Jean-Michel Aulas Donald Trump
Montage de Jean-Michel Aulas et Donald Trump ChatGPT

Jean-Michel Aulas est-il trumpiste ?

Edito. Depuis qu’il a officialisé sa candidature à la mairie de Lyon, Jean-Michel Aulas ne cesse de susciter des comparaisons inattendues.

Depuis qu’il a officialisé sa candidature à la mairie de Lyon, Jean-Michel Aulas ne cesse de susciter des comparaisons inattendues. L’ancien président de l’OL, figure tutélaire du football français et capitaine d’industrie, est-il en train de se transformer en “Trump lyonnais” ?

La formule a d’abord été lancée par ses adversaires écologistes, Bruno Bernard (président de la Métropole) en tête, qui souligne qu’“il fait du trumpisme” en diffusant “de fausses informations”. Mais derrière la pique, la question mérite d’être posée : le septuagénaire lyonnais partage-t-il vraiment des traits avec le président américain ou n’est-ce qu’un slogan destiné à ringardiser un outsider qui bouscule les codes ?

La première évidence est stylistique. Aulas a toujours incarné une personnalisation extrême du pouvoir. À l’OL, tout passait par lui : la stratégie sportive, la communication, la relation avec les médias. Aujourd’hui, il applique la même recette en politique : sa campagne n’est pas celle d’un parti mais “celle d’un Lyonnais qui s’engage pour sa ville”. Un discours qui rappelle le self-made-man américain Trump, persuadé que sa réussite économique lui confère une légitimité politique.

Comme Trump, Aulas capitalise sur son image de bâtisseur – des milliers d’emplois créés, un club porté au sommet du football français, un stade à la hauteur de cette ambition – pour se présenter en alternative crédible à un maire dont l’action est perçue, selon lui, comme ayant créé une situation de “décadence absolue”. Deuxième point commun : la critique des élites en place. Là où Trump voulait “assécher le marécage” (“drain the swamp”) de Washington, Aulas promet de dépoussiérer l’Hôtel de Ville.

Sa proposition choc de supprimer le cabinet du maire a été immédiatement dénoncée par Marine Tondelier, secrétaire nationale Les Écologistes, qui voit en Aulas un “ersatz français de Donald Trump” et estime que “c’est le trumpisme qui arrive en France”. Une critique qui met en lumière la volonté du candidat Aulas de s’attaquer à ce qu’il considère comme des lourdeurs bureaucratiques. Cette rhétorique, qui peut apparaître par moments antisystème, relayée par ses soutiens à droite et au centre, tranche avec le discours plus institutionnel de ses adversaires écologistes.

Pour autant, la comparaison trouve vite ses limites. Le trumpisme n’est pas seulement un style, c’est une idéologie marquée par le nationalisme (“America First”), le rejet de l’immigration, la polarisation identitaire et la défiance vis-à-vis des contre-pouvoirs démocratiques. Rien de tel chez Aulas. Son projet reste centré sur Lyon : attractivité économique, mobilité, rayonnement international. Pas de slogans identitaires, pas de guerre ouverte contre les médias – lui qui a toujours su cultiver une relation ambiguë mais constante avec la presse.

S’il aime provoquer, Aulas n’a jamais remis en cause le cadre républicain ni les institutions. En réalité, ce que ses adversaires qualifient de “trumpisme” relève davantage d’une stratégie de communication que d’une adhésion idéologique. Aulas cherche à incarner l’outsider, celui qui ose “dire les choses” et s’opposer à la technostructure.

Dans un contexte lyonnais marqué par le clivage entre écologistes et opposition fragmentée, cette posture lui permet de capter l’attention médiatique et de séduire un électorat en quête d’efficacité et d’autorité. Mais elle comporte un risque : en misant sur la provocation et l’annonce choc, l’ancien patron du foot lyonnais s’expose à la caricature, celle d’un homme “populiste”, plus préoccupé par les coups d’éclat que le réalisme politique.

Alors, Aulas trumpiste ? Disons plutôt “aulasiste”. Comme souvent, l’homme préfère inventer ses propres règles que suivre celles des autres. Son entrée en politique relève moins d’un copier-coller du trumpisme que de la transposition en politique de ses propres méthodes de management qu’il a forgées dans le football et le business, imprégnées de son style personnel d’homme-orchestre, usant à l’envi du personal branding.

Reste à savoir si, à Lyon, cette approche séduira au-delà du cercle de ses partisans, ou si elle se heurtera aux limites d’un exercice politique qui ne se gagne pas seulement à coups de formules percutantes.

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