Lyon : le ras-le-bol de la police cette nuit place Bellecour

Les syndicats de police ne sont pas à l'origine de ce mouvement spontané de rassemblement ce soir place Bellecour. C'est via les réseaux sociaux et les sms que de nombreux fonctionnaires ont décidé de se rassembler dans le centre de Lyon pour apporter leur soutien aux policiers Viry-Chatillon, dans l’Essonne, gravement blessés suite à l'attaque de leur véhicule au cocktail molotov.

Tandis que plusieurs centaines de policiers ont manifesté cette nuit à Paris et à Toulouse sans autorisation préalable, le mouvement s'étend de nouveau à Lyon après une première manifestation dans la nuit de mardi à mercredi. "Les fonctionnaires de police ont besoin de s'exprimer et de montrer leur soutien aux collègues de Viry-Chatillon" explique Yann Rouchier, secrétaire général adjoint de la fédération professionnelle indépendante de la police, qui sera présent pour le rassemblement en tant que policier et non en tant que représentant syndical. "C'est un mal-être qui dure et perdure depuis des années, mais ce qu'on vit depuis maintenant plus de deux ans est à un niveau de violence, de sollicitation et de suremploi qu'on avait jamais vu. Les fonctionnaires sont fatigués et s'ajoute à cela une haute hiérarchie à côté de la plaque. Dans la police comme dans toute profession, il y a des gens biens et des gens moins biens, mais le pourcentage de gens moins bien est souvent surexposée, et médiatiquement et judiciairement."

"Faits isolés" ou "terrorisme urbain"

Hier soir à Vénissieux, l'interpellation par la police d'un trafiquant de drogue a sévèrement dégénéré : un groupe d'une trentaine de personnes a encerclé la BAC et plusieurs cocktails molotov ont été jeté sur la police. Pour Yann Rouchier, considérer ce type d'événements comme des faits isolés relève de l'hypocrisie. "J'ai travaillé longtemps dans les cités, à Mantes-la-jolie, aux Mureaux, à Trappes... je vais employer un mot fort, mais on en vient à une sorte de terrorisme urbain. Avant, sur du maintien de l'ordre, même quand il y avait des affrontements, les individus restaient loin, ils venaient très peu au contact et on parvenait à en interpeller certains, parfois. Maintenant, ce sont des attaques groupées, des tentatives de faire cramer la voiture comme à Viry Châtillon, au delà d'envoyer un signal, on essaye de tuer des policiers. On ne peut plus considérer cela comme des faits isolés, ça se passe à Lyon, en région parisienne, à Marseille et même dans de petites villes qui étaient auparavant épargnés, comme Dax. Ça fait trois ans qu'on parle de cela à la hiérarchie et qu'on alerte : à force de tirer sur les deux bouts d'un élastique, à un moment donné ou à un autre, il s'est cassé. Je crois qu'on arrive en plein dedans." Dans la nuit de mardi à mercredi, une centaine de policiers s'étaient déjà rassemblés devant l'Hôtel de police du 8 ème arrondissement. Hier, Gérard Collomb avait exprimé son soutien aux policiers dans le 7/9 de France Inter, en affirmant qu’il "comprenait leurs difficultés".

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