David Kimelfeld, à Lyon, en octobre 2019 © Antoine Merlet
David Kimelfeld, à Lyon, en octobre 2019 © Antoine Merlet

Métropole de Lyon - Kimelfeld : “je suis le seul à proposer des mesures concrètes”

L’actuel président de la métropole aborde le second tour des élections métropolitaines dans une situation inconfortable. Il est le troisième homme à l’issue du premier tour et selon notre sondage Ifop-Fiducial qui le crédite de 26% d’intention de vote. Face à des concurrents qui ont opéré des alliances qu’il estime peu productives, David Kimelfeld veut opposer son statut de président sortant et ses “solutions concrètes”.

Lyon Capitale : En quoi la crise du coronavirus change-t-elle le second tour de ces élections métropolitaines ?

David Kimelfeld : Les trois mois que nous venons de vivre ne changent pas nos priorités, mais nous mettons un peu plus l’accent sur l’emploi et la précarité. Nous allons vers une crise forte et la question de l’emploi sera centrale. C’est pour cette raison que j’ai enrichi mon programme sur l’économie et le social. La préoccupation sur l’emploi est plus forte qu’en mars. Certains sont inquiets pour leur travail, d’autres pour l’entrée dans la vie active de leurs enfants qui finissent leurs études. Même si notre tissu économique résiste mieux que sur d’autres territoires, il sera fortement impacté et des pans entiers de l’économie vont souffrir. Je pense au tourisme et c’est l’un de mes points de désaccord avec les écologistes. Ils disent qu’ils veulent développer un tourisme très local. Mais ça ne suffira pas notamment pour les hôtels.

À Lyon le tourisme d’agréments s’est développé grâce au tourisme d’affaires et si l’on coupe ça, la filière sera en grande difficulté. Toutes les entreprises qui ont souscrit un prêt garanti par l’État vont aussi avoir des difficultés quand il s’agira de rembourser dans un an. Nous avons aussi des retours sur la montée de la précarité. Des bailleurs sociaux ont vu arriver, très rapidement, des demandes de report de loyers de ménages qui n’étaient pas dans leurs Scops. Les CCAS font remonter une hausse des besoins en aide alimentaire. Là aussi, ils ont en face d’eux des gens qu’ils n’avaient jamais vus. La métropole a des finances saines qui nous permettront de mieux résister que d’autres départements et de faire face.

Votre campagne de premier tour mettait l’accent sur les transports avec un plan d’investissement massif, cette priorité a-t-elle changé ?

Nous avons toujours la volonté d’investir sur trois mandats pour notre réseau de transports en commun. Mais la situation demande peut-être de revoir la temporalité. Il faut aller plus vite sur des parcs relais en périphérie ou des lignes de bus à haut niveau. Nous devons apporter des solutions concrètes et rapides. Mes deux concurrents sont d’ailleurs beaucoup dans le quoi et peu dans le comment. Je ne comprends toujours pas ce que François-Noël Buffet veut faire en matière d’économie à part aligner des verbes. Bruno Bernard explique lui que c’est le gouvernement qui est responsable. Mais avec la puissance de feu de notre collectivité, nous avons des leviers. Moi, je ferai voter les cinq mesures que j’ai annoncées durant la campagne. Nous monterons au capital des entreprises en difficulté qui le désirent pour des nationalisations locales. Nous créerons un fonds de soutien de 50 millions d’euros pour acheter des fonds de commerce pour les commerçants, les artisans ou les TPE. Nous proposons aussi un fonds de relocalisation industrielle de 100 millions. Nous bosserons aussi le budget d’investissement pour doper la commande publique. Chez mes concurrents, je ne vois pas de propositions concrètes.

Au soir du premier tour des élections métropolitaines, vous avez tenté de vous allier avec les écologistes. Aujourd’hui, vous avez des mots très durs à leur égard. À quel moment êtes-vous sincère maintenant ou le 15 mars au soir ?

L’alliance qu’ils ont contractualisée est inadaptée au vu de la crise que nous allons vivre pour apporter des réponses concrètes sur l’emploi et la précarité. Depuis le 15 mars, nous avons vécu une crise et il y en a une autre devant nous. La priorité des écologistes a été de faire une alliance avec les Insoumis et la gauche unie. Je ne fais pas partie de ceux qui, comme François-Noël Buffet, agitent le chiffon rouge-vert. C’est même irresponsable d’agiter cette peur alors que la probabilité est forte que le maire de Lyon soit issu d’Europe Ecologie-Les Verts. Quand on veut présider la métropole, on ne fait pas ça. Moi, je dis que je serais plus efficace que Bruno Bernard face à la crise, mais je n’agite pas de chiffon. Face à la crise qui est devant nous, ils n’ont pas les réponses qui me semblent adaptées. Dans la rue personne ne me parle de politique politicienne, mais d’emploi, de leurs enfants qui rentrent sur le marché du travail ou de leurs seniors dont il redoute l’entrée en Ehpad. Les gens ne me demandent pas comment je me situe à droite ou à gauche.

Ne redoutez-vous pas d’être victime de votre isolement dans ce second tour que vous abordez sans alliance ni réserve de voix ?

Je me sens plutôt renforcé. Les autres sont bloqués par leurs alliances pour faire des propositions concrètes. Cela montre d’ailleurs la difficulté qu’ils peuvent avoir demain pour gouverner. Moi j’ai un projet raisonnable autour duquel les élus responsables pourront se rassembler.

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