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Violences urbaines : les élus réagissent

@ Houcine Haddouche

Après les affrontements de mardi entre jeunes lycéens des lycées professionnels de l'agglomération et CRS, les élus du Grand Lyon réagissent. Le maire de Lyon tenait un point presse ce mercredi matin en mairie à 10h45.

Philippe Meunier (député UMP de l’Est lyonnais) :Les socialistes ont joué aux pyromanes et aujourd’hui, on en mesure les conséquences. Les socialistes par le biais des déclarations irresponsables de Ségolène Royal ont attisé les mineurs. Aujourd’hui, le PS ne peut pas être qualifié de parti de gouvernement. On connaît pourtant les risques quand on appelle des mineurs à manifester. Derrière, il est impossible de s’offusquer de la casse. Je souhaite que le casseur écope des condamnations les plus fortes”.

Philippe Meirieu (vice-président Europe Écologie de la région Rhône-Alpes) : Le gouvernement doit cesser sa politique actuelle au vu de l’ampleur de la mobilisation et de la popularité du mouvement auprès des Français. Il ne peut jouer à laisser la violence de quelques jeunes discréditer ce mouvement. La manœuvre est trop grosse. Cette espèce de guérilla urbaine dans laquelle police et jeunes sont impliqués doit s’arrêter. Peut-être que le gouvernement voit ces débordements comme une aubaine ? Les casseurs ? Ce sont des jeunes en errance qui n’ont plus d’identité, ni d’espérances. On est devant des jeunes qui sont des desperados, il faut leur proposer quelque chose. C’est une interpellation majeure : dans quel état avons-nous placé nos jeunes ? Nous ne nous occupons d’eux que quand ils cassent”.

Philippe Cochet (député-maire UMP de Caluire-et-Cuire) :Ce qui se passe est scandaleux. Un certain nombre d’élus versent des larmes de crocodile : ceux qui ont appelé à manifester tout en sachant qu’il pouvait y avoir des risques de débordement avec la présence de casseurs. Les élus qui ont mis les mineurs dehors doivent assumer les conséquences économiques des débordements. Je demande à Ségolène Royal de régler sur ses deniers les dégâts. C’est elle qui a mis le feu. En France, on a le droit de manifester mais on n’a pas le droit de casser. Je tiens à féliciter les forces de police du Rhône et je rends hommage à leur professionnalisme”.

Marie-France Vieux-Marcaud (élu PCF à Vaulx-en-Velin) :La manifestation de ce mardi est à mon avis aussi importante que les fois précédentes. C’était une belle manifestation avec des gens nouveaux dans le cortège. Pour ce qui est des débordements, je trouve que le gouvernement et le président perdent leur sang froid. Mardi matin à 9h30, nous avons vu passer un groupe de trente jeunes cagoulés. Ils partaient en direction de Bellecour et ont renversé une voiture. Les forces de l’ordre n’ont pas réagi. Il était pourtant facile de deviner qu’ils venaient sur cette manifestation pour tout casser. Je pense que cela procède d’une manipulation”.

Denis Broliquier (maire divers droite du 2è) :Je suis scandalisé par le déferlement de violence que j’ai vu et par la casse à laquelle se sont livrées quelques centaines de personnes. Je suis aussi scandalisé par l’attitude des forces de l’ordre qui n’ont pas réagi en arrêtant les casseurs. Ils ont des consignes pour contrôler la situation mais pas pour les arrêter. On savait où ils allaient et les forces de l’ordre ont sécurisé l’ensemble de la ville mais pas les points sensibles, des cibles visées par les casseurs. Des responsables des forces de l’ordre m’ont dit : “on a des consignes pour ne rien faire”. Je pense qu’ils font cela pour éviter qu’il y ait un drame qui focalise la tension et qui fasse repartir le mouvement des retraites qui décline. Les forces de l’ordre ont les moyens d’être plus actifs. Dans le 2è arrondissement, plus de 40 magasins ont été cassés. Les commerçants sont traumatisés. Ils ont vu des hordes de casseurs débarqués et il y a eu deux arrestations. Le fait de vouloir calmer le jeu n’est pas une bonne chose”.

