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Grève des médecins à Lyon : les généralistes sont-ils moins bien payés que les autres praticiens ? 

Jeudi et vendredi les médecins généralistes sont en grève pour demander une hausse de 25 à 50 € du prix de la consultation. Mais au fait, les médecins généralistes français sont-ils mieux ou moins bien payés que leurs confrères ? On fait le point. 

Près de 50 à 60% des cabinets de médecine générale devraient être fermés ce jeudi 1er décembre en raison d’une grève nationale des praticiens pour demander une revalorisation du prix de la consultation. De nombreux professionnels souhaitent la voir passer de 25 euros actuellement à 50 euros et pour la première fois depuis 2015 un très large front syndical soutenu par l’ordre des médecins se mobilise pour faire pression sur le gouvernement. 

"Cinquante euros, ça peut paraître complètement fou, mais c'est un point sur l'horizon pour s'approcher de la moyenne européenne" du tarif de consultation, autour de 45 euros, fait valoir Jérôme Marty, du syndicat UFML, rapporte l’AFP. Dans leurs différents appels à la grève, les syndicats présentent cette évolution tarifaire comme une nécessité pour créer un "choc d'attractivité" vers une médecine de ville écrasée par les tâches administratives au détriment du soin, et qui n'attire plus les jeunes. Présent jeudi sur BFMTV, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a indiqué souhaiter laisser "l'Assurance maladie travailler avec les syndicats".

Un salaire moyen de 92 000 euros

Cela étant dit, les médecins généralistes français sont-ils moins bien payés que leurs confrères ? Selon une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) parue en mars 2022, en 2017 le revenu moyen annuel d’un médecin généraliste était de 92 000 euros. Soit bien en dessous de la moyenne nationale de 120 000 euros enregistrée pour les médecins libéraux, toutes les spécialités confondues, mais c'est tout de même plus que certaines spé.


"Les généralistes ont considérablement remonté leur retard", Charles-Henry Guez, médecin généraliste à Sainte-Foy-lès-Lyon


"Les généralistes ont considérablement remonté leur retard. Certaines professions de la médecine sont encore très bien honorées, les ophtalmologistes, les radiologues… mais regardez les pédiatres ! Ils gagnent moins qu’un médecin généraliste, les endocrinologues c’est pareil", souligne le docteur Charles-Henry Guez, médecin généraliste à Sainte-Foy-lès-Lyon. À 63 ans, ce praticien de l’Union régionale des professionnels de santé médecins libéraux d’Auvergne-Rhône-Alpes (URPS) assure avoir fermé pour la première fois en 40 ans son cabinet ce jeudi. 

"Un reste à vivre" de 3 à 4 000 euros par mois

S’il reconnaît que le coût d’une consultation à 50 euros "est énorme pour celui qui est amené à payer", il insiste sur les nombreuses charges imposées aux professionnels par la caisse d’assurance maladie, notamment en termes de personnel, même si pour cela ils bénéficient d'aides spécifiques. Ce qui met à mal toute la profession, car, selon lui, "aujourd’hui les jeunes ne vont plus vers le libéral, car un médecin libéral arrive à dégager un reste à vivre qui est de l’ordre de 3 000 ou 4 000 euros par mois avec des temps de travail qui deviennent très important. Lorsque vous êtes médecin de famille, vous ne faites pas 35 heures, vous ne travaillez pas comme dans un centre de santé avec des jours de consultation", explique le praticien. 


"Il faut recevoir 40 à 50 patients par jour ce qui ne permet pas de faire une bonne prise en charge", Charles-Henry Guez, médecin généraliste à Sainte-Foy-lès-Lyon


Une crise de la profession qui impacte directement les professionnels en poste. "La caisse d’assurance maladie nous demande de voir de plus en plus de patients parce les gens n’arrivent pas à trouver de médecins traitants. Il faut recevoir 40 à 50 patients par jour ce qui ne permet pas de faire une bonne prise en charge", déplore auprès de Lyon Capitale le Dr Guez. Avant d’alerter sur l’état des professionnels eux-mêmes, "les médecins libéraux que l’on voit sur le terrain sont épuisés, ils n’en peuvent plus".

Réunis cet après-midi dans la CPAM du Rhône dans le 3e arrondissement de Lyon, les médecins s’inquiètent également pour leur liberté d’installation, qui pourrait être remise en question pour lutter contre les déserts médiaux. Les propositions de loi en ce sens s’accumulent depuis quelque temps au Parlement.

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