© Richard Haughton

"Room"aux Célestins : James Thierrée ou la poésie du désordre

Pour l’un des derniers spectacles de la saison, Les Célestins ont invité James Thierrée et la compagnie du Hanneton pour un numéro survolté, entre théâtre, comédie musicale et arts circassiens. Room est à voir jusqu’au 19 juin.

Tels des personnages pirandelliens qui, dans une forme d’absurdité, tâtonnent en quête de leur véritable rôle, les musiciens, comédiens et danseurs s’affairent autour de James Thierrée.

Ce dernier, à la fois chef-d’orchestre, metteur en scène et surtout patron de troupe foutraque et caractériel, tente désespérément de les diriger en vue de monter un spectacle. C’est précisément au processus de création de celui-ci que nous convie l’artiste suisse.

© Richard Haughton

Room est ainsi une sorte de making-of d’une pièce où le désordre est érigé en art. Une forme de cafouillage permanent, où les bévues, les chutes, les fausses notes servent à produire des effets comiques et poétiques.

Même les magnifiques éléments de décor, composés de gigantesques murs en moulures de bois patinés semblent vaciller…

Tout cela dans une sorte de chorégraphie acrobatique jubilatoire, construite au cordeau par les artistes sur scène au milieu d’un bric-à-brac d’objets, qui se muent parfois en créatures étranges.

© Richard Haughton

Éloge de la maladresse


Ceux qui connaissent le travail de James Thierrée – notamment à travers ses spectacles Tabac Rouge et La Grenouille avait raison, déjà présentés à Lyon – ne seront pas surpris par l’univers proposé ici par l’artiste circassien et par les prouesses techniques de sa troupe.

On peut souligner les performances physiques de la danseuse Ching-Ying Chien ou de l’altiste Anne-Lise Binard, très justes dans un registre décalé.

Dans cet éloge de la maladresse impeccablement maîtrisée, difficile d’ignorer la marque familiale apposée par un certain Charlie Chaplin - qui n’est autre que le grand-père de James Thierrée.

Les clins d’oeil sont parfois mêmes appuyés, comme cette scène où l’artiste jongle avec un plafond suspendu dans l’air, à la manière du globe terrestre avec lequel Chaplin s’amuse dans une scène culte du Dictateur.

Dans ce show qui prend peu à peu des airs d’opéra-rock, James Thierrée devient alors homme-orchestre, crooner, pianiste, violoniste, danseur et voltigeur, s’envolant dans une magnifique acrobatie aérienne.

© Richard Haughton

Ce spectacle tendre et baroque où se mêlent les genres, réussit le nouveau pari que s’est fixé cet artiste aux talents multiples, qui se place cette fois au centre du spectacle. "Après vingt ans de création, explique t-il, je veux aujourd’hui entamer un nouveau chapitre. Ouvrir la boîte à outils, creuser en profondeur, densifier, magnifier pour trouver de joyeuses pulsations".


Room, jusqu’au 19 juin aux Célestins


 

 

 

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