Les médias, ces assassins par contumace

Fidèle à ses tropismes, Mme Vallaud-Belkacem a apporté sa réponse simpliste au drame ayant entraîné la mort du jeune Clément Méric. Interrogée ce matin sur i-Télé, la porte-parole du gouvernement a ainsi définitivement jugé que les médias faisaient la promotion des idées les plus haineuses, leur reprochant notamment "la tribune" offerte, selon elle, à Serge Ayoub, leader des Jeunesses nationalistes révolutionnaires. Mme Vallaud-Belkacem a affirmé qu’il "était extrêmement dangereux de donner à ce monsieur la possibilité de faire passer des idées auprès de jeunes qui peuvent les prendre pour argent comptant", ajoutant : "Quand on est responsable d’un média, il faut se poser la question de sa part de responsabilité."

Je voudrais tout d’abord rassurer la porte-parole du gouvernement : cette question de la responsabilité, nous nous la posons chaque fois que nous décidons de publier un article, de diffuser une image, elle est inhérente à notre pratique et la loi est là pour nous le rappeler. En France, par exemple, ceux qui "auront provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l'égard d'une personne ou d'un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, seront punis d'un an d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende ou de l'une de ces deux peines seulement".

Les journalistes ne rédigent pas la loi

Je voudrais ensuite rappeler à Mme Vallaud-Belkacem que lorsqu’un groupe – voire un groupuscule – est gravement mis en cause dans une affaire, il est de notre devoir d’en interroger les responsables. Or, par un curieux renversement des rôles, la ministre nous accuse de leur donner la parole, qui plus est avec complaisance. Mais qui rédige la loi ? Les journalistes ? Si un mouvement est jugé dangereux, contraire aux valeurs de la République, que Mme Vallaud-Belkacem et ses amis socialistes ne l’interdisent-ils pas ? Il faut rappeler ici que tous les Français financent les partis politiques, y compris le Front national (à hauteur de 5,5 millions d'euros pour 2013).

Pour finir, je m’interroge sur les motivations réelles d’une gauche toujours prompte à donner des leçons de république et de démocratie à tous, tout le temps, et qui ne prend aucune mesure concrète. Bien au contraire, elle met sans cesse de l’huile sur le feu, en désignant à la vindicte populaire des catégories de personnes, espérant par ce clivage reconquérir les électeurs perdus, au lieu d’apaiser les choses en laissant travailler la justice. Car, dans cette triste affaire, il y a des suspects (ayant d’ailleurs avoué), il y a de nombreux témoins et, je crois pouvoir le dire, des médias qui ont, pour le coup, fait leur travail. Je sais bien que pour Mme Vallaud-Belkacem le monde serait plus beau si l’on cassait les thermomètres et si les médias ne donnaient la parole qu’aux personnes saines de corps et d’esprit, c’est-à-dire partageant ses idées. Mais elle est la ministre d’un pays malade et ne semble toujours pas avoir compris qu’elle avait intégré l’équipe médicale. Ainsi, quand le doigt montre la lune, Mme Vallaud-Belkacem regarde le doigt.

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