Rachid Ghezzal : "Je dois encore franchir un palier"

Rachid Ghezzal (21 ans) s'est révélé cette saison sous le maillot de l'OL (10 titularisations, un but, une passe décisive). Pur produit du centre de formation, le jeune ailier gauche se confie pour olympique-et-lyonnais en toute simplicité. Parce qu'il est comme ça Rachid : timide dans la vie mais avec de vraies ambitions sur le terrain.

Lyon Capitale : Comment avez-vous vécu votre première saison au niveau professionnel ?

Rachid Ghezzal : Ça a été une année de découverte pour moi. Ça s'est bien passé. J’ai découvert le monde professionnel et ce qui l’entoure aussi. La presse, les médias, passer à la télé, c’était nouveau pour moi. Je pense que dans l’ensemble je l’ai bien géré.

Est-ce qu’en début de saison vous vous attendiez à jouer autant de matchs ?

Non c’est sûr que je ne me voyais pas faire autant de matchs. Mais après c’est vrai que je me suis donné les moyens pour y parvenir. J’ai été récompensé, le coach m’a fait confiance. Je l’en remercie. Mais maintenant, c’est à moi de me dire qu’il ne faut pas que ça s’arrête là. Je dois encore aller chercher plus de temps de jeu et avoir plus de responsabilité dans l’équipe.

Vous avez intégré le groupe dès le stage de pré-saison à Tignes. Comment s’est passée votre intégration ?

Quand on a un groupe rajeuni comme à Tignes c’est sûr que c’est plus facile de s’intégrer. Après, on a super bien bossé là-bas. Puis les choses se sont faites normalement par la suite. J’ai suivi les étapes les unes après les autres. Petit à petit, je me suis installé dans le groupe professionnel par les entraînements en sachant que rien n’était acquis. C’est une remise en question permanente.

Est-ce que vous avez un grand frère dans le vestiaire ?

Quand on est jeune comme moi, on a toujours besoin de quelqu’un qui a plus de vécu. Après c’est pas parce qu’il a plus de vécu qu’il est forcément plus âgé (rires). Gueïda Fofana me parle beaucoup vu que ça fait quelque temps qu’il est dans le monde professionnel. Tout comme Rémy Vercoutre. J’ai beaucoup de soutien de la part des joueurs de l’équipe.

Que vous a dit Rémi Garde en début de saison ?

C’est un coach qui discute beaucoup avec ses joueurs. Il m’encourageait, quand je m’entraînais bien il me disait de continuer de ne pas lâcher, que ça allait payer. Et puis après, il y a eu le départ et la blessure de Michel qui a joué en ma faveur. Il m’a donné ma chance et j’ai tout fait pour répondre présent quand il m’a fait jouer.

Comment avez-vous vécu le départ de Michel Bastos ? Est-ce que ça n’a pas été une pression supplémentaire pour vous ?

Un ailier gauche comme Michel qui part, ça laisse forcément un vide et une chance à saisir. Mais c’est à double tranchant aussi. Quand on sait qu’on est le seul gaucher à ce poste, on attend beaucoup de nous. Peut être aussi qu'avec moins de concurrence on se laisse un peu aller et c’est un piège dans lequel il ne faut pas tomber.

Est-ce que vous sentez que c’est une opportunité en or d’éclore au plus haut niveau à l’OL pendant la période où le club donne sa chance aux jeunes ?

Bien sûr. Depuis le début de la saison, je pense que tous les jeunes ici pensent comme moi, que c’est une chance pour nous. C’est à nous de tout faire pour la saisir.

Est-ce que vous êtes un exemple pour les plus jeunes ?

Non je ne pense pas être un exemple. Des plus jeunes que moi on réussit à jouer comme Sam (Umtiti). Avant d’être un exemple, j’essaie déjà de me satisfaire moi-même avant de satisfaire d’autres personnes.

Comment avez-vous vécu votre première titularisation à Gerland contre Montpellier (15ème journée, 1-0) ?

Ça a été un moment très fort à vivre surtout quand on est issu du centre de formation et de la région lyonnaise comme moi.

Et votre premier but contre Lorient ? On vous a vu très expressif pour le fêter...

C’est encore plus fort. C’est une joie qui arrive comme ça d’un coup, qui est énorme. Ça a été une joie naturelle. Mais aussi un petit soulagement. J’avais du temps de jeu et il me manquait un petit déclic. Donc maintenant qu'il a eu lieu, j’espère que ce ne sera pas le dernier.

Depuis le début de la saison, votre statut a changé. Vous avez disputé plusieurs matchs (10 titularisations) avec l’OL. Comment avez-vous géré les nouvelles sollicitations ?

Je pense que je l’ai assez bien géré. En plus, je suis quelqu’un d‘assez simple dans la vie. Je profite de mes amis qui sont aussi là pour ne pas me faire oublier d’où je viens, par où je suis passé. Après c’est sûr que ça fait toujours plaisir de signer des autographes ou quand quelqu’un nous reconnaît dans la rue. Mais je ne m’attarde pas non plus là-dessus. Ça fait partie du métier et c’est avec grand plaisir que je le fais.

