Le 26 septembre prochain, quinze résidents d'EHPAD lyonnais participeront au spectacle Miroir Miroir organisé à la Chapelle de la Trinité en marge de la Biennale de la Danse.
"A gauche, à droite, pousse le dos, lève la tête", après un échauffement et plusieurs grandes respirations, les résidents des EHPAD du groupe ACPPA et du CCAS de la Ville de Lyon sont prêts à débuter la répétition. Vêtus de capes et de capuches noires, c'est dans une ambiance conviviale que les retraités s'apprêtent à danser sur leurs fauteuils, aux côtés de leurs aides soignantes et des danseurs de la Biennale de Lyon. Ensemble, le groupe interprétera "Miroir Miroir", une chorégraphie créée par Cécile Combaret-Guignand et Tarek Aït Meddour, dont la représentation finale se tiendra vendredi 26 septembre à la Chapelle de la Trinité.
Synopsis : la chorégraphie raconte l'histoire d'une bande de jeunes et de moins jeunes qui s'introduisent dans une chapelle dans laquelle le secret de la jeunesse éternelle aurait été caché. "Toute la pièce raconte l'aventure de cette troupe qui rentre et qui va essayer désespérément de trouver le secret de l'éternel jouvence" , explique Cécile Combaret, chorégraphe de la pièce. Le reste de l'histoire ? "Il faudra venir voir le spectacle pour le savoir", sourit Cécile.

L'art-thérapie comme cure de jouvence ?
"Nous sommes censés être une équipe d'aventuriers qui pénètrent dans une chapelle pour y trouver le secret de la jeunesse", explique Tarek aux quinze résidents réunis dans le réfectoire de l'EHPAD de la Rochette (Caluire) pour répéter. "C'est trop tard", glisse une résidente sur le ton de l'humour.
Il se pourrait pourtant que l'activité en elle-même, fasse l'effet d'une véritable cure de jouvence. En effet : "La danse fait partie des thérapies non-médicamenteuses (...) l'idée c'est de proposer des activités physiques qui procurent du plaisir et amène la personne à se mettre en mouvement, si c'est quelque chose qui lui fait plaisir, elle va toujours en ressortir un bien être", explique Céline Juan, psychomotricienne à l'EHPAD de la Rochette.
Même si certains résidents sont parfois limités dans leurs mouvements, la danse s'impose comme un "outil vertueux" autant sur l'aspect mental, que sur l'aspect physique : "Nous sentons aussi que ce biais artistique les aide à se sentir pleinement vivant et en possession de leurs moyens", explique Cécile Combaret. Elle poursuit : "Nous espérons que ce soit des choses qui puissent s'inscrire en eux de manière plus pérenne, à des moments où le moral fait défaut."

"Je revis un petit peu"
Juliette, résidente de 98 ans, n'a pas hésité avant de se lancer dans l'aventure : "Moi si on me propose et que ça me convient j'accepte directement, donc là j'ai accepté", témoigne l'aînée du groupe assise dans son fauteuil de scène. "J'ai toujours aimé faire des mouvements, je suis une ancienne professeure d'éducation physique et je suis contente de pouvoir remuer certaines choses", poursuit amusée la nonagénaire. Pour Juliette, cette initiative semble en effet être un moyen de s'échapper : "J'aime danser, ça me remet dans la vie, autre qu'une vie interne à l'EHPAD, je revis un petit peu".
Des moments précieux, notamment rendus possibles grâce à Jade Abot, directrice de l'EHPAD de la Rochette : "Les résidents vivent des moments précieux même à 90 ans, je trouve ça génial de se dire "oh la la je stresse, est ce que mon costume va ? ou est la coiffeuse ?" à cet âge là", partage la directrice.
Pour Juliette en tout cas, pas question de paniquer : "Je ne suis pas du tout stressée, j'attends paisiblement", affirme la résidente.

"Ils sont très surpris d'eux-même"
Compliqué pourtant de convaincre l'ensemble des résidents à l'annonce du projet : "Au début, la majorité des résidents nous ont dit qu'ils ne pouvaient pas danser, qu'ils avaient mal, qu'ils ne pouvaient pas se mettre debout", explique la psychomotricienne du centre. Elle ajoute : "Mais le projet a été pensé pour que tous les résidents souhaitant participer puissent le faire."
C'est ainsi que : JP et ses doigts en moins, ainsi que tous les autres résidents, aptes, comme atteints de troubles cognitifs, ont pu prendre part à ce beau projet : "Nous adaptons les gestes en fonction de leur motricité et ça se passe plutôt bien (...) ils sont très surpris d'eux même", affirme la directrice de l'EHPAD.
Choisis pour leurs capacités à s'adapter aux autres, les chorégraphes, eux, considèrent les résidents "avec le même potentiel que leurs autres danseurs" : "Pour interagir avec eux, nous nous exprimons très simplement", partage Tarek Aït Meddour. Il poursuit : "Je leur demande la même chose que je demanderais à des professionnels en adaptant, en prenant le temps, en travaillant sur des images, en passant beaucoup par l'humour et le rire." "Nous les faisons beaucoup travailler pour qu'une certaine mémoire du corps s'installe", précise Cécile Combaret. "La mémoire du corps fait appel aux sensations, aux souvenirs, il n'y a donc pas besoin d'apprendre quelque chose par cœur, le corps le retient tout seul", termine Tarek Aït Meddour.
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