Photo PQR Le Progrès (MaxPPP)

Affaire du juge Renaud : "il faut protéger nos magistrats"

Georges Fenech est le juge d'instruction qui a rendu une ordonnance de non-lieu dans l'assassinat du juge Renaud, il y a 50 ans.

Le 3 juillet 1975, le juge d'instruction François Renaud était abattu à l’âge de 53 ans, près de son domicile, de plusieurs balles de calibre 38 spécial, à 2 h 30 du matin. Dans le cadre des différents hommages rendus au juge Renaud depuis un mois dans la ville de Lyon, nous avons donné la parole à Georges Fenech, juge d'instruction chargé de l'affaire du juge Renaud, qui a rendu, en 1992, une ordonnance de non-lieu dans le cadre de cette affaire.

L'ancien magistrat n'a pas souhaité répondre à nos questions au sujet de l'affaire Renaud et de la volonté de Francis Renaud, fils du juge assassiné, de rouvrir l'enquête.

Cependant, nous avons pu nous entretenir avec lui au sujet des risques liés au métier de magistrat. Pour rappel, le juge Renaud a été tué dans le cadre de l'exercice de ses fonctions, alors qu'il travaillait sur un dossier important relié au grand banditisme lyonnais.

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Magistrat un métier à haut risque

Comme le rappelle Georges Fenech : "Francis Renaud est tombé à l'occasion de l'exercice de ses fonctions. Je rappelle que quelques années plus tard, le juge Pierre Michel, magistrat instructeur à Marseille, est tombé lui aussi, assassiné par des narcotrafiquants qui eux, ont été jugés et condamnés.". Plus récemment, au début de l'année 2025, une tentative d'enlèvement visant un magistrat de Norges-la-Ville a pu être déjouée.

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Pour Georges Fenech, "le métier de magistrat est aujourd’hui exposé. [...] Mais pas que. Aujourd'hui, nous avons une sorte de puissance du narcotrafic qui a des moyens d’intimider les pouvoirs publics. Pas uniquement les magistrats, mais aussi l'administration pénitentiaire ou la police, la gendarmerie. Il faut le savoir et il faut y faire face. D'ailleurs, les ministres de l'Intérieur et de la Justice en font une préoccupation première. [...] Aujourd'hui, le narcotrafic a pris une telle ampleur qu'évidemment, les magistrats qui sont amenés à instruire, même à juger, compte tenu aujourd'hui de l'absence de crainte de ces détenus là. On a vu l'évasion de la DZ Mafia [la DZ mafia est un cartel de drogue originaire des quartiers nord de Marseille et qui a réalisé une série d'attaques contre des centres pénitenciers en avril 2025], par exemple, qui a assassiné deux fonctionnaires de l'administration pénitentiaire. Il faut évidemment avoir conscience qu'on peut tomber dans une sorte de situation à l'italienne des années 70, 80 où les magistrats en nombre ont été assassinés, comme le juge Falcone par exemple. Pour ne pas, justement, en arriver à de telles situations un peu à la mexicaine - parce qu’on parle souvent de mexicanisation de la criminalité en France, par des réseaux mafieux qui s'installent - ill faut d'abord protéger nos magistrats et il faut aussi les former au traitement de ce type de dossier, vous voyez, de façon à ne laisser place aucunement à la faiblesse."

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