La gouvernance Collomb sur le gril

Au Grand Lyon, François Noël Buffet (UMP) durcit le ton, attaquant la gestion du dossier du Grand Stade. A la Ville, ce sont les centristes de droite qui critiquent le manque de transparence.

"Une gouvernance qui côtoie la négligence, la désinvolture et la politique politicienne". Le sénateur-maire François-Noël Buffet n'en finit pas de durcir le ton à l'égard du président de l'agglomération, Gérard Collomb. Il pointe en particulier son art de se défausser sur les grands dossiers. "Il a pris prétexte de la réforme de la taxe professionnelle pour essayer d'augmenter la pression fiscale", fulmine-t-il. Une augmentation un temps envisagée qui n'aura finalement pas lieu puisque ce lundi, sera décidé le maintien du taux actuel de la taxe d'habitation.

"Un mensonge absolu"

Celui qui s'affirme comme l'opposant numéro un du président actuel, au sein de l'assemblée communautaie, cible le Grand Stade. C'est le dossier qui met Collomb en difficulté. L'élu UMP ne comprend pas que le président de l'agglomération refuse de lancer les enquêtes publiques à la fin avril comme c'était prévu, attendant toujours du gouvernement la déclaration d'intérêt général. Une façon là aussi pour lui de fuir ses responsabilités et imputer un éventuel échec sur le Premier ministre. "Il n'y a juridiquement aucun lien entre la déclaration d'intérêt général et l'enquête publique", martèle le sénateur maire d'Oullins. "En réalité, il sait que cette enquête publique est fragile, difficile". Et de tempêter : "c'est un mensonge absolu, une manoeuvre indigne du président de la 2e agglomération de France".

L'élu d'opposition en est convaincu : l'Etat est prêt à signer la déclaration d'intérêt général pour peu que l'enquête publique ait été lancée. Voire… Questionné sur les errements de l'opposition sur ce sujet, d'abord favorable au Grand Stade puis brusquement plus critique à mesure que les difficultés se posaient, Buffet a rappelé qu'il était favorable à cet équipement - et sur ce point, il embrasse une position consensuelle. Avant d'indiquer qu'à ses yeux, le site le plus favorable était d'abord Carré de Soie, desservi par le métro A, les tramways T3 et Rhônexpress et proche du périphérique, puis le Puisot (à côté de Carrefour Vénissieux) connecté à Lyon par T4, puis un terrain proche d'Eurexpo. Il n'a pas non plus écarté l'option Gerland, à condition d'appréhender une surface plus grande que l'actuel stade, englobant le Palais des Sports et peut-être une partie de la plaine des Jeux. Mais pour lui, il est trop tard pour changer de fusil d'épaule, en tous cas si l'on veut construire le Grand Stade avant l'Euro 2016. Il faut donc persister à Décines. "Le vin a été tiré, il faut le boire". Et Collomb de trinquer ?

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C'est une poignée d'élus, novices. Ils font leurs armes, apprennent le métier. Ils seront peut-être les challengers de demain à l'exécutif socialiste. Dans l'opposition, ces centristes et démocrates, sous la férule de Christophe Geourjon, ont pris congé du MoDem. Ce jeudi, alors qu'ils dressaient un bilan critique de la gouvernance de Gérard Collomb, ils ont surtout exprimé frustrations et motivations. Comme une séance de thérapie de groupe. Tous se positionnent dans le sillage de Raymond Barre, dont ils vantent le mandat, même si la plupart étaient trop jeunes pour être alors politiquement actifs.

"Manque de transparence et de démocratie du maire", se plaignent-ils. "Sur l'Hôtel-Dieu, nous avons appris les nouvelles dans la presse", maugrée Christophe Geourjon. Fouziya Bouzerda revient sur la gestion de la Sacvl, cette société d'économie mixte qui a contracté des emprunts toxiques. "La ville ne contrôle plus ses satellites", affirme-t-elle, agacée qu'on ait demandé aux élus de voter en urgence "la veille des vacances" une subvention exceptionnelle de 25 millions d'euros sans disposer d'informations précises, ni avant, ni après le vote. "On ne nous respecte pas. Aucun maire de Lyon ne se comportait comme ça, ils dialoguaient avec leur opposition", regrette Bernadette Bertrix-Veza, élue depuis 1983 qui a côtoyé Francisque Collomb, Michel Noir et Raymond Barre. Elle remarque qu'aucun d'eux ne reprenait la parole après l'intervention des adjoints, comme le fait l'édile actuel.

Ces élus raillent le manque d'ambition du maire, comme le devenir de la Part-Dieu qui pourrait devenir "un vrai coeur pour la métropole lyonnaise". "J'ai appris une nouvelle échelle de temps : le mandat", raconte Marc Augoyard, conseiller communautaire. Cet impératif politique interdit une vision à long terme, selon lui. "Si Gérard Collomb avait été visionnaire, il aurait prolongé le métro A jusqu'au musée des Confluences".

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