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Chômage, dette, pouvoir d'achat : les chiffres noirs de Sarkozy

Le député du Rhône Pierre-Alain Muet dresse un bilan au vitriol du quinquennat de Nicolas Sarkozy dans le livre "contre-vérités et tristes réalités des années Sarkozy". Le député UMP du Val d'Oise, Jérôme Chartier, lui répond.

LE CHÔMAGE FRANÇAIS

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A l'été 2008, France et Allemagne accusaient un taux de chômage identique : 7,5%. Crise oblige, celui-ci a explosé dans de nombreux pays européens… sauf en Allemagne. Le député du Rhône y voit le résultat du chômage partiel, bien davantage poussé Outre-Rhin. Il a permis à réduire de 2,5% la durée annuelle de travail en 2009, avant de repartir à la hausse en 2010. Deux ans plus tard, notre voisin se paie le luxe de voir son taux baisser encore, comme si la crise n'était pas survenue.

Ce constat, Jérome Chartier ne le conteste évidemment pas. Mais dans le modèle allemand, il se réfère plutôt à la TVA sociale - il a élaboré un rapport sur la question. "Si Pierre-Alain Muet était honnête, il dirait que le taux de chômage était de 9% en Allemagne en 2006 et que le 7 % de 2008 était sur une trajectoire, dont le point de départ était la réduction des charges patronales et la réduction de 25% à 15% du taux national de l'impôt sur les sociétés. Il dirait aussi que le coût des deux mesures a été compensé par la hausse de 3 points du taux de TVA de 16% à 19% au 1er janvier 2007".

A LA RECHERCHE DU POUVOIR D'ACHAT

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"Travailler plus pour gagner plus", était presque le slogan de campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. La défiscalisation des heures supplémentaires est le principal levier qu'il a trouvé pour doper les salaires. Avant la fameuse prime de mille euros qui a tourné au fiasco. "Ce sera le seul quinquennat où le SMIC n'aura bénéficié d'aucun coup de pouce", réalise Pierre-Alain Muet (photo ci-contre). Selon ses calculs, le pouvoir d'achat au global a progressé de 3,4% par an sous Lionel Jospin, de 2,2% par an sous le 2e quinquennat de Jacques Chirac et de seulement 0,9% par an sous Sarkozy. Il a même baissé si on le rapporte au nombre de ménages. On lui objectera que cet indicateur est très sensible à la fiche de paie et donc au bon vouloir des entreprises. Mais souligne l'économiste socialiste, "ce qui fait le pouvoir d'achat d'une Nation, c'est son niveau d'emploi". Or celui-ci a reculé fortement.

"Pierre-Alain Muet dit une chose et son contraire", réagit Jérôme Chartier qui pointe l'augmentation du SMIC voulue par le PS qui pénaliserait selon lui l'emploi et la croissance. "Nous devons geler l'augmentation mécanique du SMIC comme le conseille le groupe d'experts sur le SMIC, présidé par l'ancien directeur général de l'INSEE Paul Champsaur", préconise l'élu UMP. Il défend aussi la défiscalisation des heures supplémentaires : "'Ce sont plus de 22 milliards d'euros de pouvoir d'achat donnés depuis 2007 à 9 millions de salariés en France".

LA DETTE INCONTRÔLEE

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D'après Pierre-Alain Muet, le creusement des déficits sous Sarkozy relève des théories conservatrices en vogue chez Ronald Reagan et Margaret Tatcher qui croyaient à "l'économie du ruissellement". Comprendre : donner aux riches, cela finira bien par profiter aussi aux pauvres. C'est dans cet esprit que le paquet fiscal de 13,7 milliards d'euros aurait été voté en 2007. Voilà qui a plombé nos comptes publics avant même l'arrivée de la crise. Le député de la Croix-Rousse ne manque de rappeler que la Cour des Comptes avait estimé que seuls 38% du déficit était imputable à la crise. Il insiste : "le doublement du ratio dette/PIB ne résulte que de gouvernements de droite". Jérôme Chartier estime que le grand emprunt et la suppression de la taxe professionnelle, induis par la crise, n'ont pas été comptabilisés par la Cour des Comptes.

LA BALANCE COMMERCIALE SOMBRE

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Que se passe-t-il ? Entre 1995 et 2002, la France enregistrait des excédents commerciaux, compris entre 20 et 30 milliards d'euros. Depuis, notre pays sombre dans les déficits. En cause selon Pierre-Alain Muet, la faiblesse de notre industrie. "Les régions qui, comme Rhône-Alpes, dispose d'une industrie forte sont à l'équilibre", constate-il. "Comparée à l'Allemagne, la faiblesse de la France n'est du côté des grands groupes - dans le top 500 mondial des grands groupes, on trouve 40 firmes françaises contre 39 allemandes et 26 britanniques", écrit-il. Le déficit se concentre sur nos PME avec "un problème de spécialisation sur le bas et moyen de gamme qui nous met en concurrence avec des pays bien moins chers".

Le député passe sous silence la suppression de la taxe professionnelle, profitable à l'investissement, à l'augmentation du crédit recherche, favorable à l'innovation, toutes décidées par Nicolas Sarkozy. Mais Jérôme Chartier (photo ci-contre) cible surtout les 35 heures : "L'économiste Christian Saint-Etienne, qui vient de publier un livre expliquant l'origine de la chute du commerce extérieur, responsabilise en totalité les 35 heures qui ont détruit à la fois la compétitivité française et son encouragement à accroître la recherche de parts de marchés à l'exportation".

TRAVAILLONS-NOUS ASSEZ ?

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Dans son programme présidentiel de 2007, Nicolas Sarkozy écrivait : "Notre pays est devenu celui qui travaille le moins en Europe". Le détricotage des 35 heures et la réhabilitation de la valeur travail figuraient au cœur de son projet économique. Problème : Pierre-Alain Muet ne partage pas du tout ce constat. En comparant le volume horaires des salariés à temps plein, la France accuse un retard certain. Mais le député de Lyon prend en compte tous les salariés. Et comme les Françaises buchent plus que beaucoup d'autres ayant moins recours aux temps partiels, il ressort que le salarié français travaille en moyenne 38h par semaine, contre 35,7h pour un Allemand, 36,6h pour un Britannique et 30,6h pour un Néerlandais. Un constat qui reste valable même en intégrant les congés annuels : un Français travaille 1554h par an, contre 1419h pour un Allemand. Ce diagnostic l'amène notamment à dénoncer la défiscalisation des heures supplémentaires.

Jérôme Chartier raille ce calcul : "en additionnant temps complet et temps partiel, monsieur Muet persiste à additionner des choux et des carottes". Le député socialiste ne s'engage pas sur une question pourtant liée : le coût du travail. Questionné sur le sujet, il affirme que celui dans l'industrie est identique des deux côtés du Rhin : 33 euros/heure. "Toutes les analyses montrent les très grandes disparités entre les coûts du travail entre la France et l'Allemagne selon les filières. Si tout ne se résume pas au coût du travail, le temps travaillé encadré conjugué à des charges importantes qui pèsent sur le travail ne favorisent pas la compétitivité", estime le député UMP.

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Pierre-Alain Muet, Contre-vérités et tristes réalités des années Sarkozy, fondation Jean-Jaurès, février 2012. A télécharger sur le site de la Fondation Jean Jaurès.

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