Cédric van Styvendael, maire PS de Villeurbanne et vice-président de la Métropole de Lyon, est l'invité de 6 minutes chrono.
Alors que Jean-Michel Aulas a conclu un accord avec Pierre Oliver et Laurent Wauquiez, plus discrètement, la gauche essaie de se mettre en ordre de marche. Grégory Doucet, Bruno Bernard, Cédric van Styvendael, Hélène Geoffroy et Michèle Picard ont appelé à reconduire le périmètre d'alliance des élections métropolitaines de 2020. "Je vois de nombreux résultats concrets et surtout une majorité qui n’a pas passé son mandat à se tirer dans les pattes au détriment de la vie quotidienne des habitants de la métropole", souligne Cédric van Styvendael, maire PS de Villeurbanne.
Une démarche qui s'effectue pour l'heure sans la France Insoumise, autre composante de l'union de la gauche métropolitaine et qui a des ambitions dans toutes les villes détenues par la gauche. "À ce jour, il n’y a pas de maire LFI, peut-être que cela viendra et on le verra. Nous n’avons aucune volonté d’exclusion. Bruno Bernard l’a dit il y a quelques jours : ce périmètre-là n’exclut pas d’autres partis politiques qui pourraient nous rejoindre", pointe Cédric van Styvendael.
Le maire PS de Villeurbanne revient aussi sur la situation du narcotrafic dans sa commune : "Il serait exagéré de dire devant les Villeurbannais que la situation s’est améliorée. En revanche, à la question « peut-on agir ? », je revendique avoir obtenu des résultats dans le quartier du Tonkin, ce que reconnaissent également les habitants. Entre le moment où la collectivité s’est emparée de ce problème avec les habitants et l’État, la situation a évolué. Il y avait huit points de deal extrêmement lucratifs au Tonkin, il n’en demeure plus que deux ou trois, dont un qui se déplace régulièrement".
La retranscription intégrale de l'entretien avec Cédric van Styvendael
Bonjour à tous et bienvenue. Vous regardez 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Nous nous retrouvons pour une saison qui s’annonce chargée, avec notamment des élections municipales. Nous allons justement en parler avec Cédric van Styvendael. Vous êtes maire socialiste de Villeurbanne. Vous avez signé une tribune avec vos collègues Grégory Doucet, Bruno Bernard, Hélène Geoffroy et Michel Picard, publiée par Tribune de Lyon. Dans cette tribune, vous appelez à travailler ensemble encore pendant un mandat sur le périmètre d’union entre les socialistes, les communistes, les écologistes. Cette alliance apparaît comme celle de ceux qui pourraient craindre une éventuelle concurrence à gauche. Est-ce ainsi qu’il faut lire votre tribune, comme une réaction de ceux qui se sentent menacés par une autre candidature sur leur gauche ?
Chacun interprétera cette tribune comme il le souhaite. Je ne crois pas avoir souvent donné l’impression d’avoir peur de la démocratie et du vote. Je n’ai pas signé cette tribune par crainte, mais avec l’envie de témoigner que ce que nous avons fait pendant cinq ans porte des résultats, des fruits. Nous souhaitons donc continuer sur ce périmètre de l’union de la gauche. On peut me reprocher beaucoup de choses, mais pas d’être inconstant sur cette question, car je constate que cette union produit des résultats à la fois dans ma ville et au niveau de la métropole. Cette signature vient donc de là.
Quels résultats tangibles voyez-vous, après cinq ans de mandat, notamment à la métropole ?
Ce que je vois, c’est ce que nous avons réussi en matière de transport, en matière de politique sociale avec l’extension du dispositif du revenu de solidarité active pour les plus jeunes. Je vois aussi les avancées en matière d’encadrement des loyers avec les villes de Lyon et de Villeurbanne, et ce que j’ai pu accomplir en matière de culture avec le soutien du président Bruno Bernard. Je vois de nombreux résultats concrets et surtout une majorité qui n’a pas passé son mandat à se tirer dans les pattes au détriment de la vie quotidienne des habitants de la métropole. Je suis donc satisfait de la qualité de ce travail. J’ai pu à certains moments émettre quelques réserves sur la manière de conduire certains dossiers, et je l’ai fait publiquement, comme sur la zone à faible émission où je trouvais qu’on allait trop vite, que ce n’était pas suffisamment lié aux transports en commun. Il me semble avoir été entendu, notamment par rapport à certains arbitrages pris récemment par le président Bruno Bernard. Il y a donc beaucoup plus de choses qui nous réunissent avec cette majorité de gauche que de choses qui nous séparent, et qui pourraient fictivement conduire à se dire qu’il faudrait se compter pour voir qui pèse le plus. Depuis mon retour à Villeurbanne après une période de congé, les Villeurbannaises et Villeurbannais ne me parlent pas beaucoup d’alliances politiques, mais davantage de sécurité, de propreté, ou encore du calendrier des chantiers. C’est à cela qu’il faut répondre.
