Sans-papiers, il refuse de nouveau d'être expulsé

Sous le coup d'un arrêté d'expulsion, l’Angolais Guilherme Hauka-Azanga avait refusé de monter dans l'avion en janvier dernier (lire ici). Jeudi matin, il a été conduit à l'aéroport de Francfort mais a refusé de nouveau de monter dans l'avion. Son avocat a déposé vendredi une demande d'asile. Et samedi, le juge des libertés a ordonné sa remise en liberté.

Guilherme Hauka-Azanga est sans-papiers et habite en France depuis huit ans. Le 31 janvier dernier, il a refusé de monter dans l'avion qui le ramenait dans son pays d'origine, l'Angola. Un acte pour lequel il a été condamné à deux mois de prison. Jeudi, il est extrait de la prison de Corbas, où il est détenu depuis janvier, pour être conduit en voiture à l'aéroport de Francfort. Là, il refuse de monter dans l'avion et est sanglé par les policiers avant d'être rapatrié au centre de rétention de Lyon vendredi matin.

« La préfecture a refusé de donner la date de l'expulsion. Les autorités ont fait cela sans en avertir la famille», raconte Catherine Tourier, membre de RESF (Réseaux Education Sans Frontières). Guilherme est, en effet, père et responsable d'une famille de quatre enfants (voir notre article). « Il travaille au "noir" pour faire vivre sa famille et s'occupe de ses enfants car sa femme a une santé fragile », a expliqué Sophie Buisson, la directrice de l'école Gilbert Dru (Lyon 7e) où les enfants sont scolarisés. Sa concubine, également d'origine congolaise, a été quant à elle régularisée. Ces éléments n'ont pourtant pas été retenus par le tribunal administratif et le préfet.

Une mobilisation de plus en plus massive

Un important comité de soutien s'est formé autour de la famille de Guilherme, composé d'amis, de parents d'élèves et de membre de l'association RESF. « Nous avons manifesté toute la semaine devant la préfecture mais personne n'a voulu nous répondre quant à la date d'expulsion», explique Catherine Tourier. De leurs côté, la directrice, les enseignants de l'école et des parents d'élèves se sont mobilisés et ont demandé à plusieurs reprises une audience auprès du préfet. « Nous sommes tous révoltés et affectés par la souffrance de cette famille. » Des parents ont notamment lancé une collecte afin d'aider financièrement la concubine de Guilherme Hauka-Azanga et la pétition en faveur de sa libération compte à ce jour plus de 3000 signatures. « Les enfants sont très malheureux. Leur mère n'a, sans doute, pas su bien leur expliquer mais je pense aussi que c'est parce qu'elle espérait une libération prochaine de son compagnon. »

« Déterminé à rester sur le territoire »

Si la procédure habituelle est respectée, Guilherme devrait passer devant le juge des libertés, dimanche 21 au matin. Celui-ci doit décider de sa mise en liberté ou de l'allongement de sa rétention à Lyon. Vendredi, son avocat a déposé une demande d'asile. Cinq jours sont nécessaires pour y répondre. Guilherme Hauka-Azanga devrait donc rester au centre de rétention jusqu'à mercredi prochain. Néanmoins, la procédure d'expulsion à son encontre est en marche, comme l'a confirmé Yvon Dacrouz, responsable du bureau Forum Réfugié au centre de rétention de Lyon.

Si la demande est rejetée, Guilherme Hauka-Azanga peut être expulsé à tout moment vers l'Angola, la procédure étant valable un an. « On ne peut que regretter que la jurisprudence en matière d'expulsion soit aussi sévère », a constaté Yvon Dacrouz. De son côté, RESF organise une conférence de presse lundi matin avec la directrice de l'école Gilbert Dru afin de sensibiliser l'opinion public sur le cas de ce père de famille. « Ce week-end, nous allons également tenter d'interpeller l'Elysée sur ce problème. Nous avons pu constater dernièrement qu'il avait fini par trancher quand il y avait une mobilisation. Les élections régionales pourraient faire jouer la balance dans un sens ou dans un autre. »

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