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Coronavirus : le point sur la situation des bars et des restaurants à Lyon, entretien avec le président de l'Umih du Rhône

Thierry Fontaine, le président de l'Umih du Rhône, 1er syndicat patronal du secteur CHRD (cafés-hôtels-restaurants-discothèques), réagit aux annonces du président de la République sur le calendrier d'ouverture des restaurants pour la mi-mai.

Un président répond au président. Au lendemain des annonces d'Emmanuel Macron instaurant de nouvelles restrictions pour tenter de freiner la propagation de Covid-19, Thierry Fontaine, à la tête des restaurants, bars, hôtels et boîtes de nuit du Rhône, est à la fois "mécontent" et "déçu".

Lyon Capitale : Comment réagissez-vous après les annonces du président de la République ? 

Thierry Fontaine : Ce n'est clairement pas une bonne nouvelle car on ne nous en dit pas plus. Systématiquement, on nous donne des espèces de plan pour lesquels comprend qui veut ou qui peut  comprendre. Là, on ne sait pas ce qui arrivera après la mi-mai... La seule certitude, c'est qu'on est cuit pour avril. Vous voyez le temps qu'il fait... Certains restaurateurs qui ont des terrasses vont se mettre la corde autour du cou. Christophe Marguin, le patron des Toques blanches lyonnaises, avait annoncé le 16 janvier dernier, "de source de source sûre mais officieuse", que les bars et les restaurants rouvriraient le 6 avril. Il avait travaillé avec  Guillaume Gomez (ancien chef de l'Elysée, aujourd'hui représentant de la gastronomie française auprès d'Emmanuel Macron, NdlR)...


"Au final, les bars et restaurants ne retrouveront leur capacité totale qu'au 1er septembre"


Tout le monde n'est pas logé à la même enseigne, des restaurateurs n'ont pas de terrasse...
C'est ça. C'est un plan en trois étapes : d'abord les petits déjeuners et les repas du soir dans les hôtels, pour les clients, puis les les terrasses et ensuite les restaurants en intérieur mais à 50% de leur capacité. Donc, on va commencer le plan de réouverture à la mi-mai. Imaginez : au 15 juin, on dit aux restaurateurs "vous pouvez ouvrir à 50%". Le 1er juillet, les Lyonnais vont partir en vacances et on n'aura pas l'afflux suffisant de touristes pour remplir les bouchons et les restaurants. Au final, ils ne retrouveront leur vraie capacité que le 1er septembre, pas avant.  Ce qui m'énerve, c'est qu'on a fait des demandes il y a longtemps. Prenez l'interdiction d'alcool sur les berges du Rhône. On a été en discussion avec la préfecture du Rhône il y a six mois, lorsqu'il y avait eu le scandale l'été dernier, avec les 6 tonnes de déchets ramassées en deux jours. On nous avait répondu que c'était délicat d'interdire. L'alcool vient d'être interdit. On avait vu juste.

Quelle est la situation financière des restaurants ?
Il y a ceux qui s'en sortent très bien car ils ont des petits loyers; leurs charges étant prises en charge à 100%, ils peuvent se dégager un salaire. Ces 60% de cafés-hôtels-restaurants s'en sortent mieux qu'avant et gagnent mieux leur vie. Ensuite, il y en a environ 15% qui parviennent à payer leurs charges sans avoir de salaire. Il puis il y a ceux qui sont à l'euro près.
Mais au-delà de l'aspect financier, il y a le coté psychologique : les discothèques sont fermées depuis 1 an et 1 mois, les bars et restaurants depuis plus de 5 mois... ça commence à être long, très long. Là, on va travailler sur l'ouverture des terrasses. Mais on a l'impression que personne ne nous écoute quand on propose des choses. On n'est pas des énarques donc on est des idiots ? Et un mois après, ils reviennent nous voir en nous disant "on a un problème". Pourquoi n'anticipent-ils pas ? On ne fait que courir après, les masques, les vaccins, les comportements de la jeunesse...


"En ouvrant aujourd'hui les terrasses, les jeunes seraient dehors mais encadrés."


Vous prônez une ouverture des terrasses plus tôt pour éviter les rassemblements festifs ?
Oui. Si on ouvrait d'ores et déjà les terrasses, par groupes de six personnes, on est sûr qu'il n'y aurait plus de fêtes car le propriétaire du restaurant fera tout pour que ce soit respecté. Les jeunes seraient en terrasse mais encadrés. Et au moins, l'économie tournerait un petit peu, ça ferait du bien au moral.

Pensez-vous que vous serez confronté à des problèmes de main d'oeuvre ?
Il y a effectivement ce point... On sait qu'on a perdu 1/3 de notre main d'oeuvre : ils ont trouvé autre chose, ont fait des formations sans pour autant démissionner pour pouvoir toucher le chômage partiel. Lorsqu'on aura une date précise de réouverture, ils ne reviendront pas tout et il faudra réembaucher.

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