Bruno Bernard présente une projection de la ferme dans sa version définitive (2027-2028)

Une ferme gérée par la Métropole de Lyon pour plus d’autonomie et de “justice alimentaire”

Financée par la collectivité et la CNR (Compagnie Nationale du Rhône), la première ferme métropolitaine en régie agricole s’installe à Chassieu et se prépare pour la rentrée scolaire.

Lors de la visite de la nouvelle ferme urbaine, Bruno Bernard, président de la Métropole, n’a pas tardé à évoquer la mobilisation citoyenne contre la loi Duplomb pour affirmer que l’écologie et l’agriculture sont des sujets qui intéressent les Français. Cela lui permet, entre autres, de justifier la politique agricole ambitieuse - qui devrait s’élever à 10 millions d’euros entre 2021 et 2026 - de la Métropole de Lyon. Dans ce cadre, la collectivité a ainsi annoncé l’ouverture de la première ferme en régie à l’échelle d’une métropole, affirmant le rôle “essentiel” qu’elle doit jouer dans la crise agricole actuelle.

De gauche à droite : Bruno Bernard, Jérôme Camus et Mewan Melguen (responsable de l'exploitation agricole) © Violette Descharmes

Bruno Bernard, accompagné de Mathieu Stortz (Directeur général de la CNR) et de Jérôme Camus (vice -président de la Métropole), présente aux journalistes la première ferme métropolitaine, tout en les rassurant sur le caractère non fini des travaux : “nous ne sommes là que depuis 9 mois”.

Ferme urbaine, Chassieu

La visite commence par une présentation des légumes déjà récoltés depuis l’ouverture : courges, oignons, patates douces ; puis se poursuit dans la salle des machines qui permettent aux deux maraîchers salariés de gagner du temps “précieux”. Nous nous dirigeons ensuite vers les terres, qui ne sont pas encore toutes exploitées - mais le vice-président de la Métropole nous rassure : “à terme, il n’y aura pas de jachère” sur les 4 hectares de terrain, avant d’ajouter qu’il faut “optimiser au maximum les terres”. 

C’est ici que l’on voit réellement l’ambition de la Métropole car, si ce projet poursuit d’abord un objectif de production, il doit également servir de “vitrine” pour de nouvelles pratiques agricoles plus éthiques et durables. En proposant un “nouveau modèle agricole”, la Métropole veut montrer qu’il est possible de concilier une agriculture biologique et respectueuse de l’environnement avec des bonnes conditions de travail pour les maraîchers.

Avec cette ferme urbaine, la collectivité entend ainsi mettre en avant une agriculture biologique ; mais aussi des pratiques issues de la permaculture, utilisant les atouts naturels pour économiser de l’eau, augmenter les rendements, lutter contre les ravageurs ou ramener de la biodiversité.

Mewan Melguen, responsable d’exploitation agricole pour la Métropole de Lyon

Mewan Melguen, agriculteur salarié de l’exploitation, nous explique par exemple son projet de planter environ 1,5 km de bandes fleuries pour attirer des pollinisateurs et améliorer naturellement les rendements de la prochaine récolte de courges.

De la même façon qu’il nous raconte ses réussites, il tient à nous faire part de sa dernière expérimentation qui s’est révélée être un “semi échec” : planter des trèfles à proximité des choux pour conserver l’humidité dans le sol, enrichir la terre et éviter un long désherbage. Mais ces derniers ont finalement étouffé en partie la production. Un "semi-échec" car les leçons qu’il en a tiré lui seront utiles dans le futur et pourront même “servir aux maraichers autour”. De plus, la configuration en régie permet de laisser une place plus grande pour les expérimentations - même lorsqu’elles ne sont pas tout à fait concluantes - car elle implique une prise en charge par la Métropole des risques financiers liés à l’activité. Mewan affirme que cette configuration est bénéfique, puisqu’elle lui garantit une sécurité financière, moins d’heures de travail, et du matériel performant. 

Entre 60 et 80 tonnes de fruits et légumes bio par an

Concernant la mission nourricière de la ferme urbaine, la Métropole de Lyon entend proposer un véritable projet politique écologique. Cette ferme devrait permettre à la collectivité d’approvisionner les cantines de 36 collèges en produits bio et locaux, en produisant entre 60 et 80 tonnes de fruits et légumes bio chaque année. La Métropole veut, à terme, atteindre les 100% de bio et 50% de local dans la restauration collective, un objectif ambitieux qui dépasse les attentes fixées par la loi EGalim - a minima 20% de produits issus de l’agriculture biologique dans la restauration collective du secteur public. 

Enfin, ce lieu devrait, d’ici 2027-28, assurer une fonction pédagogique : facilement accessible grâce au tramway T5, elle pourrait accueillir des collégiens pour leur montrer le fonctionnement d’une ferme. 

Lire aussi : Dans les cantines lyonnaises de Lyon, des innovations, pas de révolution

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