Hubert de Boisse, bâtonnier du barreau de Lyon pour le mandat 2026-2027
Hubert de Boisse, bâtonnier du barreau de Lyon pour le mandat 2026-2027

"On est là pour aider à la manifestation de la justice" assure Hubert de Boisse

Hubert de Boisse, nouveau bâtonnier élu du barreau de Lyon pour le mandat 2026-2027, est l'invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.

Avec 4343 avocats (actifs et honoraires), le barreau de Lyon est le 2e plus grand de France, après celui de Paris*.

* chiffres donnés par le Barreau de Lyon

Elu par ses pairs le 18 juin dernier, l'avocat d’affaires Hubert de Boisse (Bunch) a sera le prochain bâtonnier de Lyon pour le mandat 2026-2027 (Me Maître Florence Wischer est élue vice-bâtonnier, spécialiste en droit de la famille et du patrimoine). Il prendra ses fonctions le 1er janvier 2026 après une période dite de "delphinat", destinée à accompagner les nouveaux élus par le bâtonnat actuel dans la préparation de leur prise de fonction.

Porte-parole des avocats lyonnais, il représente le barreau dans tous les actes de la vie civile, exprime l’avis de la profession et est l’interlocuteur privilégié des pouvoirs publics. Il a également un rôle d’apaisement entre avocats et magistrats.


Lire aussi : "Les avocats doivent travailler avec la justice pour réduire les délais"

"L’intelligence artificielle pénètre toute la société, donc elle pénètre nos clients, les justiciables."

"Notre profession est percutée par des phénomènes qui s'accumulent, plaide Hubert de Boisse. On est une profession qui va très bien, avec un chiffre d'affaires en hausse, des effectifs en hausse, mais aussi de grosses inégalités de revenus dans la profession. Et on a cet impact très fort de l'intelligence artificielle, d'une part, une dégradation — il faut bien le dire — du service public de la justice, avec l'allongement des délais de procédures que subissent nos clients, et puis enfin une perte d'attractivité de la profession, qui est un peu le reflet d'un phénomène sociétal national."

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Les candidats Me Hubert de Boisse  et Me Florence Wischer, seuls candidats, ont été élus avec 1 266 voix. 
Inscrits : 4 343
Votants : 1 791
Bulletins blancs : 521
Suffrages valablement exprimés : 1 266
Votes nuls : 4

Lire aussi : Hubert de Boisse élu à la tête du barreau de Lyon


La retranscription intégrale de l'entretien avec Hubert de Boisse

Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chrono. Nous accueillons aujourd'hui Hubert de Bois, qui est le nouveau bâtonnier du Barreau de Lyon.

Bonjour Guillaume.

Merci d'avoir accepté notre invitation. Vous venez d'être élu au Barreau de Lyon pour le mandat 2026-2027, un mandat que vous allez démarrer en janvier 2026. Le Barreau de Lyon, pour préciser, c'est le deuxième barreau de France avec 4 343 avocats actifs et honoraires. Qu'est-ce que le bâtonnat, rapidement ? C'est le porte-parole de la profession, c'est l'interlocuteur privilégié des pouvoirs publics aussi. Il y avait quand même une première question : quelle va être finalement votre feuille de route dans les grandes lignes ? Quelles vont être les grandes lignes de votre mandat ?

Alors écoutez, en fait, notre profession est percutée par des phénomènes qui s'accumulent. On est une profession qui va très bien, avec un chiffre d'affaires en hausse, des effectifs en hausse, mais aussi de grosses inégalités de revenus dans la profession. Et on a cet impact très fort de l'intelligence artificielle, d'une part, une dégradation — il faut bien le dire — du service public de la justice, avec l'allongement des délais de procédures que subissent nos clients, et puis enfin une perte d'attractivité de la profession, qui est un peu le reflet d'un phénomène sociétal national.

Alors je voulais revenir sur ces délais, parce qu'effectivement votre prédécesseur, enfin qui est encore actuel bâtonnier, Albin Blagère, a déjà commencé à travailler justement avec la justice pour réduire ces délais. Est-ce qu'il faut aller encore plus loin ? Et déjà, quel a été le bilan de l'actuel bâtonnier sur ce sujet ? Et est-ce qu'il faut aller plus loin ?

