Jean-Luc Fugit
© Tim Douet

"Il n'y a pas d'opposition entre agriculture et écologie", assure Jean-Luc Fugit (Renaissance)

Jean-Luc Fugit, député Renaissance du Rhône, évoque sur le plateau de 6 minutes chrono la crise des agriculteurs.

La crise des agriculteurs s'est en grande partie résolue avec l'annonce du gouvernement de suspendre le plan Ecophyto qui prévoyait une réduction de l'utilisation des pesticides. Une annonce perçue comme un renoncement par les associations environnementalistes. "Il n'y a pas d'opposition entre agriculture et écologie, d'ailleurs on a besoin d'agriculture performante pour fixer du CO2, donc sans agriculture performante, on aura des problèmes de planification et notamment pour fixer le dioxyde de carbone. En revanche, sur la partie aujourd'hui du plan Ecophyto, il n'y a pas de suspension, il est simplement mis en pause le temps de le travailler d'ici la fin du mois jusqu'au salon d'agriculture, histoire de l'améliorer, tout simplement pour intégrer des mesures de simplification, aussi pour rassurer par rapport à certaines inquiétudes, lever certaines incompréhensions, essayer de faire quelque chose qui ne soit pas fait avec brutalité, tout ceci en rappelant qu'il y a déjà eu une ambition. L'ambition ne sera pas réduite et surtout qu'on ne revient pas sur les distances d'éloignement des habitations pour les traitements. Donc l'idée aujourd'hui, c'est que les agriculteurs sont aussi des partisans de l'écologie, les agriculteurs sont déjà à la pointe en matière de réduction des produits phyto", assure Jean-Luc Fugit.

Le député du Rhône revient aussi sur les contrôles qui vont se renforcer pour vérifier l'application des lois Egalim qui garantissent un revenu juste pour les agriculteurs : "comme nul n'est censé ignorer la loi, tout le monde doit l'appliquer et que peut-être que ce soit un certain nombre de distributeurs ou industriels, peut-être pourraient-ils aussi être un peu plus patriote et donc un peu plus soutenir  nos agriculteurs et notre pays, en étant eux aussi vraiment le jeu de cette, entre guillemets, de cette loi. S'il faut intensifier les contrôles, ça va être fait. C'est même quelque part un petit peu dommage d'être obligé d'en arriver là".

La retranscription intégrale de l'entretien avec Jean-Luc Fugit

Bonjour à tous et bienvenue, vous regardez 6 minutes chrono le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale et aujourd'hui nous sommes avec Jean-Luc Fugit. Vous êtes député Renaissance, majorité présidentielle d'une circonscription du sud du Rhône qui englobe Givors et aussi une partie notamment les collines viticoles du Rhône. On voulait revenir avec vous sur le malaise agricole, une des portes de sortie de crise qui a été annoncée par le gouvernement c'est la réduction, finalement la mise en pause du plan Ecophyto qui visait à une réduction drastique des pesticides utilisés par les agriculteurs, est-ce que c'est bien compatible avec ce qu'avait annoncé Emmanuel Macron en avril 2022 à Marseille disant mon quinquennat sera écologique ou ne sera pas ?


Alors ce quinquennat est écologique, déjà dans sa première année, on l'a bien vu en 2023. Avant de revenir sur la question agricole, avec l'adoption de la loi d'accélération de la production des énergies renouvelables, avec une loi pour relancer le nucléaire, la loi industrie verte et puis toute la planification écologique qui se met en place, dans laquelle il y a un volet pour l'agriculture et ça me permet de dire qu'il n'y a pas d'opposition entre agriculture et écologie, d'ailleurs on a besoin d'agriculture performante pour fixer du CO2, donc sans agriculture performante, on aura des problèmes de planification et notamment pour fixer le dioxyde de carbone. En revanche, sur la partie aujourd'hui du plan Ecophyto, il n'y a pas de suspension, il est simplement mis en pause le temps de le travailler d'ici la fin du mois jusqu'au salon d'agriculture, histoire de l'améliorer, tout simplement pour intégrer des mesures de simplification, aussi pour rassurer par rapport à certaines inquiétudes, lever certaines incompréhensions, essayer de faire quelque chose qui ne soit pas fait avec brutalité, tout ceci en rappelant qu'il y a déjà eu une ambition. L'ambition ne sera pas réduite et surtout qu'on ne revient pas sur les distances d'éloignement des habitations pour les traitements. Donc l'idée aujourd'hui, c'est que les agriculteurs sont aussi des partisans de l'écologie, les agriculteurs sont déjà à la pointe en matière de réduction des produits phyto, je pense par exemple à des arboriculteurs qui travaillent ici dans ma circonscription, qui utilisent le biocontrôle ou l'équivalent pour réduire un certain nombre de produits, et ils utilisent beaucoup moins qu'il y a 10 ou 20 ans. Donc cette transition, elle se fait, seulement il faut peut-être mieux l'expliquer et peut-être l'adapter aujourd'hui avec des conditions de simplification et lever certaines inquiétudes, de manière à être dans l'accompagnement de nos agriculteurs et non pas les mettre sous des contraintes telles qu'aujourd'hui, par moment, ils n'en peuvent plus. Et je crois que c'est ça qu'ils ont voulu nous dire. C'est aussi la réponse qui a été apportée par le gouvernement. Et ces réponses-là, il faut les voir non pas comme un point d'arrivée, mais pour moi, il faut vraiment les voir comme un point de départ. Et maintenant, il va falloir décliner ceci filière par filière et particulièrement la question des phyto. Donc on ne diminue pas l'ambition. En revanche, on prend le temps de mieux travailler avec eux.


