L'ultra trail Terre des Dieux emprunte le sentier corse du GR20
L’ultra trail Terre des Dieux emprunte le sentier corse du GR20

"Terre des Dieux n'est pas un 100 miles classique" Jean-Baptiste Simonetti, vainqueur de l'ultra trail corse

A l'occasion de la 2e édition de "Terre des Dieux"(20 - 23 juillet) sur le tracé du mythique GR20, en Corse, Lyon Capitale a rencontré Jean-Baptiste Simonetti, le lauréat de la 1re édition.

En une édition, l'ultra trail corse "Terre des Dieux" (171 km - 11 500 D+) s'est déjà taillé une réputation de dur à cuire. 87 coureurs, certains originaires de Lyon et la région Auvergne-Rhône-Alpes - dont le vainqueur de la Diagonale des Fous (traversée de La Réunion), le Savoyard Grégoire Curmer - prennent le départ mercredi 20 juillet à 18h00 de Calenzana (Haute-Corse), ville de départ du mythique tracé du GR20. Jean-Baptiste Simonetti a remporté la 1re édition en 2021 en 45h22. Il raconte pour Lyon Capitale.

Lyon Capitale : Comment vous-êtes vous préparé pour Terre des Dieux ? 

Jean-Baptiste Simonetti, vianqueur de la 1re édition de l'ultra trail corse Terre Des Dieux
Jean-Baptiste Simonetti, vianqueur de la 1re édition de l'ultra trail corse Terre Des Dieux @capture Facebook

Jean-Baptiste Simonetti : Au départ, la 1re édition devrait se tenir en 2020, mais le Covid étant passé par là, la course a été repoussée. j'ai donc eu deux ans pour me préparer. Contrairement à un 100 miles où les temps des premiers avoisinent les 20 heures, sur Terra di i Dii, on est sur le double du temps, voire un peu plus. La technicité du terrain fait la spécificité de cet ultra trail . On a tendance à penser que ce sont les montées qui sont les plus difficiles, ce sont en réalité les descentes, très longues , techniques et très difficiles musculairement.  La clé se trouver au niveau de la la préparation mentale : se préparer à courir longtemps seul, de nuit, dans des endroits isolés.


"Au GPS, ma montre indiquait 188 km et 14 000 mètres de dénivelé positif."


D'autant qu'il y a seulement 87 partants pour cette 2e édition...
On peut donc se retrouver rapidement et longtemps seul. Pour la 1re édition, il y a eu 70% d'abandons. De tous les 100 miles de la planète, je n'ai jamais vu un chiffre aussi élevé, mis à part la Barkley, mais c'est encore autre chose. Il faut, je pense, essayer de trouver des compagnons de route pour se soutenir psychologiquement. Au GPS, ma montre indiquait 188 km et 14 000 mètres de dénivelé positif....

Quels sont les clés pour être finisher de Terre des Dieux ?
Il y a les règles de base à tout ultra : l'hydratation et l'alimentation. Il ne faut pas non plus faire d'erreurs d'allure. Mais sur Terra di i Dii, la vraie clé c'est de se soutenir les uns les autres. Il faut faire en sorte de courir en petits groupes et passer la nuit à plusieurs, sous peine de faire cavalier seul la nuit. Il faut aborder la course autrement que pour un 100 miles classique : j'y vais pour la terminer, pour être finisher, pas pour faire un temps. Sur cette course il faut faire abstraction du temps. Il faut la voir comme une rando-course, un gros défi.

"Faire abstraction du temps". Comment jugez-vous les barrières horaires ?
Les barrières horaires sont, je pense, assez serrées. Les organisateurs ont peut être contraints par le temps passé sur le parcours. 72 heures (de temps maximum pour boucler l'épreuve, NdlR), c'est déjà énorme. Il faut donc faire attention à ne pas se faire piéger. Sur la première partie, jusqu'à Haut-Ascu, au km 23 et ses 2 800 mètres de D+, il ne faut pas traîner.


