©PHOTOPQR/LE PROGRES/Maxime JEGAT – Visite du chantier du tunnel Lyon-Turin
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Lyon-Turin : le spectre d’un tunnel sans trains

Le risque d’un tunnel dénué d’accès, et donc de trains, se profile tant la France peine à dessiner un tracé reliant Lyon au tunnel transalpin. Le futur plus grand tunnel ferroviaire du monde pourra-t-il accueillir des trains en 2030, lors de son ouverture ? Rien n’est moins sûr. Lyon Capitale  fait le point.

Comme la perspective d’un échec pour la France et pour Lyon. Le projet de liaison ferroviaire Lyon-Turin va-t-il sombrer dans les prochaines semaines ? L’État opère un tour de table financier auprès des collectivités locales depuis septembre dernier et il semble être tombé sur un mur, bien loin des discours politiques en faveur du projet. C’est le scénario catastrophe qui se dessine tant les difficultés s’accumulent pour “le chantier du siècle”. Pour une fois, les principales complications ne portent pas sur le tunnel transfrontalier séparant la France et l’Italie sur 57 kilomètres sous la montagne. Non, les discussions concernent les voies d’accès entre Lyon et le tunnel avec le risque d’avoir un passage souterrain dernier cri mais sans les raccordements à la hauteur des investissements. Un paradoxe qui aurait la saveur du scandale tant les enjeux financiers sont importants. Sur les seules voies d’accès françaises entre Lyon et le tunnel, les négociations partent d’un budget de 10 milliards d’euros. Pour mémoire, le tunnel coûterait jusqu’à 8,6 milliards, financés pour moitié par l’Union européenne. Côté Italie, le tracé des voies d’accès est déjà choisi pour 1,9 milliard d’euros et prévoit un flux de 25 millions de tonnes de marchandises par an. En retard, la France fait figure de mauvaise élève. D’autant plus si elle choisit un scénario handicapant les ambitions italiennes.
Les discussions concernent les voies d’accès entre Lyon et le tunnel avec le risque d’avoir un passage souterrain dernier cri mais sans les raccordements à la hauteur des investissements.

Rappelons ce projet vieux de trente ans : les enjeux sont européens et pourraient révolutionner la manière de transporter des marchandises à travers les Alpes, sur les 270 kilomètres qui séparent Lyon de Turin. L’objectif est de porter le trafic à 40 millions de tonnes de marchandises échangées en mettant des camions sur des trains afin de capter les flux européens, au cœur d’un immense axe ferroviaire reliant Lisbonne à Kiev. L’idée étant de décarboner la vallée de la Maurienne, polluée par le trafic routier. Le projet se découpe en trois parties : les accès français (150 km), les accès italiens (60 km) et le tunnel de base (57 km), qui deviendra le plus grand tunnel ferroviaire au monde.
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Lire aussi : Lyon-Turin : la Métropole de Lyon quitte le Comité pour la Transalpine Les coulisses des négociations tendues Le problème est simple : le projet ne se paie pas de mots, mais de monnaie sonnante et trébuchante. Clément Beaune, ministre des Transports en fonction depuis juillet, a donné la note lors de son passage à Lyon en septembre dernier : “Il faut mettre en face de l’ambition ferroviaire une ambition budgétaire.” L’État ne décidera rien sur les voies d’accès tant que, dans les négociations, les collectivités locales n’auront pas avancé sur le montant qu’elles sont prêtes à investir dans le projet. Une douche froide alors que la plupart des élus locaux aurhalpins avaient soutenu le scénario grand gabarit (voir encadré), le plus cher et aussi le plus favorable au fret (28 millions de tonnes de marchandises par an).
Nous, on dit que c’est un problème aux enjeux internationaux et qu’il ne faut pas nous refourguer la patate chaude" assure une source proche du dossier à la Région

Pour rappel, les voies d’accès sont déclarées d’utilité publique depuis 2012, obligeant donc les acteurs à les réaliser. Au total, l’investissement tournerait autour de 10 milliards d’euros, loin des 6,7 milliards annoncés lors des études de concertation. En résumé, l’Europe prend 50 %, reste donc à trouver 5 milliards. Les dernières affirmations du ministre laissaient entendre que l’État français pousserait jusqu’à 2,5 milliards pour sa part. Résultat, les collectivités locales devraient avancer le même montant en mutualisant leurs efforts. Dans le viseur de ces négociations : la Région Auvergne-Rhône-Alpes, les départements de Savoie et Haute-Savoie et les principales agglomérations, dont la Métropole de Lyon.

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