Alors il faut aller plus loin parce qu'on a des domaines dans la justice qui sont vraiment sinistrés. On ne peut pas accepter que des gens soient contraints de continuer à vivre ensemble alors qu'ils veulent divorcer. On ne peut pas accepter que, moi, vous voyez, par exemple, je suis spécialisé en droit économique, dans des dossiers de concurrence déloyale, et avec des dossiers qui sont jugés parfois cinq ans, sept ans, huit ans après. On ne peut pas accepter qu'à la cour d'appel on ait des audiencements aujourd'hui à 2028, et surtout avec une réforme — enfin des conditions de procédures civiles — qui font qu'en fait, le dossier prend la poussière pendant trois ans, pendant lesquels il ne va rien se passer. Absolument rien. On attend l'audiencement et uniquement l'audiencement, alors que les avocats ont conclu de chaque côté et pourtant l'affaire n'est pas en état d'être jugée. Donc on ne peut pas se satisfaire de cette problématique. Et moi, l'ambition que j'ai, c'est celle que le barreau de Lyon a eue en permanence à travers les âges : c'est d'aider la magistrature, les greffes, à travailler ensemble à des petites échelles locales, chambre par chambre, pour essayer de trouver des solutions.

Et justement, c'est le travail qui est commun entre magistrats et avocats. Comment se passent ces relations ? Ce sont des relations qui se passent plutôt bien ou ça peut être un peu parfois tendu, pour des raisons d'idéologie ou autre ?

Non, on a de très bonnes relations avec les magistrats, ce sont des professionnels, des gens qui ont le sens du service public chevillé au corps. J'ajoute aussi à ce tableau les greffiers, parce qu'on forme vraiment un triptyque. Vous savez, nous, les avocats, on considère vraiment qu'on est des auxiliaires de justice, c’est-à-dire qu’on a une place qui est indispensable dans la chaîne de justice. Auxiliaire, en latin, ça veut dire aider. On est là pour aider à la manifestation de la justice, avec les greffiers, avec les juges, et on a toujours, dans l’histoire, trouvé des solutions ensemble.

Il y a un autre défi, vous en parliez dans votre feuille de route pour votre prochain mandat, c’est l’intelligence artificielle. L’intelligence artificielle — on avait déjà reçu un avocat du barreau de Lyon qui était un peu spécialisé, en tout cas qui animait une conférence sur le sujet. Finalement, quels sont les grands défis : avocat et intelligence artificielle ?

Alors ils sont de plusieurs ordres. D’abord, l’intelligence artificielle pénètre toute la société, donc elle pénètre nos clients, les justiciables. Il y a toute une couche d’informations de base qui, auparavant, dans un passé assez lointain — parce que les choses ont déjà changé avec Internet — était moins accessible. Aujourd’hui, les justiciables y ont accès. Ces informations de base, les avocats n’ont plus tellement de valeur ajoutée à y apporter, si ce n’est de déminer les sujets et d’être pour les justiciables, en quelque sorte, des passeurs de mots, des interprètes de cette masse d’informations pour la mettre à profit de leur dossier.

La deuxième chose qui est importante dans l’intelligence artificielle, c’est que c’est un formidable outil pour aider les avocats à gagner du temps : dans les recherches, dans les présentations, dans la façon de présenter avantageusement les services qu’on peut rendre aux clients.

Et puis l’intelligence artificielle, c’est enfin un défi, un défi formidable à toute notre société. Moi, je pense que ce n’est pas trop fort que de dire que l’IA, c’est presque une révolution aussi importante que celle de l’imprimerie. Il faut qu’on s’en saisisse, il faut qu’on change nos modes de facturation vis-à-vis de nos clients, parce qu’il n’y a plus de raison de facturer les clients pour des prestations qu’ils peuvent récupérer par eux-mêmes via l’intelligence artificielle. Et puis c’est un sujet qui va nous permettre de nous transformer, de nous remettre en question.

Vous savez, on a beaucoup parlé, dans la photographie avec l’avènement du numérique, de ce qu’on a appelé le "moment Kodak", le défi en fait, le syndrome de l’opportunité. C’est : quand on est en monopole sur un marché, comme les avocats le sont sur le marché de la défense et du conseil, est-ce qu’on va réussir à comprendre cette révolution de l’intelligence artificielle pour être encore plus forts à l’issue de ce changement, et ne pas subir ce qu’a subi Kodak avec l’avènement du numérique ?

Ce sera le dernier mot, Monsieur le bâtonnier. Merci d'être venu sur le plateau de 6 minutes chrono. Et si vous voulez plus d'informations, évidemment, c'est www.lyoncapitale.fr. À très bientôt. Merci, au revoir.

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