Le sénateur Gaëtan Gorce appelle à la refondation du PS

Alors que dans un éditorial publié le 5 avril Lyon Capitale posait la question de l’éthique politique en termes systémiques, Gaëtan Gorce, sénateur socialiste de la Nièvre et maire de la Charité sur Loire, livre aujourd’hui stricto-sensu la même analyse sur son blog : "Cahuzac après Strauss-Kahn, et alors que d'autres affaires sont en cours : tout cela ne peut plus être mis sur le compte seulement des personnes. Tout cela au contraire fait système !", écrit ainsi le parlementaire, qui évoque "la dérive clanique qui s'est emparée du parti socialiste" et qui, selon lui, "a conduit presque mécaniquement à cette situation".

"DSK, pas plus que Cahuzac, ne sont des accidents, affirme le sénateur. Leur attitude, et plus encore le sentiment d'impunité qui, manifestement, les habitait, sont la conséquence d'un processus d'oligarchisation de l'appareil dirigeant du parti : à mesure que les luttes de clan ont perdu toute dimension idéologique se sont constitués des groupes d'intérêt visant seulement à perpétuer le pouvoir et l'influence de leurs chefs, le cynisme prenant la place des convictions, le rapport de force celle de la confrontation d'idées".

"Le tout a été facilité par un triple processus auquel n'échappe aucun parti mais qui s'est révélé mortel pour le PS (car le PS n'est plus ! Il lui faut désormais renaître !). D'abord sa confiscation par une bourgeoisie d'appareil, qui a pris soin de remplacer l'intervention et le vote des adhérents par une cooptation systématique dont la désignation d'Harlem Désir à Toulouse a été la caricaturale illustration, la lâche passivité des cadres du parti à cette occasion témoignant également de l'ampleur du mal", analyse ensuite le sénateur socialiste.

"Mais comment ne pas voir, poursuit le parlementaire, qu'il s'agit là aussi du produit d'une professionnalisation à outrance de la vie publique qui fait que l'on devient toujours plus tôt, toujours plus jeune, dépendant, pour vivre, d'un mandat ou de celui ou celle qui l'exerce ?" M. Gorce pointe ainsi "la déliquescence de ce que fut le parti socialiste", qui aurait cédé, selon lui, "à une "peopolisation" de la politique" ayant conduit "pour une partie de ses dirigeants à faire de la notoriété médiatique et des facilités qu'elle offre une fin en soi et développe connivences et passe-droits".

Pour le sénateur, "puisque le mal trouve sa source dans une pratique du pouvoir et un mode de fonctionnement, il faut en changer de fond en comble pour se doter d'une nouvelle charte qui partout fasse vivre la démocratie, le libre choix des adhérents, l'influence des sympathisants; qui permette de casser les féodalités locales ; qui retire aux clans et courants le pouvoir de décider de la composition des instances; qui encourage une vraie diversité dans l'origine sociale de ses membres et de ses chefs".

"Pour y réussir, conclut M. Gorce, j'en appelle à la formation d'une équipe de crise restreinte (…) pour engager un véritable travail de refondation du PS en s'inspirant des valeurs éthiques et démocratiques qui forment son héritage le plus précieux ! A défaut, si rien ne change qu'à la marge, nous, socialistes, connaîtrons la lente agonie de tous ceux qui un jour ont refusé de voir la vérité en face et d'en tirer les conséquences".

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