Thomas Raffault
Thomas Raffault, directeur des Jardins de Lucie

La solidarité, ça se cultive, comme les salades

Près de Lyon, des hommes et des femmes, au chômage ou en grande précarité, se reconstruisent et retrouvent confiance grâce au travail de la terre.

Le maraîchage comme vecteur de réinsertion. C'est le pari des Jardins de Lucie, une association créée en 2001 à Communay, dans le sud de Lyon, dont l'objectif consiste à accompagner les salariés à s'insérer durablement dans le marché de l'emploi.

Si l'insertion n'est pas un long fleuve tranquille, la structure reconnue d'intérêt général a la main plutôt verte : aujourd'hui, les Jardins de Lucie cultivent petits pois, pois gourmands, épinards, fenouils, oignons, courgettes, tomates, pommes de terre, oignons, échalotes (etc.) sur sept hectares en bio et permet à 35 personnes en grande difficulté de réapprendre à travailler en groupe, de se réapproprier un savoir-faire. En une formule : de voir germer un sens à leur vie.

Aujourd'hui, les Jardins de Lucie, ce sont 630 familles adhérentes, 12 salariés permanents, 35 salariés en insertion et une soixantaine de bénévoles actifs.

Jardins de Lucie : voir germer un sens à sa vie

"C'est une belle association, à la limite de la petite PME, explique Thomas Raffault son directeur. C'est aujourd'hui près de 50 fiches de paie tous les mois. Ce sont donc des salariés permanents, des gens convaincus qui, à la fois, sont techniciens de leur métier, donc du maraîchage, de la transformation légumière et de l'animation pédagogique, et aussi techniciens du social, de l'humain dans l'accompagnement quotidien pour, encore une fois, ramener ces gens au plus près de l'emploi."

L'ambition des Jardins de Lucie n'est d'ailleurs pas forcément de les orienter tous vers les métiers agricoles mais de les aider à se reconstruire en retrouvant un lien avec la nature. "Aujourd'hui, 7 personnes sur 10 qui passent par chez nous partent vers de l'emploi durable, vers des entreprises de droit commun, dans l'agroalimentaire, dans l'industrie, dans le bâtiment, etc."


Retranscription intégrale de l'entretien avec Thomas Raffault

Bonjour et bienvenue à tous dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chrono. Nous accueillons aujourd'hui Thomas Raffault, directeur des Jardins de Lucie. Bonjour. C'est le printemps, le temps de préparer son jardin. Les Jardins de Lucie, c'est finalement une association d'insertion professionnelle par le maraîchage biologique. Ce n'est pas nouveau - mais c'est aujourd'hui la grande tendance - puisque ça fait 22-23 ans que ça existe les jardins de Lucie...

Tout à fait. Ça a été créé il y a 23 ans : trois fous qui ont commencé à cultiver un terrain pour accompagner des gens en situation de précarité, loin au niveau de l'emploi et au niveau social, pour leur redonner les codes, leur redonner envie, leur redonner confiance, par le maraîchage biologique, par la transformation légumière et par des animations pédagogiques

Quand vous parlez de personnes loin de l'emploi, c'est-à-dire si on peut être un peu plus concret pour voir la situation de ces personnes.

Alors, un an, deux ans, trois ans, dix ans sans activité professionnelle, des jeunes déscolarisés, des personnes qui ont vécu dans l'industrie des carrières et puis ça s'est cassé la figure pour des questions de vie privée familiale, qui font des fois l'emploi pêche un peu, que c'est compliqué à trouver. Nous, on est là pour réinstaurer une envie, une dynamique, un parcours dans ce milieu professionnel... alors pas forcément dans le maraîchage biologique, mais plutôt vers de manière très singulière ce que eux les anime dans le boulot de demain

Alors vous êtes à Communay, dans le sud de Lyon, vous avez 7 hectares, 630 familles adhérentes, 12 salariés permanents, 35 salariés en insertion, une soixantaine de de bénévoles actifs...

