Plan d’eau de Rumilly ©Guilhem-Vellut/flickr

Rumilly : une étude démontre la présence de PFAS dans les eaux de la ville

Les résultats d'une étude citoyenne menée dans la ville de Rumilly, en Hautre-Savoie, ont révélé une concentration inquiétante de certains PFAS dans une partie des points d'eau de la ville.

Début 2025, l'association Agir ensemble pour Rumilly et l'Albanais (AERA) a mené 20 prélèvements dans les eaux de la ville de Rumilly, en Haute-Savoie. Cette enquête avait pour but de mieux connaitre la concentration en PFAS (des composés chimiques polluants qui se dégradent très peu dans l'environnement) de certains points d'eau. Les résultats de ces prélèvements permettent aujourd'hui d'attester de la présence de 20 PFAS différents sur les 53 qui ont été testés.

Une alerte lancée sur la ville de Rumilly depuis 2022

A l'automne 2022, les résultats des prélèvements menés par les services de l’État ont amené les autorités à considérer Rumilly comme une zone nécessitant une vigilance particulière.

En effet, les tests menés entre l'été et l'automne 2022 sur le réseau public d'eau potable de Rumilly montraient des teneurs inquiétantes en PFOA (un polluant éternel classé comme « cancérogène pour les humains » par le Centre international de recherche sur le cancer). Cette étude révélait une concentration près de 1,5 fois supérieure à la valeur sanitaire maximale établie par l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) pour les eaux alimentées par le puits de Madrid.

La concentration anormale de PFAS dans la nappe de Madrid s'explique potentiellement par l'utilisation de ces substances par les usines de Salomon jusqu'en 2009 et de Tefal jusqu'en 2012. De même, la présence d'une ancienne tannerie et d'une décharge ont été pointés du doigt comme possibles sources de ces pollutions.

Pour tenter de résoudre ce problème, les autorités ont décidé de déconnecter deux captages d'eaux identifiés comme contaminés par ces polluants éternels. L'un d'entre eux a été reconnecté à la fin de l'année 2023, après l'installation d'une station de potabilisation de l'eau. Selon la direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL), "Les résultats [des prélèvements de novembre 2022] ont démontré l’efficacité des mesures de gestion prises par la collectivité puisque l’eau desservie répond aux exigences sanitaires."

Deux zones de la ville sont particulièrement touchées

Cette année, l'étude citoyenne menée par l'association AERA, tout comme l'étude du bureau des recherches géologiques et minières (BRGM), attestent de la présence d'une quantité importante de PFOA dans la commune de Rumilly. De plus, en montrant que l'on ne retrouve pas cette concentration anormalement élevée de PFOA dans les cours d'eau en amont de Rumilly, l'enquête de l'AERA permet d'affirmer que cette pollution n'est pas importée sur le territoire de Rumilly.

Les prélèvements de l'AERA indiquent deux zones particulièrement touchées. Une première au niveau de la déchèterie de la Broise, un terrain sur lequel la contamination de l'eau par les PFAS et plus précisément le PFOA pourrait être causée par des dépôts industriels effectués là durant plusieurs années. Ces dépôts seraient notamment liés aux activités de l'entreprise Tefal. Et une autre au niveau du rejet du drain de la rizière, un point d'eau alimenté par la nappe de Madrid et d'autres terrains où ont été construits des usines. Ces deux espaces présentent des concentrations en PFOA respectivement 8 fois et 1,7 fois supérieures à la future réglementation de 2026 qui limitera la teneur en PFOA des cours d'eau à 2000 ng/L pour les eaux brutes.

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Aujourd'hui pour l'association AERA et pour les habitants de Rumilly des questions restent en suspends

Pour commencer, quels sont les risques réels de ces pollutions sur la santé des habitants de la commune. De fait, en 2023, l'association avait effectué des prélèvements sanguins sur plusieurs habitants de la ville qui avaient attesté d'une présence anormalement élevée de polluants éternels dans le sang des personnes testés. Depuis, certains habitants n'osent plus boire l'eau de leur robinet. Pourtant, selon la communauté de commune de Rumilly, "L’eau qui est distribuée est exempte de polluants perfluorés et parfaitement conforme aux normes de potabilité. Elle peut être consommée sans risques pour la santé.".

Aussi, au-delà de cette question sanitaire, il subsiste une interrogation sur la prise en charge des surcoûts que représente le traitement des eaux de la ville. Pour l'association AERA, il est important d'appliquer un principe de pollueur payeur, et c'est dans cette optique que l'entreprise Tefal a pris en charge durant un an les coûts engendrés par la dépollution des eaux. Cependant, il reste difficile d'établir la responsabilité exacte des entreprises du secteur et de s'assurer que ces entreprises ne sont pas responsables de nouvelles sources de pollution.

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