"Il faut aborder la course autrement que pour un 100 miles classique."


De nombreux coureurs vont passer trois nuits dehors. Pour le coup, il faut gérer ses phases de sommeil...
Pour ma part, j'avais prévu de dormir 15 minutes au Col de Verde (112e km, 8500 mD+). J'étais finalement si bien que j'ai zappé ma phase de sommeil. Je l'ai payé juste après avec des hallucinations - je voyais des Indiens, des lézards géants, des hiéroglyphes - en fin de course où j'ai perdu du temps mais surtout j'ai chuté deux fois. Dormir, c'ets important. des lits sont à disposition dans les trois bases de vie. Il fait en profiter et se régler sur des endormissements de 5 ou 10 minutes.

Revenons au terrain. A quoi les coureurs doivent-ils s'attendre ? 
C'est très minéral en général et particulièrement la partie nord. Les montées sont très difficiles et les descentes telles que les allures sont très faibles. La partie Calenzana Haut-Ascu est la plus difficile. C'est un ensemble de montagnes russes, très techniques. Après, on dit souvent que la partie sud est plus roulante. Il y a quelques singles où on peut dérouler un peu. Il faut arriver le plus frais possible à Verghiu (45e km, NdlR). Si on aborde mal les cinquante premiers kilomètres, c'est compliqué après. Cet ultra trail se fait plutôt en rando course qu'en course pure. On ne déroule quasiment jamais.


"C'est le mental qui fait la différence."


Conseillez-vous les bâtons ?
Oui. Sur un profil comme celui-ci, les bâtons sont presque indispensables, parfois même en descente pour bien se freiner et s'économiser au niveau musculaire. Je n'ai pas souvenir des les avoir rangés souvent les bâtons.

Pour les chaussures, une paire ou deux selon vous ?
J'ai utilisé deux paires de chaussures  de la même marque (Ultra 3 de Salomon). J'ai changé à Vizzavona (86e km, NdlR). On parle technique. Mais il ne faut surtout pas se prendre la tête. C'est dur mais c'est faisable. Si vous  fait une prépa' mentale correcte, vous allez y arriver. Il ne faut pas trop donner dans la première partie. A Vizzavona (86e km), on ne doit pas trop se poser de questions : il faut accepter d'être dans le dur et se refaire mentalement. Il faut relativiser : on a une chance énorme de courir cet ultra. Vous allez certes en prendre plein les jambes mais aussi plein les yeux. Il faut se dire que le premier et le dernier coureur passe par les mêmes endroits, avec les mêmes difficultés. C'est le mental qui fait la différence. Finir Terra di i Dii c'est un sacré chantier, mais vous allez vous régaler !

Au niveau de la météo, à quoi doit-on s'attendre ?
Sur le GR20, on peut avoir des écarts assez importants, de 20 degrés entre le jour et la nuit. Il fait plutôt doux la nuit et très chaud la journée. L'année dernière, j'ai mis ma veste une ou deux heures au total.

Pour l'eau, que préconisez-vous ? 
Je savais où trouver les sources. A certains endroits, mieux vaut prévoir une flasque de plus que ce qui est obligatoire (depuis, le kit canicule a été activé, avec une réserver d'eau minimale de 2 litres, NdlR). Si vous avez des pastilles purificatrices, c'est bien. Mais il y a pas mal de refuges tout au long du parcours.

Peut-on se perdre, en particulier la nuit ?
La marque est celle du GR20, qui est très bien balisé. Mais il faut rester très vigilant pour ne pas louper une marque. Il faut toujours regarder à ne pas s'écarter du tracé. Logiquement, si on est attentif, tout va bien. Il faut chercher à être à plusieurs pour que l'un prenne le relais et ainsi de suite. Surtout de nuit. Le gros avantage cette année, c'est le départ de nuit, à la "fraîche". Des groupes vont se former. Ça va être sympa. Il ne faut pas lâcher sur cet ultra, c'est la clé.

 

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