Fanny Dubot, maire Les Ecologistes du 7e arrondissement, est l'invitée de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.
Les vents sont contraires pour Les Ecologistes qui n'ont pas encore lancé leur campagne électorale en vue d'une réélection en mars prochain. L'union de la gauche incluant les Insoumis voulue par Grégory Doucet, maire sortant de Lyon, ne se fera pas. Anaïs Belouassa-Chérifi, députée LFI de Lyon, se présente contre lui. "On savait déjà depuis le début de l'été, quand on a commencé à discuter avec les autres formations de gauche, que la France Insoumise se préparait à présenter sa propre liste. Je crois que cela correspond à une stratégie nationale. Ce n'est pas le cas uniquement à Lyon, il y a aussi des enjeux autour de 2027. Donc pour nous, ce n'est pas une grande surprise. Et quand on regarde les propositions de fond que peuvent faire les Insoumis, on se rend compte que ce sont des choses qu'on a déjà mises en place à Lyon", balaie Fanny Dubot, maire Les Ecologistes du 7e arrondissement.
Elle revient aussi sur le sondage qui donne Grégory Doucet battu par Jean-Michel Aulas : "l’image de Grégory Doucet a été beaucoup déformée pendant ce mandat. On l’a traité de dogmatique. En réalité, c’est un pragmatique. Quand on est maire de Lyon, qu’on gère 8 000 agents, des écoles, des piscines, des gymnases, un certain nombre de politiques publiques, on est pragmatique. On travaille dans l’intérêt des Lyonnais et on porte une vision. Cette vision a souvent été travestie. Vouloir adapter la ville au changement climatique, faire la ville des enfants, cela a été caricaturé. Son image a été beaucoup altérée, mais dans cette campagne nous montrerons à quel point c’est un maire pragmatique".
La retranscription intégrale de l'entretien avec Fanny Dubot
Bonjour à tous et bienvenue, vous regardez 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction Lyon Capitale et aujourd'hui nous recevons Fanny Dubot, bonjour. Vous êtes maire écologiste du 7ème arrondissement de Lyon, vous vous apprêtez aussi à jouer un rôle important dans la campagne en vue d'une possible réélection de Grégory Doucet à la tête de la mairie de Lyon. Je voulais revenir un peu sur ces derniers jours parfois compliqués pour vous les écologistes, avec un sondage clairement pas bon pour vous, et un périmètre d'alliance qui commence à s'éclaircir à gauche. Les Insoumis vont porter leur propre liste, menée par Naysbel Ouassa, députée de la première circonscription du Rhône. C'est une clarification, c'est un coup dur pour vous. On se souvient que Grégory Doucet avait voulu repartir comme il avait terminé le mandat, avec les Insoumis dans la majorité.
Non, ce n'est pas nécessairement une surprise. Pour nous, on savait déjà depuis le début de l'été, quand on a commencé à discuter avec les autres formations de gauche, que la France Insoumise se préparait à présenter sa propre liste. Je crois que cela correspond à une stratégie nationale. Ce n'est pas le cas uniquement à Lyon, il y a aussi des enjeux autour de 2027. Donc pour nous, ce n'est pas une grande surprise. Et quand on regarde les propositions de fond que peuvent faire les Insoumis, on se rend compte que ce sont des choses qu'on a déjà mises en place à Lyon. Par exemple sur leur site internet, ils veulent des régies de l'eau partout : la régie publique de l'eau, c'est ce que nous avons mis en place à la Métropole dès 2021. Ils proposent aussi des cantines bio et locales. Finalement, ils se lancent en campagne sur des propositions qui sont déjà en œuvre à Lyon.
Leur objectif est de faire mieux. Ils reprennent une phrase de Jean-Luc Mélenchon après la présidentielle de 2022 : “faites mieux”. Vous dites finalement que si vous faites déjà aussi bien que vous, ce sera pas mal ?
Je pense que personne ne veut faire moins bien pour Lyon. Mais ce qui est sûr, c'est que nous avons avancé sur un certain nombre de sujets qu’ils portent aussi dans leur programme.
Ils vous reprochent de ne pas être assez à gauche. Quelles mesures de gauche peut-on retenir du mandat qui s'achève ?
Je pense que tout ce qui a été porté à Lyon est dans l'intérêt des Lyonnaises et des Lyonnais. C’est cela la gauche : l'intérêt public, les services publics, les rénovations d’écoles, l’extension des horaires dans les mairies d’arrondissement pour mieux accueillir le public, la gratuité partielle dans les transports en commun et les tarifications sociales de certains services publics. Tout a été fait pour que les habitants, et notamment les plus précaires, puissent se sentir bien dans cette ville. Je pense aussi à la construction de logements sociaux, et je peux en parler en tant que maire du 7ème. Donc non, je crois qu'on n’a pas à rougir de notre bilan de gauche, et c’est ce qu’on souhaite aussi porter pour les prochaines municipales. On porte une alliance des forces de gauche, certes sans la France Insoumise, mais avec un certain nombre de partis.
