Bernadette Angleraud, professeure d’histoire en classes préparatoires au lycée Édouard-Herriot, est co-autrice, avec Catherine Pellissier, de Les Dynasties lyonnaises : des Morin-Pons aux Mérieux du XIXe siècle à nos jours (Perrin, 2003).
Lyon Capitale : Comment définit-on une dynastie ?
Bernadette Angleraud : Pour l’historien François Crouzet, le terme s’applique à des familles qui possèdent, contrôlent et gèrent leur entreprise au moins sur trois générations. C’est difficile à appliquer à Lyon car si l’on peut retracer de belles dynasties qui égrènent les générations au fil des siècles, comme les Morin-Pons, les Guérin, les Gillet ou les Buffaud-Robatel, de nombreuses familles industrielles ont eu des parcours moins linéaires. Certains itinéraires sont hachés, la famille s’éclipsant de la direction des affaires un temps pour y revenir plus tard, c’est le cas des Descours & Cabaud ou des Gattefossé. Certaines dynasties sont recomposées car, pour sauvegarder la dimension familiale de l’affaire, il a fallu élargir le cercle des recrutements familiaux. On fait alors appel à des neveux, dessinant des dynasties diagonales, ainsi en est-il d’Arnould Chastel, neveu de Jean Coignet, ou pour Souchon-Neuvesel d’Antoine Riboud, neveu de Lucien Frachon. Dans d’autres cas, il faut encore élargir le cercle des recrues, ainsi Yves Rinck est un lointain cousin des dirigeants de la Brasserie Georges. Quant à Joseph Boucaud, il n’est que le fils spirituel du chocolatier Léon Voisin. Mais parfois, la relève n’a pas pu être assurée et l’histoire a tourné court, comme pour les Lafont ou les Trouilhet, fondateurs de la marque Calor. À l’inverse, certaines familles ont fait preuve d’une remarquable prolificité tant sur le plan démographique qu’économique. Ainsi, parfois, plusieurs membres d’une fratrie ont créé leur propre entreprise familiale qui a perduré sur plusieurs générations, les Seguin, les Coignet ou les Rochet illustrent ces bourgeonnements dynastiques.
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