Les candidats à l’exploitations du Chalet du parc, abandonné depuis 2013, ont jusqu’au 18 mai pour déposer leur dossier. (Photo Hadrien Jame)

À l'abandon depuis 2013, le Chalet du Parc de la Tête d'Or devrait rouvrir aux Lyonnais d'ici 2026

Un peu moins de 10 ans après sa fermeture, le Chalet du Parc, autrefois lieu de restauration et de réception à la vue imprenable sur le lac du Parc de la Tête d’Or, voit son horizon s’éclaircir. La Ville de Lyon vient de lancer un appel à projets pour lui donner une seconde vie et le rendre aux Lyonnais, mais pas à n’importe quel prix.

Depuis leur arrivée à la tête de la ville de Lyon, le maire de Lyon, Grégory Doucet, et son adjoint au patrimoine, Sylvain Godinot, parfois épaulés par l’adjointe à la culture Nathalie Perrin-Gilbert, ne mâchent pas leurs mots lorsqu’il s’agit de parler du patrimoine de la ville de Lyon et de sa gestion sous les années Colomb. Alors au moment d’afficher ses ambitions pour les grands bâtiments emblématiques de Lyon laissés vacants, le maire avait choisi d’associer la vue à la parole. 

En conviant la presse lyonnaise au coeur du Parc de la Tête d’Or, dans le Chalet du Parc, l’édile offrait ainsi une vue imprenable sur le lac aux journalistes, affichant la valeur du patrimoine de la Ville tout en illustrant la décrépitude avancée de certains de ses bâtiments. Plaques de plafond tombantes, détritus, restes de mobilier abîmé, isolation quasi nulle, amiante, façade décrépite, odeur de renfermé voire de moisi, "le chalet du parc illustre l’état dans lequel on a trouvé une partie du patrimoine de la ville", lâche Grégory Doucet avec amertume. Avant d’ajouter, "en arrivant on a fait le constat d’un état déplorable et de vacuité d’un certain nombre de bâtiments qui ont des valeurs emblématiques pour les Lyonnais et qui ont contribué à faire la ville, comme ici ou au palais Guimet".

Le Chalet du parc possède une vue imprenable sur le lac du Parc de la Tête d'Or, sans doute son atout majeur au-delà de sa surface d'un peu plus de 1 700 m2. (Photo Hadrien Jame)

Se "réapproprier" le patrimoine vacant

Durant son mandat, la municipalité ambitionne donc de redonner vie à un certain nombre de ses sites vacants. Ceux ayant une "destination de logement ont été traités en priorité", assure Sylvain Godinot, à l’instar de l’ancien commissariat du 7e. Place désormais aux grands "objets patrimoniaux", qui représenteraient 3% du patrimoine de la ville, et qui coutent à la collectivité une centaine de milliers d'euros par an, afin qu’ils deviennent des lieux de "réappropriation". 


"Désormais nous sommes sur la première série de bâtiments pour lesquels nous lançons des appels à projet comme le chalet du parc et demain la Tour du Circ [fin avril, NDLR]", Sylvain Godinot, adjoint délégué à la Transition écologique et au Patrimoine


À l’évocation de ces sites, difficile de ne pas voir remonter de lointains souvenirs qu’il s’agisse du Chalet du Parc, fermé depuis 2013, du Musée Guimet, à l’abandon depuis 2007, de la Galerie des Terreaux, inexploitée depuis les années 90, de la Tour du Circ dans le 8e, bientôt délaissée, ou encore du site Neyret, dans le 1er, pas passé loin de la destruction après le déménagement de l’école nationale des beaux-arts de Lyon. L’ambition est donc forte, mais de tels projets sont aussi très dispendieux et compliqués à mener, à tel point que l‘adjoint au Patrimoine et à la Transition écologique ne cache pas que tous ne verront sûrement pas le jour, même s’il espère "qu’il y en ait au moins 4". 

Fermé depuis 2013, le Chalet du Parc s'est beaucoup dégradé au fil des années. (Photo Hadrien Jame)

D’ailleurs à l’entendre un seul de ces projets devrait sortir de terre d’ici la fin du mandat en 2026, alors que "pour les autres ça devient très compromis", en raison de leur complexité et de l’ampleur des travaux à mener. L’heureux élu choisi par la Ville n’est autre que le fameux Chalet du parc, cet édifice construit en 1964, à quelques coups de rames de l’île du Souvenir. Après avoir accueilli nombre de réceptions de mariages et nourris de nombreux Lyonnais venus s’asseoir à la table des chefs qui se sont succédé à la tête du restaurant ouvert jusqu’en 2013, le Chalet du Parc doit être redonné aux Lyonnais.  

Externaliser les coûts et l'exploitation

Pour arriver à ses fins, la municipalité n’entend toutefois pas mettre la main à la poche, mais n’a pas pour autant prévu de vendre le bâtiment de 1 740 m2, "les Lyonnais ne comprendraient pas que l’on vende une partie du parc", assure Sylvain Godinot. L’objectif est donc de faire assumer le coût de la remise en état à un acteur privé, qui prendrait possession du lieu sur la base d’un bail emphytéotique de 25 ans. 


"Il faudra donc qu’il y ait une activité commerciale capable de financer cette rénovation. Et le lieu devra aussi avoir une vocation d’éducation à la transition écologique", Sylvain Godinot, adjoint délégué à la Transition écologique et au Patrimoine


Toutefois, cette externalisation ne se fera pas sans un train de conditions imposées par la Ville. L’appel d’offres publié mercredi 6 avril précise que le locataire devra garder le lieu ouvert au public, proposer des activités de sensibilisation à la transition écologique et surtout inventer un modèle économique pour amortir le coût des travaux, estimé au bas mot à 4,3 millions d’euros, et ensuite faire tourner le site.

Le lieu qui a déjà accueilli un restaurant à l'époque pourrait de nouveau recevoir ce type d'exploitation, la mairie y est favorable. (Photo Hadrien Jame)

Un lieu ouvert au public et à l'écologie

"Lieu ressource amené à devenir une vigie de contemplation et d’admiration des merveilles de la nature dans un parc emblématique lyonnais", le Chalet du Parc nouvelle version ne sera pas accessible aux voitures, devra respecter les horaires d’ouverture du Parc et enfin aura pour impératif de préserver la quiétude du lieu. Autrement dit pas question de voir une boîte de nuit faire son nid au milieu de la flore de la Tête d’Or. Si la ville reste pour le moment assez vague sur la future exploitation du site, elle donne tout de même quelques pistes de projets qui peuvent être développés conjointement ou séparément. Une fondation environnementale pourrait ainsi côtoyer un restaurant durable, proposant de "la nourriture bio et responsable", une école de cuisine et certains espaces pourraient même être privatisés pour des séminaires et des événements peut-on lire dans l’appel d’offres, long d’une trentaine de pages. 

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"Ce ne sera pas une boîte de nuit. On ne peut pas avoir quelque chose qui viendra perturber le parc", Sylvain Godinot, adjoint délégué à la Transition écologique et au Patrimoine 


Un lot de contraintes qui pourrait réduire le nombre de candidats potentiels, d’autant que le maire de Lyon et ses équipes veulent avancer à marche forcée sur ce dossier afin de désigner un lauréat dès le 28 septembre 2022. Pour autant, la mairie centrale reste optimiste du fait de la "situation unique" du bâtiment, dont l’aspect extérieur, autre contrainte, devra rester le même. Reste désormais à savoir quel acteur aura les épaules assez solides pour relancer l’activité du Chalet du Parc et investir le coeur du poumon vert de Lyon. 

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