Finalement, le fait que les Insoumis partent seuls, cela vous simplifie peut-être le travail avec les autres partis de gauche, puisqu’ils représentent parfois une ligne rouge. Lundi, vous avez reçu le soutien de Debout, de Génération·s, de L’Après, et vous aviez déjà celui de Voix Commune. Les socialistes devraient venir maintenant qu’il n’y a plus les Insoumis. Finalement, ils vous ont peut-être aidés ?
Je ne sais pas s’ils nous ont aidés. Pour nous écologistes, la France Insoumise n’est pas un irritant. Mais la preuve que la gauche se retrouve dans notre liste, c’est que des anciens Insoumis comme Laurent Besetti veulent partir avec nous, rapidement derrière Grégory Doucet au premier tour. Voix Commune l’a annoncé par la voix de Renaud Père, et d’autres partis de gauche suivront. Vous avez cité le Parti socialiste, c’est effectivement quelque chose qui va arriver dans les jours à venir.
On voit dans le sondage Mag2Lyon de l’Institut Véiran, sur les intentions de vote à six mois des municipales, que vous ne faites pas le plein à gauche. Grégory Doucet est crédité de 40 % d’intentions de vote dans une ville qui compte quatre députés du NFP. Cela veut dire qu’il y a une déperdition des voix, que Jean-Michel Aulas arrive à séduire des électeurs potentiellement de gauche ?
Cela veut dire qu’il va falloir qu’on fasse campagne. Je crois que c’est aussi le cas dans d’autres villes. La fondation Jean Jaurès montrait que les sortants n’étaient plus forcément “préférés” aujourd’hui. C’est le cas à Lyon. Nous allons faire campagne sur des idées, sur un projet de gauche et écologiste, et surtout dans l’intérêt des habitants. C’est cela qui comptera en 2026.
Ce qui est paradoxal dans ce sondage, c’est que vos politiques publiques sont plutôt appréciées par les sondés. En revanche, cela ne se traduit pas en votes pour Grégory Doucet. Cela veut dire que vous avez un problème avec lui, sa personnalité, son image ?
Je ne sais pas si c’est un problème. Moi je trouve que l’image de Grégory Doucet a été beaucoup déformée pendant ce mandat. On l’a traité de dogmatique. En réalité, c’est un pragmatique. Quand on est maire de Lyon, qu’on gère 8 000 agents, des écoles, des piscines, des gymnases, un certain nombre de politiques publiques, on est pragmatique. On travaille dans l’intérêt des Lyonnais et on porte une vision. Cette vision a souvent été travestie. Vouloir adapter la ville au changement climatique, faire la ville des enfants, cela a été caricaturé. Son image a été beaucoup altérée, mais dans cette campagne nous montrerons à quel point c’est un maire pragmatique, avec une vision et proche des Lyonnaises et des Lyonnais.
Mais en quoi, par exemple, avez-vous été pragmatiques ? Parce qu’on a vu beaucoup de concertations remises en cause. Certains disaient : “On a participé, mais le résultat n’est pas celui attendu”. On a souvent entendu que le maire n’était pas totalement à l’écoute.
Je pense que la plupart des concertations ont été faites dans le respect de la parole des habitants. Il y avait un certain nombre de choses déjà décidées, ce qu’on appelle les invariants de la concertation. Le reste était soumis à discussion. Après, effectivement, certaines personnes n’étaient pas d’accord avec ces invariants, et cela a créé des tensions. Mais un maire d’une grande ville comme Lyon est forcément pragmatique. D’ailleurs, il s’est inscrit dans la continuité de ses prédécesseurs. Contrairement à ce qu’on a dit en 2020, il n’y a pas eu de révolution. Les “chars rouges” n’ont pas débarqué place Bellecour, comme cela avait été caricaturé. Donc je pense qu’il faut revoir ce mandat avec objectivité, ce qui n’est pas toujours le cas chez nos adversaires.

Doucet s'est lui-même bousillé son image par un dogmatisme rétrogarde. Cf Tour et Patrouille de France, manifs mai 2023, eurinoirs genrés, voies lyonnaises, dons au Hamas .. etc !
Doucet s'est lui-même bousillé son image par un dogmatisme rétrograde. Cf Tour et Patrouille de France, manifs mai 2023, eurinoirs genrés, voies lyonnaises, dons au Hamas .. etc! La maire du 7° est conforme.