L’extrême droite radicale poursuit son implantation dans le Vieux-Lyon

Après les Identitaires, c’est au tour du Gud d’affirmer sa présence dans le 5e arrondissement, avec l’ouverture de deux commerces et d’un local pour réunir ses quelques adeptes.

La boutique Made in England de Steven Bissuel, rue Juiverie
La boutique Made in England de Steven Bissuel, rue Juiverie

Le Vieux-Lyon comme arrière-base de l'extrême droite radicale ? La tendance semble se confirmer. Six ans après l'ouverture du local des Identitaires, la Traboule, montée du Change, et deux ans après l'expérience avortée de la Maison Bleue d’Yvan Benedetti et Alexandre Gabriac, rue Saint-Georges, c'est au tour du Gud d'affirmer sa présence dans ce quartier historique. Avec une préférence pour le secteur Saint-Paul. Si ces groupes sont peu nombreux numériquement, leur logique territoriale est évidente.

Responsable du Gud Lyon, mouvement radical dit étudiant relancé à Lyon sous l'influence d'Alexandre Gabriac en 2011, Steven Bissuel a ainsi ouvert une boutique 4 rue Juiverie. Polos Fred Perry, Bombers Longsdale... tous les classiques du genre y sont disponibles. De quoi affûter son look de parfait "gentleman fasciste". Un idéal mis en avant lors de la création de la branche lyonnaise du Gud (comptes rendus de réunion disponibles ici et ).

Tatouages et néofascisme italien

Portrait tatoué de Dominique Venner essayiste d'extrême-droite
Portrait tatoué de Dominique Venner essayiste d'extrême-droite

Dans la parallèle, rue Lainerie, c'est un salon de tatouage qui a ouvert ses portes au mois de septembre. Au numéro 10 de la ruelle pavée, se tient désormais le Point d'Encrage, où exerce Daniele Castellani dit “Pasquino”. Avant de traverser les Alpes, ce jeune Italien originaire de Rome s'est présenté aux deux dernières élections municipales sur les listes du mouvement néofasciste Casapound dans le 3e secteur de la capitale italienne (consulter les listes 2016 et 2013).

Un mouvement pour lequel le Gud français ne cache pas sa sympathie. Ses dirigeants viennent régulièrement donner des conférences en France. Et l'on ne compte plus les photos sur les réseaux sociaux faisant apparaître la collusion entre les membres des deux mouvements. Ici Steven Bissuel avec Simone di Stefano, vice-président de Casapound et tête de liste du parti au dernières élections municipales à Rome.

L’ombre de Logan Djian

Salon de tatouage Le Point d'encrage, rue Lainerie (capture écran Facebook)

Dans la palette de réalisations récentes du tatoueur italien, on retrouve notamment ce portrait de l’essayiste d'extrême droite Dominique Venner. Et, parmi ses clients fidèles, son ami Logan Djian, le patron du Gud Paris, condamné l'an dernier pour violences en réunion, à l'encontre de son prédécesseur.

Interdit de séjour en Ile-de-France, l'homme qui cache le blason de division SS tatoué sur son bras gauche quand il prend la pose avec Marion-Maréchal Le Pen, a lui aussi posé ses valises dans le 5e arrondissement, à la fin de l'été.

Tout ce petit monde se retrouve régulièrement dans le nouveau local du Gud, baptisé le Pavillon Noir. Une petite pièce exiguë, ouverte au 43 rue des Farges, avant de migrer au 73 quai Pierre Scize, où se serrent chaque semaine les quelques adeptes locaux entre les murs peints des portraits de Maurice Bardèche, Drieu la Rochelle ou Julius Evola.

Sur le modèle des Identitaires de la Traboule, les partisans du Gud organisent des conférences idéologiques. Les réunions se font autour de planches de saucisson et d'invités ayant une petite notoriété dans le milieu de l'extrême droite radicale. Comme, Sébastien de Boëldieu, chargé des relations extérieures de Casapound.

Rock identitaire et distribution de nourriture

En janvier, le local accueillera des groupes de rock proches de la tendance NSBM (national-socialist black metal). Des rencontres avec le groupe Baise ma Hache, qui reprend notamment un poème de l'écrivain collaborationniste Robert Brasillach, ou Peste Noire, qui se présente comme “nationaliste” et “racialiste”, sont ainsi annoncées.

Comme les Identitaires, parés de leurs tenues jaunes, le Gud organise aussi des distributions de nourriture une fois par semaine. Devant le métro Saint-Jean, le vendredi soir, leur stand a beau ne pas attirer les foules, les opérations sont largement relayées sur les réseaux sociaux.

Cette volonté d'enracinement de l'extrême droite lyonnaise dans le bas du 5e arrondissement est d'ailleurs accréditée par les débordements de la “marche des cochons” en 2011 ou encore le déroutement de la gay-pride depuis 2015.

En ouvrant maintenant des commerces, la droite radicale fait coup double, affirmant sa présence par des lieux communautaires tout en profitant de la rente générée par cette communauté.

La présence de l'extrême droite dans le Vieux-Lyon
La présence de l'extrême droite dans le Vieux-Lyon

* Le Gud a depuis été renommé "Bastion social", et pris possession en juin 2017 d'un immeuble du 2e arrondissement, pour venir en aide aux "SDF français". Une expérience rapidement avortée (lire ici

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