Nour Khater est cheffe de la division de Lyon de l'Autorité de Sûreté nucléaire (ASN).
Nour Khater est cheffe de la division de Lyon de l’Autorité de Sûreté nucléaire (ASN).

Sûreté nucléaire : "Les centrales de la région se situent à un niveau satisfaisant"

Nour Khater est cheffe de la division de Lyon de l'Autorité de Sûreté nucléaire (ASN). Elle était sur le plateau de l'émission "6 Minutes Chrono" de Lyon Capitale pour présenter le dernier rapport 2023 de l'Autorité de Sûreté nucléaire, traitant notamment des centrales nucléaires de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Selon la cheffe de la division de Lyon de l'Autorité de Sûreté nucléaire (ASN) : "nous avons mené 309 inspections en 2023. Sur ces 309, 111 ont porté sur les 4 centrales nucléaires le long du Rhône. La conclusion des contrôles effectués et du suivi des installations et des activités est que l'état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection s'est maintenu dans la région à un niveau satisfaisant."

Lire aussi : Drôme : la distribution de pastilles d’iode face au risque nucléaire lancée ce lundi

Sur la prolongation des la durée de vie des centrales nucléaires : "Toutes les installations nucléaires de base et en particulier les centrales nucléaires en France ne sont pas autorisées pour une durée de fonctionnement. Le principe c'est que tous les 10 ans, il y a ce qu'on appelle un réexamen périodique qui permet à la fois de vérifier la conformité des installations. On s'assure qu'il y a une bonne maîtrise du vieillissement, qu'on est toujours conforme aux référentiels de sûreté et d'exploitation de la centrale, et le deuxième objectif très important c'est d'améliorer la sûreté, de mettre en œuvre des modifications pour amener la sûreté de l'installation au même niveau, au niveau équivalent des installations de dernière génération l'EPR en France. Et donc là actuellement ce qui a lieu dans la région pour les trois centrales de 900 mégawatts électriques, qui est le modèle le plus ancien et donc c'est Cruas, Bugey et la centrale de Tricastin, elles connaissent leur quatrième réexamen périodique, c'est-à-dire qui permet de passer de 40 à 50 ans. Donc se posera la même question du cinquième réexamen périodique de 50 à 60 ans, mais effectivement l'ASN a alerté à la fois le gouvernement et EDF de se préoccuper s' ils souhaitent poursuivre l'exploitation au-delà de 50 ans voire 60 ans, dès maintenant d'anticiper les éventuels sujets de sûreté et l'ASN a identifié des points particuliers qui nécessitent des réponses et des études complémentaires dès maintenant."

Lire aussi : Lyon, cœur du nucléaire de demain

Lire aussi : Région de Lyon : le nucléaire, l’énergie décarbonée de demain ?

Plus de détails dans la vidéo :


Bonjour à tous, bienvenue dans l'émission 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui, on va parler de nucléaire à l'occasion de la présentation du rapport annuel 2023 de l'Autorité de Sûreté nucléaire. Et pour en discuter aujourd'hui, nous recevons Nour Khater, chef de la division de Lyon de l'Autorité de Sûreté nucléaire. Bonjour Nour Khater. Merci d'être venu sur notre plateau, on va rentrer dans le vif du sujet, le rapport a été présenté la semaine dernière. Est-ce que vous pouvez nous le présenter ces grandes lignes ? Quel est l'état des centrales de la région ? 
  

Pour rappel, l'ASN est l'Autorité de Sûreté nucléaire en charge du contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection. La division de Lyon, qui est composée d'une quarantaine d'agents, est chargée de ce contrôle sur les 12 départements de la région Auvergne-en-Alpes, qui est une région fortement nucléarisée. Il y a à la fois les 4 centrales nucléaires qui sont le long du Rhône, mais également des installations du cycle combustible, par exemple la plateforme d'enrichissement de l'uranium exploité par Orano Tricastin, mais également des réacteurs de recherche, des installations en démantèlement. Et nous contrôlons également tout ce qui est nucléaire de proximité, donc les activités médicales, industrielles et de recherche qui mettent en jeu des rayonnements ionisants et qui ne relèvent pas du statut d'installation nucléaire de base ou d'installation classée pour l'environnement. 
  

Donc c'est un vaste panel et donc j'imagine beaucoup de contrôles aussi derrière ? 
  

Exactement, nous avons mené 309 inspections en 2023. Sur ces 309, 111 ont porté sur les 4 centrales nucléaires le long du Rhône. La conclusion des contrôles effectués et du suivi des installations et des activités est que l'état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection s'est maintenu dans la région à un niveau satisfaisant. 
  

Et est-ce qu'il y a alors des axes d'amélioration si ce n'est pas des points importants, disons graves ? Quels sont les axes, en quelques mots, dans les grandes lignes, si vous en avez un ou deux qui vous viennent, sur les axes d'amélioration dans ces centrales le long du Rhône ? 
  