Une autre de leurs revendications, ou en tout cas le malaise qu'ils exprimaient, c'était de ne pas pouvoir vivre dignement de leur travail, de leur activité. Là-dessus, on a l'impression que les réponses pour le coup, elles sont beaucoup plus courtes...

Pouvoir vivre de leur activité, c'est la problématique qu'on a essayé de travailler dans le premier mandat,  au travers des lois Egalim 1 et 2, qui sont des lois qui sont défendues par la grande majorité des agriculteurs, mais qui, aujourd'hui, ont des difficultés. On a bien vu qu'il y a eu un contournement de ces lois par un certain nombre d'industriels et de distributeurs qui se sont organisées. Et donc, on s'aperçoit qu'en fait, la seule possibilité, c'est sûrement, évidemment, beaucoup plus de contrôle pour que ce partage de la valeur soit bien meilleur que la loi Egalim actuelle. Mais c'est aussi une extension au niveau européen de manière à pouvoir avoir une politique ambitieuse au niveau européen, pour éviter l'adaptation d'un certain nombre de centrales d'achats qui s'installent dans les pays voisins pour contourner la loi française. Et donc, c'est ce que le gouvernement propose de porter au niveau européen, l'Europe restant, évidemment, le terrain d'une ambition intéressante pour notre agriculture, et nos agriculteurs le savent très bien.


Mais pour ce qui est de la partie française, comment expliquez vous qui avez beaucoup travaillé sur ces lois Egalim, qu'elles étaient finalement si peu contrôlées ?


On pourrait aussi le voir dans l'autre sens, c'est que comme nul n'est censé ignorer la loi, tout le monde doit l'appliquer et que peut-être que ce soit un certain nombre de distributeurs ou industriels, peut-être pourraient-ils aussi être un peu plus patriote et donc un peu plus soutenir  nos agriculteurs et notre pays, en étant eux aussi vraiment le jeu de cette, entre guillemets, de cette loi. S'il faut intensifier les contrôles, ça va être fait. C'est même quelque part un petit peu dommage d'être obligé d'en arriver là. Mais aujourd'hui, écoutez, c'est une réalité et je crois que nos agriculteurs ont bien raison de le dénoncer parce que, vous savez, nos agriculteurs, finalement, ils font face à trois choses. La pénibilité d'un métier qui a toujours été difficile. Moi, j'ai grandi dans une ferme. Il est question d'un métier qui ne rémunère pas à la hauteur du travail fourni et puis des contraintes qui sont d'autant plus importantes qu'on a aussi l'impact des évolutions climatiques. Vous voyez ici, dans le sud du département du Rhône, je pense qu'il faut prendre le temps de le dire sur ces 15 dernières années, par exemple, il y a à peu près qu'une ou deux années où on a eu, entre guillemets, une météo dite normale, c'est à dire, on n'a pas eu d'aléas climatiques majeurs. C'est à dire qu'on n'a eu que une ou deux années sur les 15 dernières où on a eu une année soit sans gel, sans grêle, sans sécheresse. Ce qui était donc exceptionnel il y a 30 ou 40 ans devient maintenant la norme, c'est à dire que vous avez toujours un aléa climatique important. Et donc ceci vient rajouter de la pression sur le monde agricole qui aujourd'hui exprime une colère que je trouve légitime et à laquelle il faut apporter des réponses réelles et les structurer filière par filière, les inscrire dans la durée, les accompagner et puis peut-être tout le monde, un peu tous élus comme non élus, nous ressaisir vis-à-vis du monde agricole, c'est à dire être plus au soutien, plus dans la compréhension et puis peut-être aussi être encore plus présents pour les protéger et acheter leurs produits.

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