David Kimelfeld, conseiller métropolitain et municipal à Lyon, est l'invité de 6 minutes chrono-Lyon Capitale.
La gauche se met en ordre de bataille pour les élections municipales à l'exception des Insoumis. La droite lyonnaise a, elle, adoubé, Jean-Michel Aulas. Le casting s'affine et l'espace pour les autres candidatures se restreint. David Kimelfeld, ancien président de la Métropole, estime toujours qu'une offre politique entre ces deux blocs peut séduire un électorat centriste. "Il n'y a pas de fatalité dans l'affrontement annoncé entre Jean-Michel Aulas, soutenu par la droite et par Laurent Wauquiez – que ce soit à la ville de Lyon ou à la métropole. Beaucoup évoquent la ville de Lyon, mais le même schéma va apparaître pour la métropole de Lyon, sans doute avec une empreinte encore plus marquée des Républicains, qui y sont puissants. Face à eux, il y aura les Verts qui, eux, envisagent une première ou une deuxième tournée avec les Insoumis. Pour ma part, je pense qu'une troisième voix, une voix de gauche progressiste, peut exister aujourd'hui. Elle peut se rassembler, sans être dans l'opposition systématique à ce qu'ont fait les Verts – il ya des choses à retenir, évidemment –, mais avec des priorités qui, selon moi, n'ont pas été suffisamment portées lors de ce mandat : justice sociale, pouvoir d'achat, attractivité économique du territoire, et proximité", veut croire l'ancien président de la Métropole.
David Kimelfeld pose des limites à d'éventuelles alliances à commencer par la France Insoumise : "c'est effectivement une ligne rouge, au premier comme au second tour. J'avais également indiqué les Républicains comme ligne rouge, tout simplement parce que nous ne partageons pas les mêmes objectifs, notamment sur le développement de la métropole".
La retranscription intégrale de l'entretien avec David Kimelfeld
Bonjour à tous et bienvenue. Vous regardez 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui, nous sommes avec David Kimelfeld. Vous êtes conseiller métropolitain, conseiller municipal, et il est parfois difficile de vous situer précisément sur l'échiquier politique, entre centre et gauche. Comment vous définirez-vous aujourd'hui ?
Je crois qu'il est désormais plus pertinent de s'interroger sur l'avenir, car ce sont les échéances à venir, les élections municipales et métropolitaines, qui vont me définir. Il n'y a pas de fatalité dans l'affrontement annoncé entre Jean-Michel Aulas, soutenu par la droite et par Laurent Wauquiez – que ce soit à la ville de Lyon ou à la métropole. Beaucoup évoquent la ville de Lyon, mais le même schéma va apparaître pour la métropole de Lyon, sans doute avec une empreinte encore plus marquée des Républicains, qui y sont puissants. Face à eux, il y aura les Verts qui, eux, envisagent une première ou une deuxième tournée avec les Insoumis. Pour ma part, je pense qu'une troisième voix, une voix de gauche progressiste, peut exister aujourd'hui. Elle peut se rassembler, sans être dans l'opposition systématique à ce qu'ont fait les Verts – il ya des choses à retenir, évidemment –, mais avec des priorités qui, selon moi, n'ont pas été suffisamment portées lors de ce mandat : justice sociale, pouvoir d'achat, attractivité économique du territoire, et proximité. Cet espace peut s'ouvrir à plusieurs mouvements politiques, en particulier Place Publique, le parti de Raphaël Glucksmann, la Convention de Bernard Cazeneuve, à laquelle je participe, les radicaux de gauche de Guillaume Lacroix, ainsi que des mouvements citoyens comme ceux d'Éric Lafon. Si cet espace, capable de défendre un projet tout en restant clair sur les alliances de second tour, voit le jour dans les prochains jours, je souhaite y prendre part.
Les deux autres blocs sont déjà organisés ; à la fin de l'été et au début de la campagne, on constate que la droite a scellé son alliance avec Jean-Michel Aulas, tandis que les Verts, les socialistes et les communistes sont d'accord pour repartir ensemble, même s'il reste la question des Insoumis. Le fait que les socialistes, votre ancienne famille politique, se répartissant avec les écologistes, est-ce un obstacle pour vous ?
