Le départ de la 16e édition du Tor des Géants est donné dimanche 14 septembre à Courmayeur, la voisine française de Chamonix, distante d'une vingtaine de kilomètres.
Le Tor des Géants, c'est l'utra-trail de tous les superlatifs : 336 kilomètres, 26 000 mètres de dénivelé positif (3 fois l'Everest), 34 communes et 14 vallées traversées, 25 cols à plus de 2 000 mètres franchis, dont deux dépassent les 3 000 mètres, un point culminant à 3 295 mètres d'altitude (le col Loson), 30 lacs alpins, 2 parcs naturels, 38 points de ravitaillement, 6 bases de vie. Et 150 heures pour le boucler.
"C'est certainement l'une des courses les plus difficiles, compte tenu de sa longueur, du dénivelé total, des tronçons techniques et des altitudes élevées auxquelles elle se déroule en moyenne, admet Pietro Trabucchi, psychologue du sport qui l'a courue quatre fois. De plus, elle revêt une signification particulière, car elle fait le tour d'une région entière qui n'est pas seulement une entité administrative et politique, mais aussi une entité historique, ethnique et humaine particulière."
À cheval entre la France et l’Italie, la Vallée d'Aoste est un territoire sauvage qui a su conserver un caractère qui lui est propre. Ici, la montagne, c’est sacré.
Le tracé du Tor des Géants (16e édition cette année) dessine une boucle complète autour des quatre géants de plus de 4 000 mètres : le Mont Blanc (4 810 m), le Mont Rose (4 634 m), le Cervin (4 478 m) et le Grand Paradis (4 061 m). Cette configuration unique permet aux coureurs d’évoluer constamment sous le regard de ces sommets emblématiques.

Le départ se fait sur l'Alta Via 2, le long du versant sud de la Vallée d'Aoste pour la première moitié de la course. Dénommée la Haute Route naturaliste, l'itinéraire se déroule en grande partie sur les territoires du Parc National du Grand-Paradis et du Parc Régional du Mont-Avic, dans la haute et la moyenne montagne, passe à travers prés, pâturages, bois et pierriers et reste généralement à une altitude moyenne de 2000 mètres même s’il atteint parfois les 3000 mètres (le col Loson est à près de 3300 m).
Le retour à Courmayeur passe par l'Alta Via 1, tracée sur le versant qui domine la rive gauche de la Doire Baltéen, qui se déroule au pied du Mont-Rose, du Cervin et du Mont-Blanc. Ce dernier, qui se déroule dans la haute et la moyenne montagne, passe à travers prés, pâturages, bois et pierriers et il reste généralement à une altitude moyenne de 2 000 mètres même s’il frise souvent les 3 000 mètres ( comme au col de Malatrà qui se trouve à 2 925 m ).

Cette traversée quasi-intégrale fait du TOR le seul ultra-trail touchant une région entière, à savoir la plus petite région d'Italie, la moins peuplée mais aussi l'une des plus spectaculaires, blottie au pied des plus hauts sommets d'Europe.
Courmayeur, la voisine française de Chamonix distante de seulement 22 kilomètres, est l’une des grandes capitales de l’alpinisme et du ski. Juste à la sortie du tunnel du Mont-Blanc, Courmayeur, avec ses 2000 habitants à l’année, a gardé le charme des villages montagnards d’antan. La station, qui s’est développée dans les années 1960-1970, est composée de plusieurs petits hameaux dotés de baitas, ces chalets traditionnels italiens en pierre et bois, recouverts de toits de lauzes, typiquement valdôtains. Rappelant nos chalets savoyards, ils alternent avec des constructions plus modernes, dans une harmonie savamment dosée. Ambiance chic et décontractée de ce village valdôtain, où chante le bel accent italien.
La Vallée d’Aoste s’étend en Italie sur le versant sud du Mont-Blanc, de Courmayeur jusqu’à la plaine du Pô. Elle est sillonnée par les eaux de la Doire Baltée d’où rayonnent 14 vallées latérales, creusées par les glaciers et les torrents. Sa position de carrefour des Alpes occidentales en a fait un lieu ouvert aux multiples influences culturelles.
On parle ici le français dans chaque maison ou presque, un héritage qui date de l’époque où le Val d’Aoste était rattaché à la Savoie. En 1948, le Val d’Aoste a négocié son annexion à l’Italie post-Mussolini en négociant un statut de région autonome qui reconnaît deux langues officielles, le français et l’italien. Aujourd’hui, le français est toujours enseigné dans le système éducatif qui est, à tout niveau, bilingue. Le francoprovençal valdôtain (répertorié à l’Atlas de l’Unesco), mais aussi le “titsch” à Gressoney et le “töitschu” à Issime, sont également parlés par les habitants.
Ce creuset culturel a donné naissance à l’un des écrivains les plus en vue du moment : Paolo Cognetti. Originaire du Val d’Aoste, il est l’auteur de plusieurs succès, dont le roman Huit Montagnes récompensé du prix Médicis étranger en France en 2017. Dans ses livres, il raconte les mystères des montagnards valdôtains et la beauté des lieux. LaFeltrinelli, est d’ailleurs la plus haute librairie du monde perchée sur la pointe Helbronner à 3 466 mètres d’altitude. Elle est accessible via le Skyway Monte Bianco et ouverte tous les jours en saison.
Camille Belsoeur
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