En ce qui concerne les alliances politiques, il n’a échappé à personne que dans l’alliance que vous définissez, il manque les Insoumis. Or c’est une composante importante, voire essentielle, de la gauche française et locale actuellement. Cela signifie-t-il que vous leur avez proposé de signer ce texte et qu’ils n’ont pas voulu, ou que vous ne vous êtes pas encore tourné vers eux ?
Ceux qui signent sont les présidents d’exécutifs, soit de la métropole, soit de mairie. À ce jour, il n’y a pas de maire LFI, peut-être que cela viendra et on le verra. Nous n’avons aucune volonté d’exclusion. Bruno Bernard l’a dit il y a quelques jours : ce périmètre-là n’exclut pas d’autres partis politiques qui pourraient nous rejoindre. Il n’y a personne de Place Publique qui signe cette tribune non plus, ni de Génération.s. Pour LFI, la question ne s’est pas posée dans ce premier périmètre, mais ce n’est pas du tout une déclaration d’hostilité à l’égard de la France Insoumise.
Souhaitez-vous, pour 2026, aux municipales et aux métropolitaines, à Villeurbanne et pour la métropole, une alliance semblable à celle d’aujourd’hui, allant des socialistes aux Insoumis ? Quel est votre souhait personnel ?
Ce que je souhaite d’abord, c’est que l’on construise un projet pour un autre mandat à la métropole, au service de son développement, des enjeux climatiques et sociaux. Ensuite, sur la base de ce projet, je crois qu’il ne faut pas exclure quiconque souhaiterait rejoindre ce projet, que ce soit LFI ou d’autres partis de gauche. C’est toujours ainsi que j’ai travaillé en politique, même si cela fait peu de temps que j’y évolue. J’ai toujours privilégié le projet et les idées avant de décider avec qui s’associer. Personne, aujourd’hui, ne déclare la guerre à quiconque en disant « tu n’en seras pas ». Peut-être certains le feront, mais pas nous.
Au niveau national, on observe régulièrement des anathèmes entre socialistes et Insoumis. Élu socialiste, vous faites face à la possibilité d’une liste insoumise aux élections municipales à Villeurbanne. Localement, ces tensions sont-elles moins fortes ?
Je ne sais pas si localement ces tensions sont moins fortes. Pour l’instant, personne n’a pris la parole à ce sujet. Ce que j’observe, c’est que nous avons été élus à la métropole pour appliquer un programme et que, cinq ans et quelques mois plus tard, nous n’y avons pas dérogé. Je n’ai pas entendu de membres de LFI critiquer ce programme, hormis sur quelques positions particulières. Qu’est-ce qui empêcherait de conduire un nouveau projet pour les six prochaines années sur le même périmètre ? Je ne vois pas ce qui nous en empêche. Peut-être que certains pensent que ce n’est pas possible, mais cela leur appartient.
Les attentes des Villeurbannais, notamment sur la sécurité, sont fortes. Villeurbanne a connu, pendant votre mandat, des épisodes de fusillades liés au trafic de drogue, un problème rencontré par de nombreuses villes moyennes, plus petites ou grandes. Pensez-vous qu’il soit possible d’agir et d’obtenir des résultats ? À Villeurbanne, la situation s’est-elle améliorée ?
Il serait exagéré de dire devant les Villeurbannais que la situation s’est améliorée. En revanche, à la question « peut-on agir ? », je revendique avoir obtenu des résultats dans le quartier du Tonkin, ce que reconnaissent également les habitants. Entre le moment où la collectivité s’est emparée de ce problème avec les habitants et l’État, la situation a évolué. Il y avait huit points de deal extrêmement lucratifs au Tonkin, il n’en demeure plus que deux ou trois, dont un qui se déplace régulièrement. C’est une première évolution. Il n’y avait pas de police nationale affectée à ce quartier, elle est présente aujourd’hui et les habitants plébiscitent cette brigade de sécurité territoriale. Je ne dis pas que la situation s’est significativement améliorée à Villeurbanne. Cet été, il y a encore eu des tirs liés au narcotrafic. Mais nous avons démontré qu’il n’y a pas d’impuissance en matière de sécurité publique. En tant que maire, je n’ai jamais relâché mes efforts sur ce sujet. J’ai obtenu des résultats et tenu tous les engagements pris en sécurité publique pendant la campagne. Ce que j’ai fait a été annoncé dès l’élection : doubler la police municipale, objectif atteint ; doubler le nombre de caméras, finalement triplé et bientôt quadruplé ; ouvrir un centre de surveillance urbaine opérationnel, ce qui n’existait pas avant ; installer deux postes de police municipale, dont l’un déjà en activité et l’autre en préparation, en version mobile pour mieux s’adapter à la ville. Je refuse de parler de fatalisme en ce qui concerne la sécurité, bien que les chiffres ne soient pas vraiment en amélioration. Lors d’un échange avec le sénateur Jérôme Duran et Étienne Blanc, ils ont dressé un état des lieux du narcotrafic à l’échelle nationale : en six mois, quarante villes supplémentaires sont concernées ; il y en avait 120 au début du travail parlementaire, il y en a désormais 160.