Georges Fenech © Tim
Georges Fenech © Tim Douet

Qui est vraiment Georges Fenech ?

OFF DE CAMPAGNE - Lyon Capitale vous propose de mieux découvrir les cinq candidats engagés dans la primaire UMP qui se tiendra le 2 juin pour le premier tour et le 9 juin pour le second. Retrouvez tous les éléments pour vous permettre de juger Georges Fenech, le nouveau venu sur la scène politique lyonnaise. Son parcours, son programme et surtout comment ses concurrents le perçoivent.

Mandat(s) actuel(s) : député.

Anciens mandats : conseiller municipal (Givors).

Son parcours

Il est le non-Lyonnais de la primaire. Député de Givors, il s’est lancé à Lyon en faisant le constat qu’aucun élu de droite n’avait réussi à s’affirmer face à Gérard Collomb, et qu’un parachutage parisien risquait de se produire. Il glisse souvent qu’il est le seul “à avoir été élu au suffrage universel direct”. Jusqu’au début de la campagne, Georges Fenech était plus connu à Lyon pour son activité professionnelle : juge ou para-politique, ancien président de la Miviludes, la mission de lutte contre les sectes. Arrivé façon bulldozer à Lyon, il a réussi à casser son image de parachuté. Les règles de courtoisie entre candidats l’ont, en ce sens, bien aidé. S’il a crispé ses rivaux un peu plus chaque semaine, les Lyonnais n’ont pas monté de front commun contre lui. Bagarreur, charismatique, Georges Fenech avance avec assurance sur la scène lyonnaise, masquant ainsi sa méconnaissance des dossiers. À la différence de ses quatre adversaires, le député de Givors se positionne à droite sur l’échiquier des candidats lyonnais. L’auteur d’un essai intitulé Tolérance zéro remet le couvert à Lyon en proclamant son objectif d’en faire la ville la plus sûre de France. Réputé pour son tempérament de bagarreur, il n’a pas retenu ses coups contre Gérard Collomb ni parfois contre ses concurrents lors des débats télévisés.

Ce qu’il propose

Sans surprise, le droitier Georges Fenech a promis plus de sécurité aux Lyonnais, un thème toujours porteur pour un candidat de droite. Il veut ainsi armer la police municipale et en renforcer les effectifs. Pour éviter les actes de petite délinquance, il veut installer des concierges dans les logements sociaux, afin que la police soit plus vite prévenue, et mettre en place des rappels à la loi pour les petits délinquants en mairie d’arrondissement, voire supprimer les aides familiales en cas de récidive. D’une manière générale, le député de Givors a dévoilé beaucoup de promesses. Trop, pour ses rivaux, qui l’accusent de démagogie. En matière de transports, il propose pourtant les solutions les moins onéreuses : expérimenter le transport par câble, sans toutefois préciser le tracé de ces nouvelles lignes. Ouvrir le métro en nocturne le week-end devrait, en revanche, coûter plus cher. En fin de campagne, pour se recentrer, il a proposé des mesures moins marquées à droite, tel le versement d’une allocation compensatoire pour les parents qui ne disposent pas de place en crèche. Au rayon grands projets, il promet de redonner vie à la place Bellecour avec des animations.

Sa campagne

Georges Fenech a été le plus actif des cinq candidats. Au point que ses rivaux s’interrogent d’ailleurs sur les sommes qu’il a dépensées durant la campagne. Il a traduit sa combativité en acte en envoyant une lettre au préfet pour vérifier la légalité des 119 emplois du cabinet de Gérard Collomb à la Ville de Lyon. Dès janvier, il annonçait vouloir ringardiser Gérard Collomb, rappelant que le maire est élu de la Ville de Lyon depuis 1977. Il a qualifié sa vision de l’urbanisme de “faussement futuriste”. Pour se sortir de la difficulté à attaquer un maire socialiste chouchou des chefs d’entreprise et populaire jusque chez les électeurs de l’UMP, il s’est proposé de faire tomber le masque d’un Janus bipolaire : centriste à Lyon, socialiste à Paris. “Au Sénat, il vote le matraquage fiscal des entreprises et se dit l’ami des patrons dans sa ville”, répète-t-il inlassablement. “L’objectif, c’est pas 2020”, assène un conseiller, qui pronostique “un affrontement violent l’an prochain avec le système Collomb”.

Sur le terrain, il a sillonné, comme les autres, les marchés de Lyon pour casser son image de nouveau venu et de parachuté. Aussi agressif sur le fond que sur la forme, il a multiplié les réunions “Tupperware” chez les habitants, deux par jour selon son entourage. Il a aussi organisé la plus grosse réunion publique de la campagne : 400 personnes pour son meeting commun avec Henri Guaino. Beaucoup étaient venus pour entendre l’ancienne plume de Nicolas Sarkozy mais, en invitant l’une des personnalités les plus populaires de l’UMP, Georges Fenech a montré qu’il savait faire campagne. Ce que redoutaient ses rivaux.

