Fête du livre de Bron Parole aux écrivains !

Avec une cinquantaine d'invités, dont Jacques Roubaud, Marie N'Diaye, Régis Jauffret ou Lorette Nobécourt.

C'est une fête du livre chaleureuse et colorée où familles et poussettes s'égaient entre les étals des libraires, les coins lectures, pause bistrots, et chapiteaux. Pourtant, la fête du livre de Bron n'a rien d'une foire d'empoigne ou d'une bourse aux célébrités, où se mêlent mémoires de vrais académiciens et vécus de star-académiciens. Ici, les écrivains invités sont lus attentivement, choisis et aimés. Et s'intègrent dans une programmation de lectures et rencontres qui tisse de subtils échos entre les œuvres. C'est ainsi que Camille Laurens et Bertrand Leclair lisent ensemble leurs textes sur l'âme et le corps amoureux. Deux femmes philosophes qui ont écrit sur l'égalité des sexes sont réunies : Sylviane Agacinski et Geneviève Fraisse. Deux auteurs de thrillers géo-politico-économiques : la turque Miné Kirikkanat (amie très proche du journaliste turc récemment assassiné) et Dominique Manotti qui a écrit sur la fermeture de l'usine du groupe coréen
Daewoo (Lorraine connection, Rivages thriller) débattent sur "roman noir et politique".
Pour sa 21e édition, la Fête du livre de Bron a renoncé à choisir un thème, pour, tout simplement "donner la parole aux écrivains". "Cette évidence résume très bien notre projet : faire entendre une parole essentielle, pas toujours très entendue à notre époque qui privilégie stars, people ou politiques plus qu'écrivains" souligne Colette Gruas, directrice de la manifestation. Quel plaisir en effet d'entendre l'oulipien Jacques Roubaud, Eric Holder ou Régis Jauffret auteur de remarquables Microfictions chez Gallimard !
En l'absence de thème, deux lignes se dessinent dans la programmation, selon Brigitte Giraud : "la littérature qui dit la douceur, la douleur et la complexité de la relation à l'autre" (Laurens, Aymard, Delecroix...) et "la littérature qui dit le monde dans son aspect social et politique" (Lang, Masséra, Pagès, Manotti...). "La littérature française repliée sur elle-même, à l'étroit dans son auto-fiction et son ego, ça fait déjà quelques années que ça a changé !" assure Brigitte Giraud.
En plus des rencontres, débats et lectures, la fête du livre de Bron propose une série d'animations pour la jeunesse et une vaste librairie éphémère qui a réalisé l'an dernier un chiffre d'affaires reccord d'environ 130 000 euros. Cet espace central est constitué de 12 à 15 librairies, qui, chacune dans son genre, propose sa "librairie idéale" et celle des auteurs invités. Autant de conseils de lecture précieux et stimulants qui incitent les quelques 35 000 visiteurs à faire de nouvelles rencontres littéraires.

Fête du livre de Bron, du 9 au 11 mars à l'hippodrome de Parilly.
4-6 av. Pierre Mendès-France, Bron.
04 78 26 52 78. www.fetedulivredebron.com

Les auteurs invités

Javier Cercas
Ce romancier catalan, traduit dans le monde entier depuis son best-seller sur la guerre civile espagnole "Les soldats de Salamine" (Actes Sud, Babel), vient de sortir un remarquable nouveau livre, romanesque en diable. Dans A la vitesse de la lumière (Actes Sud), l'auteur croise le destin d'un vétéran du Vietnam muré dans ses secrets monstrueux et d'un jeune écrivain qui tente de raconter cette douloureuse histoire, et que les succès transformeront en vedette médiatique. Un récit entraînant sur les perversions de la guerre et du succès médiatique.
Rencontre avec Javier Cercas et Anne-Marie Garat (Dans la main du diable, Actes Sud) sur le thème "le diable et l'écrivain". Le 9 mars à 20h30, salle des Parieurs.

Agnès Desarthe
Mangez-moi d'Agnès Desarthe (L'Olivier) est un des jolis succès de la dernière rentrée littéraire. Après avoir "démoli vigoureusement la jolie vie de tartines et d'ourlets, la gentille existence de rôtis et de linge passé" de mère et d'épouse, Myriam est partie en roue libre dans un cirque avant d'ouvrir un resto "petit et pas cher" tout simplement appelé "chez moi". A la fois conte philosophique, traité de cuisine (où l'on découvre "les mystérieux pouvoirs de l'allitération en cuisine : le poivre sur les poires") et comédie humaine, Mangez-moi est un savoureux roman, à la fois grave et léger, drôle et douloureux, doux et épicé. Un délice !
Rencontre avec Agnès Desarthe et Muriel Barbery (L'Elégance du Hérisson, Gallimard) sur le thème "poétique de la révolte", le 9 mars à 18h, salle des Parieurs.

Olivier Cadiot
Souvent adaptée au théâtre, l'écriture, ludique, répétitive, loufoque d'Olivier Cadiot n'est pas de tout repos - et pour tout dire, parfois franchement pénible ! Mais son huitième livre, Un nid pour quoi faire, est particulièrement savoureux. Cadiot emmène le lecteur tout schuss dans une station de sport d'hiver, où la cour brinquebalante d'une sorte de roi Ubu s'est retirée dans un chalet et recrute un conseiller en com' pour décongeler son image. Pas question pour Cadiot d'employer les pistes balisées de la narration classique, il n'hésite pas à faire du hors-piste, à slalomer ou dégringoler en arrière... Quitte à perdre son lecteur. Mais pour ceux qui ne seront pas engloutis par cette avalanche de mots, cette parabole poétique sur le pouvoir et la com' comporte d'admirables pétites !
Rencontre avec Olivier Cadiot le 10 mars à 17h30, salle des Parieurs.

Lorette Nobécourt
Avec En nous la vie des morts (Grasset), Lorette Nobécourt a signé notre coup de cœur de la rentrée littéraire 2006. Un roman douloureux et lumineux sur la perte, l'amitié, l'amour, empreint de spiritualité et de grâce.
L'écrivain entrelace le récit du deuil de Nortatem, jeune new-yorkais qui s'isole dans le Vermont pour se remettre du suicide de son meilleur ami, et les chapitres d'un mystérieux livre 7 qui recèle une sorte de synchrétisme métaphysique vibrant et envoûtant.
Rencontre avec Lorette Nobécourt, le 11 mars à 15h30, salle des Parieurs.

Emmanuelle Pagano
Les Adolescents troglodytes (P.O.L.) raconte l'histoire très singulière de la conductrice d'une navette scolaire, de hameaux en fermes isolées, dans une rude montagne (ardéchoise ?) balayée par les tourmentes hivernales. Très vite, par un subtil glissement pronominal, on comprend que cette jeune femme est née garçon. Au fil des chapitres, avec beaucoup de sensibilité et une certaine crudité, la jeune femme raconte son enfance dans un corps malajusté, sa passion pour son frère, sa transformation. Emmanuelle Pagano rend tout à fait palpable la violence du lien charnel qui lie les êtres à ces contrées montagnardes, par une écriture qui vibre et pulse à l'unisson de la nature.
Rencontre avec Ling Xi et Emmanuelle Pagano, le 11 mars à 17h, au Chapiteau des Jockeys.

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