Concernant les centrales nucléaires, nous les évaluons sur 4 grandes thématiques que sont la sûreté nucléaire, la maîtrise de l'impact sur l'environnement, la radioprotection des travailleurs et aussi tout ce qui est sécurité au travail puisque l'ASN réalise des missions d'inspection du travail sur ces centrales. Pour chacune de ces centrales, nous les situons par rapport à l'état de la sûreté du parc national et globalement, en 2023, ce que nous avons noté, c'est que les 4 centrales se situent à un niveau satisfaisant en termes de sûreté nucléaire, que la centrale de Tricastin est même à un niveau supérieur, se distingue favorablement des autres centrales, mais évidemment, les contrôles ont aussi identifié des points ou des axes d'amélioration, notamment par exemple sur la radioprotection, une campagne d'inspection renforcée a été menée en 2023 sur le sujet et plusieurs sites font l'objet de points d'attention sur le sujet.  

D'accord, et est-ce que les centrales pourraient-elles alors fonctionner au-delà des 60 ans, voire un petit peu plus même ? 
  

Toutes les installations nucléaires de base et en particulier les centrales nucléaires en France ne sont pas autorisées pour une durée de fonctionnement. Le principe c'est que tous les 10 ans, il y a ce qu'on appelle un réexamen périodique qui permet à la fois de vérifier la conformité des installations. On s'assure qu'il y a une bonne maîtrise du vieillissement, qu'on est toujours conforme aux référentiels de sûreté et d'exploitation de la centrale, et le deuxième objectif très important c'est d'améliorer la sûreté, de mettre en œuvre des modifications pour amener la sûreté de l'installation au même niveau, au niveau équivalent des installations de dernière génération l'EPR en France. Et donc là actuellement ce qui a lieu dans la région pour les trois centrales de 900 mégawatts électriques, qui est le modèle le plus ancien et donc c'est Cruas, Bugey et la centrale de Tricastin, elles connaissent leur quatrième réexamen périodique, c'est-à-dire qui permet de passer de 40 à 50 ans. Donc se posera la même question du cinquième réexamen périodique de 50 à 60 ans, mais effectivement l'ASN a alerté à la fois le gouvernement et EDF de se préoccuper s' ils souhaitent poursuivre l'exploitation au-delà de 50 ans voire 60 ans, dès maintenant d'anticiper les éventuels sujets de sûreté et l'ASN a identifié des points particuliers qui nécessitent des réponses et des études complémentaires dès maintenant. 
  

D'accord, j'aimerais bien qu'on parle un petit peu de Lyon aussi, qui est dans la région la plus nucléarisée de France. Est-ce que Lyon est dans une zone à risque particulièrement ? 

L'installation nucléaire de base qui est la plus proche de Lyon, c'est la centrale du Bugey autour de chaque centrale nucléaire et définit ce qu'on appelle un plan particulier d'intervention d'un rayon de 20 km. Donc il y a effectivement certaines communes de l'Est du département du Rhône qui sont dans ce plan particulier d'intervention et sur lequel sont prévues des dispositions, préparées des dispositions à la main de la préfecture pour protéger les populations en cas d'accident nucléaire majeur.  

Donc Lyon n'en fait pas partie ? 
  

Non. 
  

La ville est assez éloignée. J'ai une dernière question parce qu'on arrive déjà au bout des six minutes chrono, c'est toujours trop court et c'est une question qui revient souvent de nos auditeurs. À quoi servent les comprimés de diodes que l'on fournit aux habitants, aux gens qui sont proches d'une centrale nucléaire ? Comment est-ce que ça fonctionne ? 

Ces comprimés de d'iodes sont prédistribués dans le rayon des 20 km autour des centrales nucléaires. Ces comprimés peuvent être utiles en cas d'accident nucléaire lorsqu'il y a des rejets radioactifs à l'extérieur, il peut y avoir des rejets d'iodes radioactifs et du coup le fait de prendre un comprimé d'iode stable, ces fameux comprimés d'iode, permet de saturer la thyroïde pour que quand le nuage radioactif passe, on n'ingère pas l'iode radioactif et elle ne se fixe pas sur la thyroïde, ce qui évite d'être contaminé de manière interne par de l'iode radioactif.  

Donc c'est important de l'avoir dans les périmètres de sécurité. 
  

Exactement. 
  

C'est la fin de l'émission, merci beaucoup Nour Khater d'être venu sur notre plateau. Quant à vous, je vous remercie d'avoir suivi cette émission, vous pourrez retrouver plus de détails sur l'actualité de l'énergie dans la région AURA et dans la métropole de Lyon sur le site Lyon Capitale.fr, à très bientôt. 
  

Laisser un commentaire

Suivez-nous
tiktok
d'heure en heure
d'heure en heure
Faire défiler vers le haut