Non, ce n'est pas un obstacle. Je crois d'ailleurs que, pour l'instant, les socialistes n'ont pas encore probablement conclu un accord définitif avec les Verts, que ce soit à la ville de Lyon ou à la métropole. Je pense que certains socialistes se montreront attentifs, en tout cas je l'espère, à une initiative portée par Place Publique, la Convention, les radicaux de gauche et des mouvements citoyens dès le premier tour. Je me réjouirais si certains socialistes, comme je comptais le faire moi-même, rejoignaient un rassemblement de ce type, afin d'y travailler.
Pourriez-vous rejoindre l'alliance qui est en train de se former entre les écologistes et les socialistes ? Pourriez-vous travailler demain avec eux ?
Oui, je le pense. Certes, au début du mandat, j'ai pu être critique avec les Républicains, mais je n'ai jamais adopté leurs positions ; j'ai pu exprimer des positions fermes sur certains choix, mais j'ai toujours eu une vision spécifique. Comme je l'ai indiqué en préambule, il est possible de travailler avec le Parti Socialiste et les Verts lors d'un deuxième tour à condition qu'un certain nombre de points soient précisés, notamment sur les priorités à accorder au mandat. Les Verts avaient annoncé un dernier mandat pour le climat, ou nous faisons face aujourd'hui à un nouveau mandat. D'autres priorités, insuffisamment mises en avant dans le premier mandat, doivent l'être désormais. C'est là que la troisième voix, une voix de gauche progressiste, peut jouer un rôle, auquel je peux contribuer. Je ne suis pas candidat à titre personnel, mais je me considère candidat à ce rassemblement. Ce que je peux apporter, c'est mon expérience : une bonne connaissance de la métropole, de ses agents, des dossiers, du fonctionnement institutionnel, et un dialogue régulier avec les maires de cette métropole. En toute humilité, c'est ce que je souhaite apporter, si ce rassemblement s'ouvre sous une impulsion qui n'est pas la mienne, mais celle des mouvements que j'ai cités plus haut.
Vous évoquiez plus tôt les alliances possibles de second tour. Si les Insoumis souhaitent être dans l'équation, cela change-t-il quelque chose pour vous ?
Oui, cela change beaucoup de choses.
La France Insoumise constitue-t-elle pour vous une ligne rouge ?
Pour moi, c'est effectivement une ligne rouge, au premier comme au second tour. J'avais également indiqué les Républicains comme ligne rouge, tout simplement parce que nous ne partageons pas les mêmes objectifs, notamment sur le développement de la métropole. J'insiste sur ce point : on parle beaucoup de la ville de Lyon, ce qui est normal, car l'élection se personnalise et la fonction symbolique reste forte. Toutefois, les compétences et les budgets sont désormais à la métropole. Si le schéma reste le même demain, les Républicains dirigeront la métropole, ce que je ne souhaite pas, car nous n'avons pas les mêmes objectifs, en particulier concernant les compétences sociales de la métropole.
S'agissant toujours de Lyon, vous évoquiez le rapprochement entre Jean-Michel Aulas et les Républicains. Jean-Michel Aulas se présente comme un candidat sans étiquette, souhaitant rallier du centre-gauche jusqu'à la droite. Pour vous, une alliance avec Jean-Michel Aulas est-elle envisageable, avant ou après son alliance avec les Républicains ?
Dès la candidature de Jean-Michel Aulas, j'ai pu dire – peut-être de façon trop ironique – qu'il représentait une bonne nouvelle pour les Républicains qui avaient enfin trouvé leur candidat, et la situation le confirme aujourd'hui. Je n'envisage pas, pour ce qui me concerne, ce travail en commun avec eux, compte tenu de la solidité de cette alliance, la première annoncée. Lorsque Jean-Michel Aulas ou Pierre Oliver annoncent que Jean-Michel Aulas va se tourner vers le centre-gauche, je ne sais pas qui ni où se situe ce centre-gauche pour le futur candidat à la ville de Lyon.
Rappelons à Mr K que les insoumis se sont construit sur les cendres d'une gauche qui s'était enlisée comme Mr Collomb dans ses compromissions avec le libéralisme jusqu'à faire alliance aux dernières élections avec Mr Wauquiez.