Me Versini, avocat de la famille Dorier. Me Metaxas, avocat de Youcef Tebbal. Crédits : Lyon Capitale

Procès Axelle Dorier : politique, intentions... Ce qu'il faut retenir des plaidoiries

En ce dernier jour du procès de l'affaire Axelle Dorier, les avocats de la défense et des parties civiles ont plaidé devant cour.

Deux ténors du barreau s'affrontent. Ce vendredi 20 janvier marque le dernier jour du procès de l'affaire Axelle Dorier, cette jeune femme de 22 ans renversée mortellement à Lyon le 19 juillet 2020. Les avocats des parties civiles et de la défense ont plaidé devant la cour, et l'avocat général a fait ses réquisitions. Le verdict est attendu dans la soirée.

"Cette société est devenue barbare"

L'avocat de la famille d'Axelle Dorier, Me Gabriel Versini a présenté une plaidoirie très politico-religieuse. Le conseil, connu pour sa défense des policiers, a notamment été délégué à la justice dans l'équipe de Reconquête (parti d'Eric Zemmour) dans le Rhône.

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Dans un ton très théâtral qu'il affectionne, l'avocat a construit son discours "comme un chemin de croix". "Avec la mort de votre fille Sophie, vous êtes devenue une mater dolorosa, cette mère qui pleure la mort de sa fille", a lancé le conseil. Thème de référence dans l'iconographie chrétienne. "Le corps d'Axelle a été, en un mot : profané", éructe l'avocat.

"A l'avenir quand vous prendrez une bouteille, vous penserez à Axelle Dorier."

Me Versini, avocat de la famille Dorier

Montrant ensuite une bouteille sur laquelle il a gradué 18 cm, correspondant à la hauteur du parechoc du véhicule meurtrier sous lequel est passé Axelle Dorier, Me Versini, regardant la cour, le public, bouteille exhibée : "18 cm c'est ça ! A l'avenir quand vous prendrez une bouteille, vous penserez à Axelle Dorier."

"Cet acte, s'inscrit dans un contexte de délitement sociétal, dans un continuum de déliquescence des institutions, a asséné Me Versini. Et d'ajouter : Cette société est devenue barbare ! Cette société est devenue sauvage"

"Mais ce n'est pas lui le sauvage !"

Me Ghaïs Bencharif, collaborateur de Me Metaxas, a ouvert le bal. Le conseil, dont les mains disent autant que les mots, a de nouveau réaffirmé que Youcef Tebbal n'avait pas réalisé que le corps d'Axelle était prisonnier de son châssis. La famille d'Axelle avait quitté la salle pour s'épargner la défense des accusés. : "Le choc avec le trottoir, au cours duquel il pense avoir décroché un morceau de son véhicule est vrai, vérifiable", évoquant les traces laissées par le dit trottoir sur la roue du véhicule.

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En conclusion de sa plaidoirie, l'avocat a réagit, vivement, aux propos de son confrère, conseil des parties civiles. "Vous dites, 'une minorité de la population qui détruit l'unité nationale', vous parlez d'ensauvagement. Mais ce n'est pas lui le sauvage ! Qui, a sorti de force la conductrice de la Twingo, qui, a complètement sur-réagit ? Et d'ajouter : On est dans une cour d'assises, on fait du droit."

"Son intention est de fuir, au mépris de la vie d'autrui"

La plaidoirie de Me Metaxas était attendue, alors qu'il avait quitté la salle la veille, exaspéré par les questions du président. "Je vous dois des excuses et je les formule. Vous avez une conviction Monsieur le président, vous avez tenté de la masquer, mais je l'ai perçue", a confié le conseil, solennellement.

Il se tourne vers les jurés : "J'aimerais pouvoir échanger avec vous, savoir ce que vous pensez et débattre. Mais je suis seul", a-t-il lancé sur un ton feutré. L'avocat se lance alors dans un "cours de droit", détaillant les trois qualifications possibles sur lesquelles les jurés devront se prononcer : l'homicide involontaire, les violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, le meurtre.

"Le doute doit profiter à l'accusé. Youcef Tebbal a-t-il l'intention de tuer, Axelle Dorier, non, il n'a même pas l'intention de la blesser, lance le conseil, sur un ton grave. Il veut fuir, au mépris de la vie d'autrui. Son intention, est de fuir", martèle-t-il.

La cour est actuellement en train de se prononcer. Le verdict est attendu dans la soirée. Youcef Tebbal, si la qualification de meurtre est retenue, encours jusqu'à 30 ans de réclusion criminelle.

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