Michel Havard (député UMP du Rhône) :J’avance mon retour à Lyon pour me rendre sur place. Les scènes qui me sont décrites sont hallucinantes. Il faut réagir avec une sévérité extrême. Contrairement au PS, je pense que si les comparutions immédiates sont un bon moyen pour juger, il ne faut surtout pas hésiter. Il faut dire stop à l’angélisme vis-à-vis de ces voyous. Les négociations durent depuis avril. Nous avons écouté les manifestants sur la pénibilité, la retraite des femmes. Ma responsabilité d’élu est de défendre cette réforme sinon notre système court à la faillite. 26 des 27 pays de l’Union Européenne ont repoussé l’âge du départ à 65 ans".

Pierre Hémon (président du groupe Les Verts/Europe Écologie à la Ville de Lyon) : Ce que je vois depuis mardi c’est qu’entre 30 et 150 lascars courent et cassent tout sur leur passage. Pour certains jeunes de lycées, c’est la récréation. Ils ne tuent pas le mouvement pour autant. On le voit bien dans d’autres villes comme à Paris ou à Marseille ou il n’y a pas beaucoup de heurts. Ce que l’on a vu à Lyon n’a pas empêché la manifestation de se dérouler normalement et de réunir beaucoup de monde. Les CRS et la police font extrêmement attention. Ce n’est pas la révolution, ce sont des volées de moineau. Le gouvernement ne veut pas lâcher, Nicolas Sarkozy est un Thatcher en pantalon. La droite a décidé de casser le mouvement. Je ne sais pas s’ils lâcheront. S’ils ne lâchent pas, le mouvement risque de se radicaliser”.

Jacky Darne (premier secrétaire de la fédération socialiste du Rhône) : Le mouvement social est très important et fort mais le gouvernement fait preuve d’une telle surdité que la situation atteint des niveaux de tension forte. De plus en plus, nous constatons que la revendication pour les retraites est dépassée par une critique qui porte sur le mode de gouvernement actuel. Nous condamnons sans nuance tous les casseurs, tous ceux qui s’en prennent à des biens ou à des personnes. Ils portent un tort à l’ensemble du mouvement. Ils remplacent de justes revendications par un climat de peur et de désordre. Pour ce qui est des étudiants et des lycéens, je considère qu’ils expriment une revendication de société qui va au-delà des retraites : sur la place de la jeunesse dans la société”.

Dominique Perben (député UMP du Rhône) :Ma première réaction est d’être scandalisé par ce type de comportements qui n'a rien à voir avec des revendications sociales. Ces agissements doivent être traités de façon ferme par la répression et la traduction en justice. Il faut éviter tout amalgame entre ces comportements et l’expression légitime qui peut venir par ailleurs des organisations syndicales”.

Jean-Louis Touraine (député PS, adjoint à la sécurité du maire de Lyon) : "Il faut comprendre la situation. Il y a des jeunes qui ont des difficultés à l'emploi, il y a des injustices qui sont mal vécues. Il faut savoir par exemple que des étudiants étrangers ne sont plus soignés si leur traitement existe dans leur pays d'origine. Dans les slogans, il était plus question de la dénonciation du président actuel et du gouvernement que de l'âge de la retraite. Ces jeunes se sentent méprisés lorsque des membres du gouvernement considèrent qu'ils sont instrumentalisés. Il y a aussi des casseurs, venus de la banlieue et de quartiers de Lyon. Ce sont des mineurs, souvent connus des services de police. Ils discréditent la noblesse des revendications des jeunes. Après 1968, ce sont les plus conservateurs qui ont tiré profit de la situation. Les adultes ont voté pour la droite la plus dure. Il faut tout faire pour qu'il n'y ait pas d'atteintes aux biens et aux personnes. Et aussi envoyer un message aux jeunes pour leur dire qu'on les comprend. Il faudrait mettre en place un Grenelle de la jeunesse".

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