Un p’tit tour et puis patatras

Désormais, la moindre manifestation tourne au vinaigre. L'éditorial du rédacteur en chef de Lyon Capitale.

Un petit tour et ça dégénère. Désormais, la moindre manifestation tourne au vinaigre. Une marche silencieuse ? Vitrines cassées. Une déambulation festive ? Bâtiments publics saccagés. Un défilé aux flambeaux ? Commerces pillés. Un concert de casseroles ? Dégradations de mobilier public.

Dernier exemple en date. Le “grand carnaval populaire” prévu (mais pas déclaré en préfecture) dans les rues de Lyon vendredi 26 mai. L’événement était organisé par des militant.es (sic) associatif.ves (sic) et autonomes pour “exprimer de façon festive et déterminée” leur refus de la politique du gouvernement. Et leur volonté de construire un “nouveau monde”.

Dans le cortège, une union de la gauche rassemblée autour de sa frange radicale. La tenue du rassemblement avait été signée par cinquante-six organisations syndicales et politiques, dont des filières locales de La France insoumise mais aussi du parti socialiste, des syndicats anarchistes, le groupe Antifa de Lyon, l’autoproclamé “média alternatif” Lyon Insurrection (qui appelle régulièrement à “chercher la bourgeoisie” parce que “Lyon (est) aux sauvages”) ou encore les activistes écologistes d’Extinction Rebellion, adeptes du vandalisme.

Si tout avait plutôt bien démarré de la Croix-Rousse, danse et chants bon enfant (“à bas l’état policier”, “nous sommes tous des écoterroristes”)la situation a dégénéré un peu plus tard au niveau des Terreaux. Mortiers d’artifices, dégradations de la mairie du 1er arrondissement, de caméras de vidéosurveillance, d’horodateurs, d’abribus, de conteneurs à verre, supérette pillée et saccagée… Classique.

Nécessairement, les forces de l’ordre ont dû intervenir, à grands coups de gaz lacrymogène, pour disperser les éléments perturbateurs (dont certains cagoulés, en noir, avec parapluie façon black bloc). Classique. Les terrasses ont dû plier les gaules.

Contraste inouï, à deux casseurs de là, se tenait dans la cour de l’hôtel de ville une silent party (fête où tout le monde a un casque audio vissé sur la tête et danse en silence). Un dispositif original, co-organisé par la Ville de Lyon, pour “faire la fête sans gêner les voisins”. Qui l’ont en revanche sacrément été par les carnavaleux.

Nous avons marché, nous nous sommes révolté-es, nous avons casseroléL’heure est désormais à la fête !”, avaient déclaré les organisateurs du carnaval. Une façon de faire la fête dont le groupe Antifa de Lyon s’est réjoui sur les réseaux (a)sociaux. “Les rues de Lyon ont du talent 🥳 🥳. Une belle fête populaire a été au rendez-vous ✊✊🏾✊”

Assentiment général, exception faite de la préfecture pour qui les “débordements inadmissibles” ont mis “en danger la sécurité des Lyonnais”. Mais ni le maire de Lyon ni son adjoint à la sécurité n’ont réagi, préférant, le jour même, se féliciter de la baisse de la délinquance à Lyon.

Une baisse qui contraste fortement avec ces débordements systématiques, notamment lors des rassemblements sauvages. Et dont la très grande majorité des Lyonnais en a sa claque. Si les Verts se sont “heurtés au réel”, comme l’observe un écologiste ayant participé à la campagne de l’intérieur en 2020 avant de prendre du recul, il n’en reste pas moins qu’ils sont encore peu à l’aise avec le sujet, ballottés entre leurs convictions militantes et leur rôle d’élus.

Les formules pavloviennes simplistes et toutes faites contre les violences d’État et/ou policières, d’un côté, et contre les casseurs de l’autre sont juste bonnes pour les meetings politiques et les réseaux sociaux.

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