Vélo à Lyon
©Tim Douet

Vers l’obligation de porter un casque et un gilet jaune à vélo ?

Plusieurs députés La République en Marche ont déposé un amendement à la loi Mobilités visant à rendre obligatoire le port du casque et d’un gilet jaune à vélo, trottinette ou encore à moto. Cosignataire de l’article, la députée du Rhône Anne Brugnera défend cette idée, considérée comme inadaptée en termes d’usage par les associations de cyclistes.

Vingt-sept députés La République en Marche ont déposé un amendement à la loi Mobilités, souhaitant rendre obligatoire le port du casque et d'un gilet “de haute visibilité” pour les conducteurs ou passagers d'un vélo, d'une trottinette, d'un gyropode, d'une motocyclette... Les contrevenants risqueraient une amende de catégorie 4, soit 135 euros. L'objectif affiché est de “renforcer la sécurité routière” et de “protéger ces usagers”. Ce projet a immédiatement déclenché la polémique, que ce soit du côté des cyclistes, qui voient dans cette mesure la fin de l'engouement autour du vélo ainsi qu'un frein majeur au développement de sa pratique, que de celui des motards. Ces derniers s'étaient déjà mobilisés en 2013 contre l'obligation du port de gilets réfléchissants, poussant le gouvernement de l'époque à renoncer à l'idée.

Une députée du Rhône défend le projet

Cosignataire de l'amendement, la députée du Rhône Anne Brugnera défend ce projet. “Le but de cet amendement, dit-elle, est aussi que ça fasse débat. Les associations prônent le développement du vélo et, pour elles, le port du casque va contre leur objectif. Moi, j'aimerais qu'on travaille sur les deux sujets. On voit toujours ce qui ne va pas aller, mais il faut trouver des solutions plutôt que de pointer ce qui ne va pas.” La députée se base ainsi sur l'exemple du ski, où le port du casque n'est pas obligatoire : “Au début, les gens se demandaient “pourquoi le casque ?” et maintenant tout le monde en porte. Pour le vélo, je ne vois pas pourquoi les enfants en porteraient et arrêteraient une fois l'âge adulte atteint. Ce n'est pas dans le tout blanc ou tout noir, il faut trouver des solutions. Si on le rend obligatoire petit à petit pour les trottinettes, il faut le faire pour le vélo.”

Absence de concertation et échec ailleurs

Suite à la publication de cet amendement, plusieurs associations de cyclistes, ainsi que des usagers, ont regretté le manque de concertation autour du projet. L'association lyonnaise La Ville à Vélo a interpellé la députée Anne Brugnera, lui demandant un rendez-vous pour “l'alerter sur les conséquences d'un tel amendement”. Son coprésident, Fabien Bagnon, explique la démarche : “L'obligation du port du casque n'est pas une requête des associations, même si on le recommande. Ce que nous demandons aux élus, c'est plus de sécurité grâce à des aménagements dédiés, une métropole de Lyon 100 % cyclable, ainsi que la généralisation de l'apprentissage du vélo dès l'école primaire, car l'aspect éducation est primordial. Autant de choses qui sont plus efficaces pour réduire l'accidentologie.” Un objectif qu’Anne Brugnera dit partager.

Pour l'association de cyclistes, les gains en termes de diminution des risques ne seraient “malheureusement pas significatifs”, “partout où ça a été mis en place, ça s'est accompagné par une baisse de l'usage. Quand on raisonne en termes de santé publique, le mal de notre société c'est la sédentarité, or son coût pour notre système de santé est plus important que l'accidentologie des cyclistes. Les effets pourraient être contre-productifs”. Quant au gilet “haute visibilité”, La Ville à Vélo a choisi de proposer le sien de couleur bleue (lire ici). “À vélo, l'essentiel est d'être vu, et nous le conseillons”, conclut Fabien Bagnon.

L’exemple australien

En Australie, où le casque est obligatoire depuis 1991, le nombre de cyclistes blessés au crâne a sensiblement diminué au début, mais aussi celui du nombre de personnes qui se déplaçaient à vélo. Paradoxalement, avec moins de cyclistes sur les routes, le nombre d'accidents mortels est reparti à la hausse ces dernières années, au point que la question du casque revient régulièrement dans les débats.

Par ailleurs, les services de location inspirés de Vélo'v ont eu du mal à se développer à cause de la mesure. Une telle obligation en France mettrait un coup d'arrêt à ces mêmes services ou les obligerait à s'adapter en fournissant des casques avec les vélos. Enfin, statistiquement, les cyclistes ne sont pas la première population qu'il faudrait protéger avec un casque. En effet, les conducteurs de voiture restent aujourd'hui ceux qui subissent le plus de traumatismes crâniens suite à des accidents de la circulation. Pour l'instant, aucun amendement “pour renforcer la sécurité routière” et les “protéger” n'a été proposé. Si c'était le cas, gageons qu’il serait vécu comme une absurdité. La loi Mobilités sera présentée à l'Assemblée nationale dans les semaines à venir.

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