Le campus de Bron de l’université Lyon 2. DR

Suppressions de postes et économies : comment Lyon 2 veut redresser ses comptes pour éviter une mise sous tutelle

La direction de l’université Lyon 2 a adopté il y a quelques jours un plan de retour à l’équilibre. Entre suppressions de postes, diminution des dépenses de fonctionnement et développement des ressources propres, l’université espère éviter sa mise sous tutelle.

Affaire Balanche, relations dégradées avec la Région, comptes dans le rouge… L’année 2025 de l’université Lumière Lyon 2 n’a pas été de tout repos. Dans une situation financière "alarmante", des mots mêmes de sa présidente, l’université lyonnaise a présenté à la presse ce jeudi 23 octobre les différentes mesures qui devraient lui permettre d’éviter une mise sous tutelle par le rectorat.

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"La totalité des universités françaises rencontre des difficultés de ce type-là", débute Isabelle von Bueltzingsloewen. S’il est vrai que le monde universitaire traverse une crise financière importante et globale, sur beaucoup d’indicateurs, comme celui du poids des ressources propres — 18 % à Lyon 2 contre 27,5 % en moyenne en France —, l’université rhodanienne fait partie des mauvais élèves. Épinglée notamment sur l’un des trois critères de soutenabilité budgétaire (la masse salariale) mis en place en décembre 2024 par le ministère, Lyon 2 est consciente des difficultés rencontrées.

5,6 millions d'euros d'économies

Si la présidente de l’université estime que le dépassement des 85 % de la masse salariale par rapport aux recettes "n’est pas la conséquence d’une mauvaise gestion de l’établissement", elle admet que ce plan de retour à l’équilibre adopté la semaine dernière en conseil d’administration était "nécessaire". Ce plan prévoit notamment la suppression, sur les trois prochaines années, de cinq postes d’enseignants-chercheurs et de dix postes de personnels administratifs et techniques. Les campagnes de recrutement seront également reportées à N+2, et certaines missions, telles que l’entretien des bâtiments, seront externalisées. Autant de mesures qui devraient permettre, d’ici 2028, d’économiser 4 millions d’euros.

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Dans le même temps, l’université envisage de réduire ses dépenses de fonctionnement de l’ordre de 1,1 million d’euros et de redimensionner ses opérations immobilières encore non signées, ce qui pourrait lui permettre d’économiser 500 000 euros supplémentaires, pour un total d’économies sur les charges de l’ordre de 5,6 millions d’euros d’ici 2028.

Reculer pour mieux sauter pour Lyon 2 ?

"On va également être contraints, avec ces suppressions de postes, de réduire le nombre de formations proposées", reprend Isabelle von Bueltzingsloewen. En plus de ces mesures de réduction des charges, Lyon 2 veut développer ses ressources propres, explique la direction, notamment par le développement des recettes liées à l’alternance (+900 000 euros) ou l’application de la fin de la politique d’exonération des droits différenciés, et donc plus élevés, pour les étudiants hors Union européenne (+2,9 millions d’euros). Une commission de suivi des conditions de retour à l’équilibre sera également mise en place dans les prochaines semaines par l’université.

Un vaste plan qui devrait permettre à l’établissement de résoudre ses problèmes financiers à court terme seulement. "Ce plan ne va pas résoudre notre situation à long terme, c’est un pansement provisoire", s'alarme Isabelle von Bueltzingsloewen.
"On a mis en place toutes ces mesures car on voulait à tout prix éviter notre mise sous tutelle. Mais notre modèle économique est à bout de souffle et ne fonctionne plus", complète la présidente de l’université.

"Notre modèle économique va droit dans le mur"

Cette dernière reproche à l’État français d’imposer aux établissements d’enseignement supérieur de nouvelles dépenses contraintes. Entre autres, l’augmentation du point d’indice, qui joue fortement sur la masse salariale de l’université, ou encore la mise en place dès cette année de la protection sociale complémentaire en santé, qui devrait coûter à Lyon 2 entre 500 000 et 800 000 euros.

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"Si on additionne tout ça, on obtient un défaut de financement de la part de l’État d’environ 19 millions d’euros depuis 2018", estime même l’université. "Si rien ne bouge et que l’État ne nous aide pas plus, malgré notre plan de retour à l’équilibre, notre modèle économique va droit dans le mur", poursuit sa présidente, assez pessimiste sur la question. Un mur évité de justesse pour cette année 2025 pour l’établissement lyonnais, mais des problématiques économiques qui pourraient donc bien se représenter dans les prochaines années.

Lyon 2 souhaite “apaiser ses relations” avec la Région
Parmi les sujets qui ont fait l’actualité ces dernières semaines autour de l’université et animé les conversations sur le campus de Bron, figurent les relations plus que distendues avec la Région Auvergne-Rhône-Alpes.
En mai dernier, et à la suite de l’"affaire Balanche", du nom de Fabrice Balanche, maître de conférences dont un cours a été interrompu le 1er avril 2025 sur le campus de Bron par une vingtaine d’étudiants cagoulés l’accusant d’"islamophobie", Laurent Wauquiez, ancien président devenu conseiller spécial à la Région, avait annoncé vouloir supprimer "toutes les aides financières de la Région" à Lyon 2.

Au total, 19 millions d’euros de subventions régionales sont en attente de versement depuis cette date. Après un rendez-vous début septembre avec le président de Région, et alors qu’Isabelle von Bueltzingsloewen explique n’avoir jamais reçu de notification officielle de la fin des subventions régionales, la présidente de Lyon 2 révèle que la Région lui a demandé de lancer "une enquête administrative sur ce qui s’était passé à Lyon 2".

Une enquête qu’aurait refusé de faire le ministère, "estimant qu’elle n’avait pas lieu d’être", et que la présidente de l’université lyonnaise se refuse également à mettre en œuvre. "Faire une enquête sur mon propre établissement, ça n’a aucun sens", fulmine-t-elle. "On ne sait même pas sur quoi précisément la Région veut qu’on enquête. Nous n’avons rien à cacher, mais nous ne voyons pas l’utilité d’une telle démarche", poursuit-elle.
En réponse à cette demande de la Région, l’université a transmis ce mercredi 22 octobre une lettre dans laquelle elle propose de mettre à plat et sur papier "toutes les procédures existantes dans notre établissement".

"Notre but est d’apaiser les relations avec la Région, qui reste un partenaire essentiel pour nous", admet Isabelle von Bueltzingsloewen. Un groupe de travail, mis en place en 2018 et en sommeil depuis la période Covid, va également être réactivé pour étudier si des ajustements doivent être apportés aux procédures de l’université Lyon 2. "On espère pouvoir rapidement retravailler de manière tout à fait normale avec la Région", conclut la présidente de Lyon 2.

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