Ena Promotion Voltaire

Royal, Jouyet et consorts : l’auto-promotion Voltaire de l’Ena

Politique, la nomination de Ségolène Royal à la vice-présidence de la Banque publique d'investissement (BPI) braque de nouveau les projecteurs sur la désormais fameuse promotion Voltaire (1978-1980) de l’Ena, à laquelle appartenait François Hollande.

Ségolène Royal, l’ancienne compagne de François Hollande, promue à la vice-présidence de la toute nouvelle Banque publique d’investissement (BPI) sur proposition de Jean-Pierre Jouyet, son président – et ami du couple jusqu’à sa séparation... À caractère à la fois politique et familial, l’affaire ne met pas seulement à mal le discours du chef de l’État sur la “république exemplaire”. Elle braque de nouveau les projecteurs sur la fameuse promotion Voltaire (1978-1980) de l’École nationale d’administration (Ena), d’où sont sortis Ségolène Royale, Jean-Pierre Jouyet et François Hollande.

Depuis l’accession de ce dernier à la présidence de la République, on peut même parler d’auto-promotion ! Le chef de l’État semble s’appuyer essentiellement sur ses condisciples. Le préfet Pierre-René Lemas, côtoyé sur les bancs de l’école située à l’époque rue des Saints-Pères, est ainsi devenu secrétaire général de l’Élysée, alors que Sylvie Hubac, connue dans le même contexte, dirige son cabinet. Au gouvernement, Michel Sapin, un autre camarade de promo, s’est vu attribuer le ministère du Travail, de l’Emploi et du Dialogue social.

Peu à peu, les cases se remplissent dans l’Administration

Pardonné pour avoir cédé aux sirènes de Nicolas Sarkozy dont il a été secrétaire d’État chargé des affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet, proche d’entre les proches, a été propulsé, en octobre dernier, à la direction générale de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), le bras armé financier de l’État. Qui contrôle notamment Veolia Transdev, le groupe de transport public, dont le PDG s’appelle, depuis le mois de décembre, Jean-Marc Janaillac, un autre “voltairien”...

Il y a une crise de gouvernance à Sciences Po ? On fait appel à Jean Gaeremynck, un conseiller d’État, énarque du même cru, pour assurer l’intérim. Le Crédit Immobilier de France (CIF) traverse des turbulences ? On envoie en renfort Francois Morlat comme directeur général. Des rapports à écrire sur l’épargne réglementée ou sur l’influence de la France sur la scène internationale ? On sollicite Pierre Duquesne et Claude Revel, d’autres condisciples de François Hollande. Le Gouvernement envisage un rapprochement du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) avec le gendarme des télécoms (Arcep) ? C’est compter sans l’influence de Jean-Ludovic Silicani, le président de l’Arcep, major de la promotion Voltaire, qui ne veut pas entendre parler de mariage. Il y a une révolution de palais au cabinet de Vincent Peillon, au ministère de l’Éducation nationale ? On recase rapidement Pierre-Yves Duwoye, son dircab, comme recteur de l’académie de Versailles.

Une solidarité qui dépasse le clivage gauche/droite

Le sens de la solidarité est tel au sein de cette promotion que le contesté Dov Zerah, nommé à la direction de l’Agence française de développement (AFD) par Nicolas Sarkozy, peut encore espérer garder son poste ou trouver une porte de sortie honorable. La preuve, Claude Bartolone, le président socialiste de l’Assemblée nationale, vient de reconduire au Conseil constitutionnel Claire Bazy-Malaurie, camarade de classe du chef de l’État, pourtant nommée par Bernard Accoyer, son prédécesseur (UMP) au perchoir. Certes, tout le monde n’a pas été récompensé à sa juste valeur, à l’image de l’avocat fiscaliste Dominique Villemot, auteur du livre-programme de François Hollande, ou du diplomate Jean-Maurice Ripert encore exilé en Turquie, où il représente l’Union européenne, mais les exceptions sont rares.

Au point de faire passer Dominique de Villepin, un autre condisciple, pour un égoïste. Solitaire, l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac, n’a eu que très peu recours à ses camarades de promotion, à l’exception de Renaud Donnedieu de Vabres, son ministre de la Culture et de la Communication (2004-2007), et de Pierre Mongin, son directeur de cabinet, recasé par la suite à la présidence de la RATP. Même sa sœur, Veronique Albanel, “voltairienne” elle aussi, n’a eu droit à aucun traitement de faveur.

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