 20 h à l’opéra de Lyon – www.opera-lyon.com
