(@Jamais sans toit)

Lyon : l'Unicef et Jamais sans toit alertent sur ces enfants dont la rentrée se fait à la rue

L'Unicef et la Fédération des acteurs de la solidarité ont publié la nouvelle édition de leur baromètre sur les enfants à la rue. La région Auvergne-Rhône-Alpes reste particulièrement touchée.

Pas d'endroit où faire ses devoirs, ni où se doucher : plus de 2.000 enfants dorment à la rue en France faute de places d'hébergement d'urgence disponibles, un nombre en forte hausse depuis plusieurs années, dénoncent des associations, qui appellent au sursaut de l'Etat.

"Une aggravation silencieuse redoutable de la situation"

"On constate une aggravation silencieuse redoutable de la situation", a commenté jeudi lors d'une conférence de presse Nathalie Latour, directrice générale de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS).

Le nombre d'enfants sans abri a progressé de 6% par rapport à l'an dernier et de 30% par rapport à 2022, selon le baromètre publié jeudi par Unicef France et la FAS. Ils sont présents partout en France, en particulier en Ile-de-France, en Auvergne-Rhône-Alpes et en Occitanie.

"Pour les enfants et leurs soutiens, la rentrée scolaire s'annonce très difficile : sur la seule ville de Lyon, 14 établissements scolaires s'apprêtent d'ores et déjà à réoccuper dès lundi et servir de refuge à 40 enfants ! Une mobilisation citoyenne inouïe qui tente tant bien que mal d'assurer une continuité dans l'hébergement", indique Jamais sans toit dans un communiqué.

Arrivé en France il y a cinq ans, Jayyed, 11 ans, a longtemps connu la rue à Lyon, avec ses deux petites soeurs et ses parents. "On dormait sur des morceaux de carton, j'avais du mal à dormir, j'avais peur qu'on soit agressé", témoigne-t-il. Pour aller à l'école, "je ne pouvais pas prendre de douche, juste me laver les mains dans des fontaines".

Depuis deux mois, sa famille est à l'abri, dans une maison, prêtée via une convention avec une association, à la suite de la mobilisation du collectif Jamais sans toit. Mais le jeune garçon, qui s'apprête à entrer en 6ème, n'a pas oublié ses devoirs parfois "mouillés par la pluie" et la "honte" de cette situation dont il n'a pas parlé à ses amis.

Les enfants qui connaissent la rue gardent des séquelles: "du retard scolaire", parfois un "décrochage" et "une santé détériorée", a expliqué Juliette Murtin, membre du collectif Jamais sans toit.

La hausse de leur nombre s'explique par de multiples facteurs, selon les associations, à commencer par la saturation du dispositif d'hébergement d'urgence, combinée à une crise du logement. "La pauvreté augmente", tout comme les "expulsions", qui ont été facilitées dernièrement par certaines lois et il n'y pas assez de "constructions de logements sociaux", a précisé Adeline Hazan, présidente de l'Unicef France.

Dispositifs saturés

"Très alarmantes", les données du baromètre sont toutefois sous évaluées, pointent Unicef France et la FAS: elles n'incluent pas les familles qui ont renoncé à joindre le 115, ni celles qui vivent en squats ou dans les bidonvilles. Les mineurs non accompagnés ne sont pas non plus comptabilisés. "L'Etat n'en fait pas assez", a estimé Manuel Domergue, porte-parole du Collectif des Associations pour le Logement. Elles appellent les pouvoirs publics à agir et à respecter la loi, qui prévoit "l'accueil inconditionnel de toute personne en situation de détresse".

Dans un rapport publié fin 2024, la Cour des comptes avait aussi jugé que l'Etat français ne remplissait pas "correctement" sa mission en matière de politique d'hébergement des personnes sans-abri et des demandeurs d'asile. Plus récemment, un rapport publié en juillet par trois inspections générales estimait que le programme d'hébergement d'urgence de la France souffre d'une sous-budgétisation chronique et d'un déficit de pilotage.

En 2024, ce programme a représenté 2,3 milliards d'euros pour 203.000 places en structure d'hébergement généraliste. Un nombre stabilisé depuis 2021 "malgré le contexte budgétaire contraint", a souligné le ministère du Logement, sollicité par l'AFP.

Il précise que le gouvernement a demandé aux préfets de "recenser" des personnes "bloquées dans l'hébergement d'urgence" car elles "n'ont pas les papiers nécessaires pour faire des demandes de logement" afin de les "régulariser". Cela leur permettrait de sortir du dispositif et de libérer des places.

Les associations réclament elles la création de 10.000 places supplémentaires, dont un millier pour les femmes enceintes ou sortant de la maternité. En février, une vingtaine d'entre elles ont déposé deux recours en justice contre l'Etat pour "carence fautive" dans la lutte contre le mal-logement.

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