Remonté à Bloc

Motif ? Un lieu qui peine à trouver sa clientèle et une Préfecture bien peu conciliante qui lui refuse l'autorisation de fermeture après 3h du matin.

Si elle a souvent changé d'enseigne, du B52 au Fridge, la boîte de nuit de la rue des Rancy dans le 3e arrondissement a abrité en ses murs plusieurs générations de clubbers.

Nouveau patron, nouvelle enseigne, le Bloc voulait tout changer pour renouveler sa clientèle. " On ne voulait plus faire dans l'étudiant. Le Bloc, c'est un club electro pop pour un public d'hommes d'affaire décalés, de jeunes gens BCBG fondus, de lesbiennes déjantées et de transsexuels extravagants ", souligne avec insistance Camel Boutarfa, le concepteur du lieu. " Je voulais quelque chose de fou, sans tabou. Une sorte de folie ibizienne ". Camel Boutarfa, pas vraiment un jeune premier dans le métier, a monté, depuis les années 80, quelques lieux cultes des nuits lyonnaises (le Palladium, le Factory, l'Actuel, le Space et, plus récemment, le Koodeta). Avec ce come-back dans le milieu, il ne s'attendait pas à un tel retour de manivelle.

Chronique d'un échec annoncé ? Dès le mois de mai, Camel sentait le vent tourner et nous faisait part de ses inquiétudes : " Lyon n'a pas l'image d'une ville de fête. C'est une ville très propre sur elle. Les Lyonnais préfèrent les endroits un peu feutrés, un peu lounge, où on se sent un peu embourgeoisé. Lhassa, la capitale du Tibet, est plus animée ".

'Mais quel professionnel va venir s'installer à Lyon ?'
Ouvert le 13 mars dernier, en mal de public, le Bloc comptait bien se relancer en septembre prochain avec un plan de communication d'envergure et des invités de marque.

Mais entre temps, nouveau rebondissement. Malgré le passé du lieu et le CV de son propriétaire, la Préfecture s'en mêle et refuse au gérant du Bloc la fermeture à 5h du matin de rigueur en terme commercial pour ce type d'établissement. La mairie du 3e a beau soutenir la salle, rien n'y fait. Le Bloc doit fermer pendant 6 mois à 3h avant de pouvoir prétendre à mieux. Un round d'observation tout a fait légitime d'après la Préfecture contactée par Lyon Capitale. " En 30 ans de métier, c'est la première fois que l'on me dit de fermer un établissement à 3h. Du jamais vu, ni vécu ! ", clame Camel exaspéré. " C'est totalement arbitraire et c'est selon le bon vouloir des fonctionnaires du commissariat de police. Le Sound Factory à Vaise, ouvert en octobre 2008, n'a pas eu ce traitement de faveur ! ".

Et Camel regrette le manque de soutien de la mairie centrale qui n'aurait, selon lui, jamais fait l'effort de venir adouber son club. " Je ne fais plus rien à Lyon, j'arrête la nuit ! ", déclare-t-il amer. " J'ai toujours eu de bons rapports avec la Préfecture, je ne suis pas là pour polémiquer contre la mairie. D'ailleurs, on était venu me chercher pour le Confluent, mais j'avais décliné l'offre. Aujourd'hui, je ne peux plus avoir confiance en la ville de Lyon. On ne peut pas dire à un professionnel de venir investir dans le domaine de la nuit sans avoir une garantie de pouvoir travailler correctement. J'ai fait 1.4 million de travaux et créé 28 emplois et maintenant, il faut que je demande un droit au travail ? Mais quel professionnel va venir s'installer à Lyon ? ".

Camel Boutarfa tire donc sa révérence et clame avec ironie que le Bloc sera prochainement repris par un couple de Maubeuge pour lancer une sorte de " Rétro Club " du troisième âge. Un petit pic contre la ville qui cache une énorme déception pour cet homme d'affaire atypique.

Mais au final, c'est Thierry Fontaine, un autre professionnel de la nuit, qui reprend les rênes de la boîte de nuit. Proche de Camel Boutarfa et directeur du Papagayo à Saint-Tropez, on lui doit le Loft Club dans le 7e arrondissement. Nouvelle soirée d'inauguration du Bloc prévue ce vendredi 11 septembre.

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