Yannick Jadot en meeting à Lyon

À Lyon, Yannick Jadot et les écologistes rêvent de tous les "possibles"

À Lyon et entouré de Grégory Doucet et Bruno Bernard, Yannick Jadot a dévoilé son programme présidentiel articulé autour de l’écologie et de la justice sociale.

Pour les écologistes, Lyon et sa métropole sont devenus le carrefour des possibles depuis la vague verte de juin 2020. L'agglomération est l'épicentre d'une force politique qui aspire à devenir dominante à gauche. C'est déjà à Lyon que Yannick Jadot était venu présenter l'union des écologistes derrière lui, son équipe de France de l’écologie, à l’automne. Le candidat EE-LV à la présidentielle est revenu ce samedi à Lyon pour présenter son programme décliné en 120 mesures. Avant de l'égrener au milieu d’un peu plus de 700 militants à la Confluence, au H7, Yannick Jadot a laissé les maires verts dresser le bilan de leurs 18 mois d'exercice du pouvoir aux quatre coins de la France : Strasbourg, Poitiers, Grenoble, Bordeaux et donc Lyon. Grégory Doucet, hôte du jour, ouvre le meeting en taclant Emmanuel Macron et son ''quinquennat du renoncement'' en matière d'environnement. Il lui oppose la candidature de Yannick Jadot et ''son écologie de l'espoir et de la responsabilité’'. Les maires en préambule listent leurs réalisations comme autant d'exemples que l'écologie politique est sortie du registre incantatoire. “Nous pouvons être utiles à Yannick Jadot en faisant la démonstration de la preuve”, glisse Bruno Bernard au sortir du meeting. Quelques instants plus tôt, au micro avant l’entrée en piste de Yannick Jadot, il avait présenté les grandes lignes de son action à la métropole. “Gérard Collomb et d' autres nous avaient prédit l'effondrement de la métropole et elle se porte bien. Nous avons de bonnes relations avec le monde économique. Nous démontrons que l'écologie est compatible avec l’économie”, oppose le président de la métropole de Lyon.

“Pas une fatalité”

Les écologistes placent leur campagne présidentielle dans cette veine. Yannick Jadot a ainsi intitulé son programme “le projet des possibles”. Sur l' estrade dans une salle quasiment pleine, le vainqueur de la primaire du pôle écologiste donne le ton : “Je suis venu vous dire que les crises financières, le creusement des inégalités, cette pandémie et toutes celles à venir, les atteintes à nos libertés, à notre démocratie, le culte de la croissance aveugle et de la surconsommation effrénée, l’individualisme, l’effondrement de la biodiversité, les féminicides, les maladies chroniques et, bien entendu, le dérèglement climatique ne sont pas une fatalité”. Yannick Jadot veut bâtir sa République de l’écologie autour de deux piliers : l’environnement et la justice sociale.


"La dépendance aux énergies fossiles, c’est suicidaire pour le climat, pour le pouvoir d’achat, pour l’économie, c’est suicidaire sur le plan géopolitique. Notre monde est malade des fossiles"


Le candidat d’EELV lie les deux sujets : “c’est l’écologie qui peut apporter l’équivalent d’un 13e mois en s’attaquant résolument à la réduction des dépenses contraintes”. Pour ces dernières, il vise directement les énergies fossiles. “La hausse dramatique des prix des carburants plombe le budget de nos compatriotes, à commencer par les plus vulnérables. La crise de l’énergie, c’est celle que les écologistes annoncent depuis des décennies. Nous y voilà. La dépendance aux énergies fossiles, c’est suicidaire pour le climat, pour le pouvoir d’achat, pour l’économie, c’est suicidaire sur le plan géopolitique. Notre monde est malade des fossiles. Et ça, tous les gouvernements en sont responsables”, appuie Yannick Jadot qui à d’autres moments dans le meeting renverra la droite et la gauche dos à dos sur leurs politiques environnementales. Lui dresse une feuille de route plus exigeante : diminution de 55% des émissions de gaz à effets de serre d’ici 2030, l’arrêt du financement public pour les énergies fossiles ou les pesticides, instauration d’une fiscalité verte, suppression de la TVA pour les produits bio, rénovation thermique des logements. “Nous interdirons la vente de véhicules neufs avec un carburant fossile en 2030. C’est clair, c’est net. Le résultat, c’est qu’en quelques années, le parc sera majoritairement électrique, alimenté au biogaz ou à l’hydrogène vert. Le résultat, c’est une division par 4 de l’impact carbone des véhicules particuliers et utilitaires en France. Cette transition n’est pas un vœu pieux”, poursuit Yannick Jadot.

Revenu citoyen vs ISF

Pour la jambe gauche de son programme, la justice sociale, le candidat écologiste promet de s’attaquer aux inégalités qui se sont creusées notamment sous l’effet de la crise Covid. “À quel moment a-t-on laissé prospérer, en parallèle, tant de pauvreté ? Près de 10 millions de pauvres en France. Des jeunes, étudiants et étudiantes, qui font la queue pour un repas gratuit. Des retraités, abandonnés à l’isolement, à l’oubli, à la maltraitance, à la mort. Des familles que le déclassement guette. Des travailleurs précaires dont les moyens d’existence dépendent des risques qu’ils prendront sur la route pour livrer une pizza, contre une rémunération de misère. Un agriculteur qui se suicide presque chaque jour”, interpelle le député européen. Il flèche un début de réponses : “La fortune des milliardaires dans le monde a plus augmenté en 19 mois de pandémie qu’au cours de la dernière décennie. Les plus riches ont fait sécession, s’exonérant chaque jour un peu plus de leurs responsabilités fiscales, démocratiques, sociales et climatiques”. Lui président, il rétablirait l’ISF, relèverait les droits de succession. Il propose la création d’un revenu citoyen de 920 euros par mois, le montant du seuil de pauvreté. Durant son mandat, le SMIC connaîtrait une revalorisation immédiate de 10% puis atteindrait 1500 euros nets en 2027. Pour réarmer les services publics dont la Covid “a révélé la fragilité extrême”, l’eurodéputé veut recruter 200 000 fonctionnaires : 100 000 infirmières, 10 000 policiers, 3 000 juges ou encore 65 000 enseignants qui verraient leurs salaires relevés de 20%.

“Prêts à gouverner”

La salle valide à grands applaudissements ces mesures. À deux mois du premier tour et alors que les intentions de vote stagnent pour Yannick Jadot comme pour les autres candidats de gauche, le chef de file des écologistes motive les troupes : “Nous devons maintenant nous mobiliser, convaincre, partager notre projet. Rassembler les progressistes, les humanistes et tous les Français derrière l’impérieuse nécessité climatique et la justice sociale. Avec un seul objectif : transformer l’espoir en victoire”. Le chemin est encore long pour les écologistes, mais Yannick Jadot ne s’en inquiète pas. “Jusqu’à présent, la campagne était un show télé avec des polémiques et des invectives. Les Français comment à s’imprégner des projets. Nous montons en puissance, en énergie. Notre programme montre que nous sommes prêts à gouverner”, estime Yannick Jadot. Un argument rendu plus audible par la présence à ses côtés de maires qui se prêtent à l’exercice depuis 18 mois dans quelques-unes des plus grandes villes de France.

 

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