Mecs de Villeurbanne

On y voit des jeunes villeubannais chanter leur haine de la police et décrire avec provocation leur vie dans leur quartier. Extraits : "Dis à la France qu'il y a que mon zob qui est sincère" ou encore "on baise les flics pour tout ce qu'ils nous font vivre." Des paroles qui pourront choquer certains mais qui s'inscrivent dans un travail artistique et sociétal. On doit ce clip "mecs de Villeurbanne" à Dami et Soweto, deux amis d'enfance vivant dans le même quartier à La Ferrandière et qui décident de crée en 2005, le groupe Ravage. "On a fait nos débuts avec Lucien 16S (ex-rappeur du groupe IPM) qui nous a appris les bases du rap. Depuis on donnait régulièrement des concerts dans notre quartier puis on a eu l'idée de réaliser ce clip." En mai dernier, les deux rappeurs réussissent à mobiliser plus de 200 personnes venant de tous les quartiers de Villeurbanne mais aussi d'autres cités de Lyon afin de tourner leur clip. Depuis le succès est au rendez-vous, puisque ce sont plus de 50 000 internautes qui ont déjà visionné leur prouesse. "On est content, c'est un bon début. Honnêtement, on ne s'attendait pas à un tel succès, mais cela confirme qu'il y a une forte attente pour ce style de musique."

Les deux jeunes qui disent ne pas vouloir collaborer avec la mairie de Villeurbanne pour conserver leur esprit d'indépendance ont connu quelques mésaventures lors du tournage de leur clip. "On n'a pas demandé d'autorisation pour faire notre clip car on veut être en adéquation avec ce qu'on dit. On marche sans les institutions. On n'est pas des assistés, on préfère se débrouiller seul. Le jour du tournage du clip, les policiers ont débarqué et ont tiré avec leur flash-ball, alors qu'il y avait des enfants de 10 ans." Révoltés par l'attitude des forces de l'ordre, Dami et Soweto se font porte parole d'une jeunesse en conflit ouvert avec sa police. "Dans notre musique, on dénonce leurs agissements car il y a trop d'abus. Les contrôles d'identités sont systématiques. Dans notre Rap, on raconte notre quotidien, la vie de jeunes vivant dans un quartier de France." Difficile de se faire comprendre pour ces deux jeunes de 19 ans dotés d'un talent indéniable mais qui ont surtout des idées à défendre. "Certains peuvent être choqués par certaines séquences du clip mais il ne faut pas rester sur des préjugés et bien lire nos textes. Si on fait du rap, c'est qu'on a des choses à dire, des choses sur le cœur. On n'est pas schizophrènes, on raconte notre vie. On redonne de la révolte au Rap." Et de reprendre en cœur : "Notre force, c'est notre plume". Dami et Soweto, sortent un premier maxi (8 titres) en novembre prochain tiré à 2000 exemplaires en collaboration avec un autre rappeur lyonnais. Il y a fort à parier que ces deux-là, n'ont pas fini de faire parler d'eux.

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