Ce que les autres pensent de son programme

Faire de Lyon la ville la plus sûre de France : le leitmotiv de Georges Fenech est commenté. “Je n’ai jamais été agressée en quarante ans”, réalise Myriam Pleynard. “Sur ce sujet, il dit la même chose que les autres, mais la façon dont il le dit marque. Ça peut séduire l’électorat UMP âgé”, admet un collaborateur de Michel Havard. “Les autres se sont raccrochés à nos propositions”, se rengorge un proche de Georges Fenech, qui range son champion dans la classe des gaullistes sociaux. S’il est vrai que tous les candidats s’accordent à vouloir augmenter la vidéosurveillance ou renforcer la police municipale, le député est le seul à proposer une brigade anti-squat. Une position “démagogique, pour un autre participant à la primaire. C’est la Police nationale qui dans ce cas intervient, sur décision du préfet. C’est comme dire “Je vais renvoyer les Roms chez eux” : ce n’est pas dans le pouvoir d’un maire.”

Le magistrat s’est aussi démarqué sur une idée iconoclaste : installer des téléphériques dans Lyon. “Ce n’est pas une mauvaise proposition, mais on ne sait pas où il veut le faire passer”, réagit un candidat. “Si c’est pour relier la Croix-Rousse à Fourvière, il n’y a pas de flux de voyageurs, ça intéressera uniquement les touristes. Mais, pour l’image de la ville, c’est pas mal”, réfléchit à haute voix un autre. “Ça permet de libérer les voies de circulation et c’est respectueux des deniers publics”, répond le conseiller de Georges Fenech. Parmi les tracés envisagés, une ligne la Doua/Croix-Rousse/Vaise/Fourvière/Ouest lyonnais, souffle-t-il. Dans l’entourage de Nora Berra, on accueille avec intérêt sa proposition de relier Saint-Exupéry à la Part-Dieu par TER, même si l’aérogare n’est pas adaptée aujourd’hui à ce trafic.

Ce que les autres pensent de lui

Personne ne l’avait vu venir. Et, quand le député de Givors a déboulé, il s’est tout de suite drapé dans le costume du favori. “C’est jouable dès le premier tour”, plastronne aujourd’hui son conseiller, mi-sérieux, mi-plaisantain. Une position qui n’est pas vraiment du goût des autres participants à la primaire qui, eux, labourent les arrondissements lyonnais depuis cinq ans. De ce fait, c’est celui qui concentre les attaques les plus vives, notamment pour son sens de l’esbroufe. “Il est dans la provocation, ou au contraire il essaie de faire la synthèse – deux moyens d’esquiver les sujets précis. Son projet n’est pas travaillé, pas consistant”, persifle un candidat. Pour les autres équipes, son erreur majeure est de dire qu’il quittera Lyon s’il ne remporte pas cette primaire. “Sa démarche est entachée d’opportunisme. Il se fout de Lyon”, tempête un autre candidat. Un collaborateur de Georges Fenech s’agace de cette critique : “Il soutiendra de toutes ses forces le candidat qui sera désigné. Mais on ne va pas faire une liste de battus. Georges, c’est un gagnant.”

“C’est un bulldozer dans un magasin de porcelaine. Est-ce que Fenech peut battre Collomb ? Est-ce qu’il peut réunir 51 % des suffrages ?” interroge un candidat pour qui la réponse est évidemment négative. Pour les uns et les autres, ériger l’insécurité comme priorité numéro un peut être payant pour les primaires, où voteront majoritairement les militants UMP. Mais cette ligne droitière ne serait pas adaptée à une ville centriste en vue des municipales. “Lyon ne se gagne pas à l’extrême droite, pas plus qu’elle ne se gagne à l’extrême gauche. Collomb l’a d’ailleurs bien compris”, explique un militant. Selon lui, si l’ancien magistrat gagne la primaire, il devra “changer son fusil d’épaule” et se recentrer.

Sa chance

Dès l’annonce de l’organisation de la primaire, Georges Fenech a compris que pour l’emporter il devrait susciter une importante participation. Alors qu’il n’était pas favorable, à l’origine, à ce type de scrutin, il aura été le principal acteur de la campagne. Nouveau venu sur la scène politique lyonnaise, il se devait d’aller chercher son propre électorat et de draguer les militants lyonnais. Il voulait éveiller l’attrait de la nouveauté chez les sympathisants de droite. Mobilisé à l’Assemblée nationale contre le mariage pour tous, Georges Fenech espère que ses prises de position sauront séduire les anti-mariage gay, qui pourraient être tentés de participer au vote pour mettre en application leur nouvelle ligne de conduite : un lobby qui fait et défait les politiques. Après deux mois de campagne, Georges Fenech croit pouvoir compter sur un socle de 2 500 votants, suffisant pour lui assurer la victoire. Verdict, dimanche soir.

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