Est-ce qu’à un moment vous ne vous êtes pas dit que c’était acquis et vous vous êtes laissés aller avec notamment l’histoire des tweets sur le match de coupe de la Ligue de l’ASSE* ?

(Il sourit) Non les tweets, c’était vraiment sans arrière-pensées. C’est mon côté déconneur qui est ressorti. Mais non je pense que je ne me suis jamais dit que tout était acquis et que j’avais fait tout le boulot. J’ai toujours été quelqu’un qui se remet en question et qui n’est pas assez satisfait de lui. Ça me pousse a beaucoup travailler et progresser. Mais comme tout le monde ça passe par des moments où je suis moins bien et moins performants. Il y a toujours quelqu’un pour me dire que je dois me remettre au boulot.

Justement vous n’avez plus joué depuis la défaite à Bastia. Est-ce que c’est l’usure physique ou les choix de l’entraîneur ?

C’est un mix de beaucoup de choses. Je commençais à plonger un peu physiquement. J’étais moins performant aux entraînements et j’en ai parlé avec le coach. J’étais d’accord avec lui. Après, j’ai eu un petit pépin physique aux adducteurs. Aujourd’hui, je reviens bien et je postule pour les deux prochains matchs.

Quelles sont les différences que vous avez pu noter avec le championnat CFA (où évolue la réserve de l’OL) ?

Les matchs en professionnel laissent beaucoup plus de séquelles que des matchs de CFA (il sourit). Après tout ce qu’il y a en dehors du terrain, il faut aussi le gérer. Je suis en train de l’apprendre et je le gère plutôt bien. Pour enchaîner une saison complète ça demande beaucoup de sacrifices et notamment être très professionnel en dehors du terrain. C’est ce qui me permettra de passer un palier encore.

Sur quels aspects pensez-vous encore devoir progresser ?

Dans ma percussion, dans la finition et dans les statistiques. Je dois marquer plus de buts et faire plus de passes décisives. Quand on arrive en pro, on pense bien à respecter les consignes du coach. On sait qu’on peut mettre l’équipe en danger sur des petits détails. Mais au fil des matchs on se lâche un peu plus et on essaie de jouer notre jeu. Je sais que je suis un joueur qui aime provoquer et le coach le sait aussi. Il me demande de jouer mon jeu à chaque fois que je joue.

Vous êtes plutôt quelqu’un de réservé dans la vie, qui ne va pas se mettre en avant. Mais sur le terrain, vous tentez beaucoup, vous provoquez et vous démontrez une vraie détermination. C’est un peu un paradoxe non ?

(Il sourit) Je ne suis pas la même personne sur le terrain et en dehors. Quand je suis sur le terrain, je joue sur mes qualités. Provoquer balle au pied, c’est mon jeu. Donc j’essaie de jouer au maximum là-dessus. En dehors, je suis plutôt quelqu'un de simple.

Aujourd’hui, les jeunes joueurs sont souvent critiqués dans l’opinion publique depuis la sortie en discothèque de certains joueurs entre deux matchs de l’équipe de France Espoirs. Est-ce que vous êtes d’accord avec ces critiques ?

Je n’ai pas vécu le problème des Espoirs de l’intérieur donc je ne pourrai pas en dire plus. Après, je sais que je suis à Lyon, j’ai ma famille, il y a toujours quelqu’un pour m’encadrer. Mais de moi-même, je sais que je suis quelqu’un de sérieux sur le terrain. J’ai des amis pour me garder la tête sur les épaules au cas où. Et c’est très bien comme ça.

Quel est votre objectif pour l’année prochaine ? Pour l’instant vous n’avez pas encore signé de contrat professionnel…

Maintenant que j’ai prouvé dès la première année que j’avais les moyens de postuler dans cette équipe, j’ai envie de plus. Je suis un compétiteur. J’espère démontrer au coach et au staff aux entraînements que j’ai la possibilité de m’imposer dans cette équipe.

La signature des jeunes (Bahlouli, Labidi, Martial) ne vous fait pas peur ?

Non, c’est un moteur d’énergie. Ça permet de progresser encore un peu plus. C’est bien. Ça apporte un peu de concurrence.

Disputer la Ligue des champions avec son club formateur, ça vous fait rêver ?

Ça fait partie des objectifs du club mais aussi de mes objectifs individuels. Pour un jeune joueur comme moi c’est sûr que pouvoir un jour disputer la Ligue des champions avec son club formateur c’est quelque chose d’assez particulier et génial. Il reste deux matchs difficiles à disputer. On a notre destin entre les mains et c’est à nous de tout faire pour que ça se passe bien.

*Il avait tweeté suite à la qualification en finale de la Coupe de la Ligue de l'ASSE : "Apparemment, Saint-Etienne est Champion de France", après l’envahissement du terrain par les supporters Stéphanois.

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