C'est une belle association, à la limite de la petite PME. C'est aujourd'hui près de 50 fiches de paie tous les mois. Ce sont donc des salariés permanents, des gens convaincus qui, à la fois, sont techniciens de leur métier, donc du maraîchage et de la transformation légumière et de l'animation pédagogique, et aussi techniciens du social, de l'humain dans l'accompagnement quotidien pour, encore une fois, ramener ces gens au plus près de l'emploi.

On parlait tout à l'heure des profils mais si on prend sur ces personnes qui sont en réinsertion chez vous, est-ce que ce sont plus des jeunes, plus des anciens ? Est-ce que vous arrivez quand même à faire une pyramide des âges ?

La pyramide des âges est vraiment très équilibrée, tout comme le genre. On pourrait se dire que le maraîchage est un métier d'homme pas du tout aujourd'hui c'est 50% de femmes 50% d'hommes. Et c'est aussi cet équilibre entre tous ces âges, tous ces gens qui viennent d'horizons différents, qui fait que ça fonctionne entre eux. Il y a de la solidarité : quand, aujourd'hui, un adhérent prend un panier aux Jardins de Lucie, c'est du local, du bio, du solidaire, parce que derrière il y a 35 hommes et femmes au quotidien qui cultivent.

Parce qu'effectivement, la mission des Jardins de Lucie c'est de réinsérer, de remettre dans la vie à l'emploi ces personnes qui étaient loin pour certaines précarités. Et puis, alors d'un côté, on peut adhérer donc l'adhérer c'est bien parce qu'un on reçoit son panier de fruits et légumes bio et en plus on fait une bonne action en réinsérant des gens. Combien coûte un panier, est-ce qu'on peut le trouver par exemple en Presqu'île de Lyon ?

Alors en Presqu'île de Lyon, dans certains dépôts, peut-être demain, à la MJC de Lyon 2, on l'espère.

En projet donc ?

En projet. On travaille beaucoup sur la couronne Vénissieux-Saint-Fons-Feyzin, en dépôt privé, donc sur des entreprises, et en dépôt public, sur des commerces de proximité. A la Guillotière également, où on peut aller chercher son panier en tant que citoyen lambda. C'est aussi 200 paniers sur Communay, où on draîne toute la population autour.

Et au total vous faites combien de paniers ?

400 paniers par semaine. 200 qui sont distribués sur la Métropole de Lyon et 200 qui sont distribués à partir du vendredi.

Et un panier ça coûte combien ?

Ça coûte entre 10 et 16 euros, selon que vous êtes une famille de 3 ou de 5. C'est à peu près le volume de légumes pour une famille.

On parlait de 35 salariés en réinsertion, est-ce que vous avez des projets, des ambitions ? Vous allez un peu plus loin ou pas ?

Aujourd'hui, c'est 7 personnes sur 10 qui passent par chez nous partent vers l'emploi durable. Donc c'est vers des entreprises de droits communs dans l'agroalimentaire dans l'industrie dans le bâtiment de premier second top. Donc voilà 7 sur 10 c'est déjà…

7 sur 10, c'est qui les 3 alors qui restent ?

Certains repartent vers leur déambulation professionnelle, certains se font reconnaître une maladie parce qu'on s'aperçoit que quand ils viennent chez nous beaucoup ont des souffrances psychiques somatiques, et du coup on va accompagner cette ouverture de droit vers des situations de handicap.

Là vous êtes à 35 salariés en insertion est-ce qu'on peut faire encore plus aller plus loin ou pas ?

On consolide et puis aujourd'hui la politique publique n'est pas dans un développement des places d'ateliers de chantiers d'insertion, on est plutôt dans une consolidation. Et donc nous aussi, au bout de 23 ans on consolide nos activités, on travaille beaucoup sur l'ouverture avec le monde des entreprises, que ce soit sur des team building solidaires : les entreprises viennent chez nous partager un bout de jardin. On travaille sur l'accueil des écoles, d'associations de personnes dans des situations de précarité.

Allez et puis ce sera le mot de la fin peut-être une actu à venir ?

Le 4 mai de 10h à 13h, on vend nos plants c'est un moment où on vend effectivement des plans pour votre balcon ou pour les jardins et pour partager un moment de vie associative surtout.

Merci Thomas Raffault d'être venu sur le plateau à très bientôt au revoir !

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