Six maires des communes de la Métropoles de Lyon subi des agressions entre 2021 et 2022. ©Céline Vautey
Six maires des communes de la Métropole de Lyon ont subi des agressions entre 2021 et 2022. ©Céline Vautey

42 maires de la métropole de Lyon en faveur du Lyon-Turin

42 maires des communes de la métropole de Lyon appellent à "l'Union Sacrée" pour peser en faveur du projet de liaison ferroviaire entre Lyon et Turin.

Tous les maires de droite de l'agglomération lyonnaise, mais aussi la maire PS de Feyzin, et plusieurs maires de centre-droit, étaient réunis à Saint-Priest ce mardi 6 juin. L'objectif ? Annoncer un soutien franc et massif en faveur du projet Lyon-Turin, et pointer la majorité écologiste, à la tête de la Ville de Lyon et de la Métropole de Lyon, opposée à la nouvelle ligne. Au total, 42 maires sur les 59 que compte la métropole.

Les écologistes dans le viseur

Une réunion qui intervient six jours après que des groupes socialistes de la région Auvergne-Rhône-Alpes et de la Métropole de Lyon - dont certains appartenant à la majorité de la Métropole de Lyon - ont affiché leur soutien au projet.

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Pour mémoire, le maire écologiste de Lyon, Grégory Doucet, rappelle régulièrement qu'il est "fermement opposé" au projet, qu'il considère comme "une aberration écologique". Une position au diapason des élus verts de la Métropole qui demandent la modernisation de la ligne historique Lyon-Modane, ouverte au XIXe siècle et toujours en activité depuis, au lieu d'une nouvelle ligne avec le tunnel.

Appel à l'Union Sacrée

Gilles Gascon, le maire LR de Saint-Priest appelle à "l'Union Sacrée" sur ce sujet : "Le projet se trouve aujourd'hui à la croisée des chemins et il nécessite un engagement urgent de l'Etat. Notre Métropole risque de rater un rendez-vous historique. Or les élus écologistes et la France Insoumise (LFI) font tout pour faire dérailler le projet. Le message envoyé est catastrophique. Je rappelle pourtant que les écologistes ont été les initiateurs du Lyon-Turin avant de lui tourner le dos. L'union sacrée est essentielle pour défendre nos territoires. Nous appelons les élus écologistes à étudier à nouveau leur position".

La maire de Feyzin, Murielle Laurent (PS), a elle aussi plaidé pour la liaison : "Certes, l'impact environnemental de ce chantier est important, mais il faut le ramener au bénéfice écologique futur. Les enjeux sont écologiques : il y a eu 47 millions de tonnes de marchandises entre Lyon et Turin en 2022, un record, avec 97% par la route et seulement 3% par le train. Le fret pollue 25 fois moins que la voiture".

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Le sénateur LR, Etienne Blanc, était aussi présent. Selon lui : "Je constate que la majorité des maires est pour le projet alors que la Métropole est contre. C'est l'expression de l'incohérence de la Métropole de Lyon telle qu'elle a été pensée à sa création. Comment peuvent-ils (NDLR : les écologistes) être contre alors qu'ils répètent à l'envie qu'il faut développer le fret ferroviaire ?".

78% des habitants de la métropole favorables au Lyon-Turin

Enfin, le délégué général à la Transalpine, l’association réunissant les acteurs défendant le projet ferroviaire, Stéphane Guggino, a présenté les résultats d'un sondage Ifop auprès des habitants de la métropole de Lyon : 78% des habitants sont plutôt favorables au Lyon-Turin, 9% plutôt opposés, et 2% tout à fait opposés.

Le plus grand tunnel ferroviaire du monde

Rappelons ce projet vieux de trente ans : les enjeux sont européens et pourraient révolutionner la manière de transporter des marchandises à travers les Alpes, sur les 270 kilomètres qui séparent Lyon de Turin. L’objectif est de porter le trafic à 40 millions de tonnes de marchandises échangées en mettant des camions sur des trains afin de capter les flux européens, au cœur d’un immense axe ferroviaire reliant Lisbonne à Kiev. L’idée étant de décarboner la vallée de la Maurienne, polluée par le trafic routier. Le projet se découpe en trois parties : les accès français (150 km), les accès italiens (60 km) et le tunnel de base (57 km), qui deviendra le plus grand tunnel ferroviaire au monde.

Problème, si l’Italie a déjà tracé un itinéraire, et a déjà voté son budget, pour ses propres voies d’accès au tunnel, il n’en ait rien pour la France qui traîne à prendre une décision. Résultat, les esprits commencent à s’échauffer côté italien à cause de ce retard, surtout que, sur le tunnel, les transalpins s’étaient engagés à payer proportionnellement davantage que la France, pour compenser leurs voies d’accès plus courtes que les françaises. 

Le calendrier sera-t-il tenu ?

"Selon le maître d'ouvrage TELT, on est dans les temps pour une livraison du tunnel en 2032. Le planning est toujours tenu" répond le délégué général de la Transalpine.

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Pour le contexte : en février dernier, Elisabeth Borne, la Première ministre avait choisi un scénario du comité d'orientation des infrastructures (COI). Ce scénario donne le cadre pour les années à venir sur le transport en France. Le scénario qu'elle a choisi repousse la livraison des voies d'accès françaises à 2045. De plus, ce scénario donne la priorité à la ligne historique sur les voies d'accès pour faire un Dijon-Turin. Les discussions sont encore en cours pour connaître enfin la position finale de l'Etat sur ce dossier brûlant.

La perspective d'un tunnel sans nouvelles voies d'accès se profile donc, sachant que la déclaration d'utilité publique (DUP) du projet expire en 2028.

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