Bien que toujours dans l’ombre de celle du Vieux Continent, la musique américaine a pourtant connu des heures de gloire au cours du XXe siècle, laissant apparaître un champ esthétique propre au pays de l’Oncle Sam. Ce cycle de concerts sera l’occasion du grand retour à Lyon de l’ancien chef de l’ONL, Leonard Slatkin.
Il aura fallu attendre le XXe siècle pour que les États-Unis donnent naissance à des compositeurs majeurs dans le domaine symphonique et que quelques descendants de colons européens se révèlent enfin, dessinant les contours d’une esthétique nouvelle. Tonale, lumineuse, directe, tantôt influencée par le jazz (Gershwin), jusqu’aux courants contemporains de la seconde moitié du XXe siècle (Elliott Carter, John Cage…) ou au minimalisme (Terry Riley, Steve Reich, Philip Glass…), la musique états-unienne prend résolument ses distances avec l’héritage européen.
C’est autour de ces répertoires parfois méconnus du grand public que s’articule cette série de concerts à l’Auditorium, scellant pour l’occasion le retour à point nommé de Leonard Slatkin à la baguette dans une forme de jubilé.
Le chef américain – qui fêtera ainsi à Lyon ses 80 bougies – sera associé, pour un premier rendez-vous, au jeune violoncelliste Sheku Kanneh-Mason. Après un Timepiece de la compositrice Cindy McTee dédié à l’épouse de Slatkin, l’ONL interprétera la Symphonie n° 3 d’Aaron Copland et le Concerto pour violoncelle n° 2 de Chostakovitch qui, s’il n’a pas grand-chose d’américain, permettra au soliste états-unien de s’illustrer dans ce monument de la musique concertante sur lequel planera l’ombre de son idole Rostropovitch.
Place à la musique de chambre et au quatuor à cordes – composé de membres de l’Orchestre national de Lyon – avec le Quatuor de Samuel Barber dont est extrait le célébrissime Adagio qui rencontrera le succès que l’on connaît dans sa version ultérieure pour orchestre à cordes maintes et maintes fois reprise pour les besoins du cinéma ou de la télévision.
Au programme également le Quatuor n° 3 “Mishima” de Philip Glass, œuvre majeure du compositeur, immortalisée par le Kronos Quartet dans la bande originale de l’excellent biopic du même nom de Paul Schrader sur la vie (et la mort) du romancier japonais.
Dans la famille Slatkin, je voudrais…
Leonard Slatkin foulera à nouveau l’estrade à l’occasion du Concert pour les étudiants en compagnie de la violoniste solo de l’ONL, Jennifer Gilbert, qui interprétera le Concerto pour violon de Barber.
Une œuvre de son propre fils Daniel Slatkin sera également au programme, baptisée Voyager 130 en hommage à la sonde spatiale Voyager et à Beethoven – on notera tout de même l’étrangeté de l’association Voyager/Beethoven…
La soirée s’achèvera avec Porgy and Bess : A Symphonic Picture de George Gershwin (arrangé par Russel Bennett).
Ce programme réservé aux étudiants sera repris le lendemain avec en bonus une composition de Leonard Slatkin himself cette fois – The Raven, d’après Edgar Allan Poe – présentée en création européenne.
Un anniversaire en famille donc, placé sous le signe de la bannière étoilée et de la patrie de l’ancien maestro de l’ONL, qui risque de nous en faire voir de toutes les couleurs.
America – Les 3, 4, 5, 6, 8, 10 et 11 octobre à l’Auditorium de Lyon