À quelques mois du bilan de l'installation des premières zones de calme, la Métropole de Lyon ambitionne de faire de son initiative un exemple sur le territoire.
Silence, le sonomètre nous écoute. Quelques secondes plus tard, le résultat tombe. Une moyenne 38,9 décibels est enregistrée. "Plus calme qu'un bureau", compare le spécialiste d'Acoucité, l'Observatoire de l'environnement sonore de la métropole de Lyon. Pourtant, nous sommes bien dans un espace extérieur, et plus précisément au domaine de Lacroix-Laval, à Marcy-l'Étoile, dans l'ouest lyonnais.
En zone urbaine, plus de 60 décibels sont généralement enregistrés. Une exposition qui "peut générer des troubles du sommeil, du stress ou des maladies, notamment cardiovasculaires", déplore Pierre Athanaze, vice-président à la Métropole de Lyon, chargé de l'environnement. Sur ce domaine de 115 hectares géré la collectivité, quatre "zones de calme" ont été aménagées à l'été 2024 avec du mobilier urbain "pour permettre aux personnes de venir se ressourcer" et "se reconnecter à la nature", développe Pierre Athanaze.
Hamacs, cocons en bois, bancs rustiques... "Il nous faut quelque chose d'assez intime pour éviter les regroupements. C'est vraiment compatible avec les petits groupes", reprend Anissa Gleize, responsable des parcs et jardins métropolitains. De quoi apporter de la tranquillité à quelques lecteurs en quête d'un espace agréable pour bouquiner, à des promeneurs à la recherche d'une oasis de calme ou à des pratiquants de yoga animés par les bruits de la végétation.

Les lieux d'installation, qui ne doivent pas être exposés au bruit (ou le moins possible), ont été choisis par Acoucité. "On a repéré les zones en dessous de 50 décibels, en moyenne, sur l'année", poursuit son représentant. Pierre Athanaze expose : "Ce qui est surtout intéressant, c'est le ressenti. Comme pour la chaleur, on a la température chiffrée puis le ressenti".
Des expérimentations à Lacroix-Laval et Parilly
Les trois quarts du temps, ces espaces apaisés ne dépassent pas le seuil des 40 décibels. "Mais attention, c'est une zone de calme et non une zone de silence. Car un endroit complètement silencieux produit l'effet contraire : ça va être stressant. On a besoin de ressentir ce qu'il se passe autour de nous", prévient Pierre Athanaze.
Ces zones de calme sont, aujourd'hui encore, au stade de l'expérimentation. Dans le même temps, trois autres sont testées au parc de Parilly, dans l'est lyonnais. Là-bas, leur multiplication est rendue plus complexe en raison du trafic routier avoisinant les espaces verts, ce qui provoque un bruit de fond constant.
Un suivi sur l'expérience des usagers sera réalisé jusqu'à la fin du mois d'octobre prochain, afin d'améliorer les espaces existants (signalétique, mobilier...) et de prévoir l'ajout de potentielles nouvelles zones.

"On va en tirer des enseignements et voir si on peut le généraliser"
Pierre Athanaze, vice-président de la Métropole de Lyon
Pour autant, ce projet métropolitain fera l'objet de comptes rendus auprès des municipalités pour servir d'exemple. "On va en tirer des enseignements et voir si on peut le généraliser. Les communes, elles, pourront le faire dans leurs propres espaces verts", confirme l'élu écologiste. Une enveloppe de 20 000 euros est consacrée par parc à ces installations réalisées dans le cadre du Plan de prévention du bruit dans l'environnement (PPBE).

Ce dernier doit permettre de réduire l'exposition des Lyonnais à la pollution sonore. D'après les cartes de bruits stratégiques de la Métropole de Lyon, 8,4 % des habitants du territoire sont exposés à une pollution allant au-delà du seuil européen. Pour Pierre Athanaze, le projet des zones de calme intervient en parallèle des mesures visant à limiter le bruit en ville. Puisqu'en zone urbaine, c'est un combat plus âpre qui demande des moyens (financiers et techniques notamment) bien différents.
Dans son numéro d'avril 2025, Lyon Capitale consacrait une enquête à la pollution sonore sur le territoire. Cette série d'articles est à retrouver ici :
(1/5) Bruit : les Lyonnais en ont plein les oreilles !
(2/5) Le nombre de PV pour tapage a plus que doublé depuis 2019
(3/5) Bruit : les deux-roues honnis par les Lyonnais
(4/5) Les rues les plus bruyantes de Lyon
(5/5) “En audition, ce qui est perdu l’est définitivement"